Vus au salon Tech&Bio

Arboriculture : conduite sandwich et matériel autoconstruit
Dans le verger du Valentin, du matériel d'entretien du sol autoconstruit était en démonstration. Encore en phase de test, ce prototype a été conçu par l'Atelier paysan à la demande du Grab (groupement de recherche en agriculture biologique). Et ce, pour la ferme pilote en agroforesterie (arbres fruitiers et maraîchage) de la Durette, en cours de mise en place à Avignon. La méthode sandwich (suisse) a été choisie pour entretenir le sol de cette ferme. Une partie travaillée est prise en sandwich entre deux bandes enherbées (sur 30 cm de chaque côté des arbres). L'outil a un déport réglable pour enjamber les planches de légumes (un vérin fait coulisser une partie du cadre). Il était muni de dents de vibroculteur mais l'idée est d'en faire un outil polyvalent. Une tondeuse intercep hydraulique (animée par le tracteur) a déjà été adaptée dessus. Coût de l'outil : autour de 3 500 euros de fournitures plus 15 jours de travail. Les plans de l'outil seront en accès libre.
Voir ce matériel en fonctionnement dans « Tech&Bio : des démonstrations en vidéo ».
Vigne : un porte-outils enjambeur
En démonstration dans la vigne figurait, entre autres, le porte-outils enjambeur tracté Acolyte du constructeur Boisselet. Il a été conçu pour le travail du sol en interceps. Au Tech&Bio, il était équipé d'un outil rotatif : une fraise à trois dents (Starmatic), utilisable sur tous types de terrains. Ce porte-outils permet de travailler un rang complet en un seul passage (contrairement aux autres montages qui n'interviennent que sur un ou deux demi-rangs). De ce fait, le suivi du rang est plus simple et le recouvrement du travail des outils optimisé. Autre intérêt, il est doté d'un autocentrage sur le rang par palpeurs.
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Maraîchage
Implantation sous couvert de sorgho
La démonstration d'implantation de légumes sous couvert de sorgho s'est scindée en trois temps. Ce sorgho engrais vert a été couché (mais pas enfoui) avec le rouleau Roloflex, un prototype de l'Atelier paysan (première version, des améliorations sont à venir). Il s'agit d'un rouleau « faca » (hacheur) souple, adapté au travail en planches permanentes bombées. Il est utilisé pour créer une couverture du sol visant à en limiter le travail ainsi que l'enherbement. Réflexion entendue, le sorgho présente l'avantage de se coucher en ligne. Autre remarque, placer le rouleau à l'avant du tracteur (c'est possible) paraît judicieux. Ainsi, le rouleau écrase le sorgho avant que le tracteur n'y passe dessus.
Un strip till de l'Atelier paysan, lui aussi en cours d'expérimentation, a ensuite ouvert des sillons dans le couvert plaqué au sol. Seul le rang de semis ou plantation est ainsi travaillé.
Un autre strip till, l'Inro du fabricant Carré (commercialisé depuis un an après 3,5 ans de recherche), a fonctionné dans le couvert couché par le rouleau, préparant un lit de semence sur 20 à 23 cm de large. Parmi ses éléments, il comportait des rouleaux à chaînes (bon émiettage) pour rappuyer le sol.
En maraîchage, cette technique d'implantation sous couvert en est encore à ses balbutiements, a expliqué Joseph Templier, autoconstructeur isérois. De multiples paramètres restent encore à affiner, notamment en termes de choix des engrais verts, modes de destruction, problématique ravageurs (limaces, campagnols), adventices... « Le choix de l'engrais vert, c'est toute la subtilité, a-t-il observé. Il faut converger les énergies pour valider ce qui peut être fait selon les situation. Aujourd'hui, il n'y a pas d'itinéraires techniques de construits. Il faut engranger des références. A chaque utilisateur d'expérimenter. »
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Enfouisseur de pierres
Sur l'enfouisseur de pierres Rotostone de Massano, le rotor travaille le sol par arrachement (avec des lames en forme de bêche) en tournant dans le sens inverse de l'avancement. Il projette la matière contre une grille réglable donnant un tri granulométrique allant du plus grossier au fond au plus fin en surface. Autonettoyante grâce à un système de vibration breveté, cette grille permet de travailler en condition sèche ou humide. Parmi ses avantages : absence de semelle, enracinement facilité, bon drainage.
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Le Culticycle (Bitractor)
Le Culticycle (Bitractor) est un vélotracteur agricole propulsé par pédalage en position assise. Il est destiné aux petites exploitations maraîchères (jusqu'à 3 ou 4 hectares). Il n'a pas pour vocation de remplacer le tracteur mais, après le travail du sol, il peut servir à différents types d'entretien. C'est un porte-outils, qui peut accueillir éléments de binage, buttage, herse-étrille, granulateur, pulvérisateur... Il peut tracter plus de 200 kilos. Le collectif Farming Soul, qui a conçu ce Culticyle, envisage de le doter d'une assistance électrique.
