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INAUGURATION

Virginie Peyrard à Charpey : une installation réussie en élevage caprin

Le 14 décembre à Charpey, la chambre d’agriculture de la Drôme et le syndicat Jeunes Agriculteurs ont inauguré l’installation de Virginie Peyrard. La jeune femme a rejoint son conjoint en Gaec et créé un nouveau bâtiment pour le troupeau caprin.

Virginie Peyrard à Charpey : une installation réussie en élevage caprin
L’inauguration de l’installation de Virginie Peyrard (au centre) a été organisée par la chambre d’agriculture et Jeunes Agriculteurs Drôme. Elle a réuni l’ensemble des partenaires de son installation. ©S.S.-AD26

Il y a quatre ans, Virginie Peyrard a amorcé un tournant professionnel qui s’avère aujourd’hui une réussite. Après dix années d’exercice comme diététicienne dans un centre de dialyse, elle est désormais éleveuse caprin, en Gaec avec son conjoint Damien Romain. « Damien s’est installé en 2016 sur la ferme familiale. L’exploitation comptait alors une centaine de chèvres sur 73 ha de SAU. Sa perspective était d’arrêter l’élevage caprin car les bâtiments étaient vieillissants. Il a choisi de créer un nouveau bâtiment pour un atelier veaux de boucherie en intégration avec les établissements Drevon. Mais quand est venu le moment de se séparer des chèvres, j’ai dit non et j’ai entamé un parcours de reconversion professionnelle », a expliqué Virginie Peyrard, le 14 décembre à l’occasion de l’inauguration de son installation.

Un parcours qui n’a pas été simple puisqu’en 2018, elle a d’abord essuyé un refus pour sa demande de congé individuel de formation. Puis en 2019, via le nouveau dispositif compte personnel de formation, elle a pu enfin rejoindre le CFPPA* de Bourg-lès-Valence en vue d’obtenir son BPREA**. Le Covid et les confinements ont toutefois rallongé les délais jusqu’à l’obtention du diplôme.

180 chèvres en lactation

Le 27 juillet 2020, l’installation de Virginie est enfin devenue effective. Mais il faudra encore attendre sept mois avant le début des travaux de la nouvelle chèvrerie. Les chèvres ont pu entrer dans ce bâtiment (850 m² dont 450 d’aire paillée) en décembre 2021. « J’ai démarré avec 90 chèvres et désormais j’en ai 180 en lactation », a précisé la jeune éleveuse. Toutes les chevrettes sont issues du troupeau, sans IA.

La production, en AOP Picodon, est collectée par Eurial pour la fromagerie de Crest. Les mises-bas sont regroupées sur janvier. Si le troupeau disposait déjà d’un bon potentiel génétique, Virginie Peyrard reconnaît que l’arrivée dans le nouveau bâtiment a permis d’améliorer les performances. La production moyenne par chèvre atteint les 1 130 litres/ an.

Depuis deux ans, l’éleveuse s’est aussi lancée dans les lactations longues (une petite cinquantaine de chèvres l’année dernière et 74 cette année). « Cela me permet d’avoir du lait toute l’année et de réduire la charge de travail au moment des mises-bas. En revanche, je trais 365 jours par an même si la traite est très rapide avec un petit lot en lactation longue », a indiqué Virginie Peyrard. À terme, elle souhaiterait que le Gaec puisse salarier une personne ou prendre un apprenti. « C’est un peu l’un des points faibles lorsqu’on s’installe en couple, il faudra trouver des solutions pour pouvoir prendre des vacances en même temps », a souligné la jeune éleveuse.

Bien penser aux conditions de vie

Si elle avait d’abord imaginé se lancer dans la transformation fromagère, le projet a pour l’instant été mis de côté. Avec deux jeunes enfants, il fallait choisir une organisation compatible avec la vie de famille. Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture, a d’ailleurs insisté sur ce point : « Si on veut que les projets durent dans le temps, c’est hyper important de penser aux conditions de vie, de réfléchir à comment on va se faire remplacer… Souvent on rencontre des jeunes qui disent : je veux m’installer seul pour être libre. Mais attention à ce que finalement cette liberté ne devienne pas de l’esclavage ». Il a aussi tenu à souligner la réussite du projet d’installation de Virginie Peyrard. « Bien loin de ce qu’on entend parfois, tout n’est pas foutu en agriculture, a-t-il insisté. Il y a aussi de belles choses, de beaux parcours de vie. » 

Sophie Sabot

*CFPPA : centre de formation professionnelle et de promotion agricoles. 
** BPREA : brevet professionnel responsable d’entreprise agricole. 
L’exploitation

Gaec des Ramières

- Deux associés, Damien Romain et Virginie Peyrard.

- 180 chèvres saanen, production en AOP Picodon, collecte par la branche lait de la coopérative Agrial.

- Un atelier veaux de boucherie en intégration (Ets Drevon) : 300 veaux par bande, deux bandes par an.

- 87 ha dont 8 % en prairies permanentes, 29 % en luzerne, le reste en céréales, maïs grain, oléo-protéagineux, semences (maïs et tournesol)…

- Autonomie en maïs et orge pour les chèvres, quasi-autonomie en fourrages.

- Achat de 20 ha de paille pour répondre à la grosse consommation par l’atelier veaux.

Agrial

« Nous avons besoin de lait de chèvre »

En 2022, la collecte de lait de chèvre de la coopérative Agrial en Rhône-Alpes a représenté 14,3 millions de litres chez 118 producteurs. La majorité de ces producteurs se situent en Drôme (58), dans le Rhône (22) et l’Ardèche (15). Si depuis 2019 le nombre d’exploitations et les volumes produits sont de nouveau en croissance, Pierre Degabriel, directeur régional, n’a pas caché que la coopérative est toujours à la recherche de nouveaux producteurs. « Nous avons besoin de lait et donc de projets pour renouveler les exploitants qui vont partir à la retraite », a-t-il indiqué à l’occasion de l’inauguration de l’installation de Virginie Peyrard. Il a souligné la conjoncture particulièrement favorable sur le lait de chèvre, avec un prix de base en Rhône-Alpes qui devrait se situer pour 2023 autour de 864 euros / 1 000 litres et un prix final autour de 909 euros / 1 000 litres. « La loi Egalim 2 a été très profitable à la filière caprine et a permis un vrai coup de boost sur le prix du lait même si nous ne devrions plus connaître une telle hausse en 2024 », a précisé Pierre Degabriel.

S.S.

En s’installant en Gaec avec son conjoint Damien Romain, Virginie Peyrard a permis de maintenir et développer le troupeau caprin de son beau-père Maurice. ©JA26