Les plans intermédiaires du troisième prototype de ce nom devraient être mis à disposition sur internet cet automne. L'engin sera aussi mis en test sur des exploitations pour éprouver sa solidité et apporter d'éventuelles améliorations.
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Binage de précision
Matériels innovants, les bineuese IC Cultivator de Steketee et InRow de Garford ont été décrits dans l'Agriculture Drômoise du 10 septembre (page 18).
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Ppam : une petite récolteuse
Sur l'espace de démonstration des plantes à parfum, aromatiques et médicinales, les visiteurs ont pu voir fonctionner une petite récolteuse automotrice du constructeur Autran. Si la mélisse était la culture support, ce matériel est également adapté à d'autres productions (sauge, thym, basilic...) produites sur de petites surfaces. Convoyée par un tapis, la récolte est réceptionnée soit en sacs, soit en caisses. Pour la coupe, la récolteuse peut être équipée de deux scies horizontales ou d'une scie à ruban.
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Irrigation : le goutte-à-goutte enterré
Pour les besoins du Tech&Bio, cette année, du maïs et de la vigne ont été irrigués au goutte-à-goutte enterré. C'est une technique innovante mais qui demande une réflexion intelligente en amont du projet, prévient Patrick Rosique (responsable agrotechnique de la plateforme Montpellier Lavalette de l'Irstea). Il faut éviter des erreurs, respecter des règles et se projeter sur 10-15 ans (durée de vie du système, selon utilisation et entretien). Il est préconisé d'enfouir le goutte-à-goutte à une profondeur de 30 à 40 cm, de travailler le sol en non-labour ou superficiellement mais pas au-delà de 20 cm. Le goutte-à-goutte enterré a plusieurs atouts : économie d'eau, travail du sol facilité, développement des adventices limité, meilleure efficience des fertilisants...
Herbivores : une vitrine de sorghos
Sur le pôle herbivores, était notamment à voir une collection de 16 variétés de sorgho (10 de type monocoupe et 6 multicoupe). Jean-Pierre Chevalier, conseiller à la chambre d'agriculture de la Drôme, donne quelques clés de réussite.
La culture doit être mise en place dans une terre suffisamment réchauffée (pas à moins de 12° C) sur une période de 10 à 15 jours de fin mai à début juin. Pour un fourrage de qualité, 120 jours doivent s'écouler entre la levée de la culture et sa récolte. La graine étant relativement petite, elle est à semer dans une terre fraîche, jusqu'à 3 cm de profondeur (mais pas dans le tout premier horizon). Pour lutter contre les adventices, la bineuse semble la meilleure solution. Le sorgho ne doit pas être récolté comme le maïs. Il faut régler l'ensileuse pour un hachage en brins de 4 cm de long. Le sorgho ne doit pas dépasser 30 % de la quantité totale de fourrage donnée aux bovins. En l'introduisant dans leur ration, la capacité d'ingestion globale de fourrage par les animaux peut être augmentée de 7 à 8 %. La production de lait ou de viande peut ainsi être accrue.
Volailles et porcs : le massaï, aliment d'avenir ?
Le massaï, Eric Juncker, son inventeur, le présente comme une alternative locale au soja, au sens où il peut être produit à la ferme. L'idée est d'améliorer l'autonomie protéique des élevages avec des légumineuses, telles que la luzerne. Celle-ci produit plus de protéines que le soja, à conditions égales, et n'a pas besoin d'un passage en usine pour être transformée en massaï.
Sur le principe, la partie aérienne riche en protéines de la luzerne (feuilles et sommités de la plante), appelée « Parèp », est récoltée (hachée) avec une machine spéciale. Elle contient 27 % de protéines sur masse sèche. La partie riche en fibres ou « Alfib », elle, peut être menée en foin, enrubannage... Eric Juncker note, qu'en bonne parcelle, une coupe de Parèp sur un hectare équivaut en moyenne à environ une tonne de tourteau de soja.
Pour la conserver, la Parèp est mise en fermentation anaérobie type « choucroute, sans sel », dit-t-il. En 2014, les conditions les plus favorables à une bonne fermentation spontanée ont été déterminées. En est ressorti qu'il convient d'apporter un complément de matière sèche. L'ajout de 10 % de triticale, par exemple, donne des résultats satisfaisants.
Cette technique brevetée est encore au stade expérimental. Mais « le massaï plaît aux poulets, assure Eric Juncker. L'Inra était plutôt interrogatif. Les quantités qui lui ont été fournies pour essai n'ont pas suffi. Et, pour les porcs, il n'y a pas de souci d'appétence non plus. » Pour avancer mieux et plus vite, Eric Juncker cherche des partenaires, particulièrement dans la filière des monogastriques.