Vigne : sortez couverts… végétaux
Depuis plusieurs années, Denis Duclaut sème un mélange blé et trèfle en couvert inter-rang.

Pourquoi il s’est mis aux couverts végétaux ? « En 1993, quand mon père travaillait encore sur l’exploitation, nous avons subi un violent orage qui avait tout lessivé et provoqué de gros trous dans des rangs de vignes, se souvient Denis Duclaut, vigneron à Sarras (07) où il cultive 5 ha de vignes essentiellement en vin de pays, mais aussi en Saint Joseph. Avant cet événement, on enlevait tout dans l’inter-rang, les vignes étaient toutes propres. Mais par la suite, j’ai décidé de laisser l’enherbement naturel pour éviter l’érosion. Pendant plusieurs années, je broyais ces couverts naturels avant les vendanges et je désherbais. Mais depuis quatre ans, j’ai fait évoluer ma pratique : je sème un mélange de blé (100 kg/ha) et trèfles (15 kg/ha) dans l’inter-rang, et je ne broie plus. Cela me permet non seulement de travailler les sols le moins possible, d’apporter de la matière organique, tout en m’économisant du temps de travail. Je ne cherche pas à booster à tout prix la vigne, mais à trouver un juste équilibre. »
Trèfle et blé en couvert pluriannuel
Pourquoi le trèfle et le blé ? « Je ne voulais pas faire de couverts trop compliqués, ni avoir à acheter des mélanges, explique Denis Duclaut. L’avantage du blé, c’est qu’il fait son cycle avant celui de la vigne, sans lui faire concurrence car il ne s’enracine pas profondément. Quand la vigne a besoin d’eau, le blé a déjà séché. Cela crée de l’ombre et permet de conserver la fraîcheur du sol. Quant au trèfle (en l’occurrence ici, un mélange de trèfle incarna, trèfle souterrain, trèfle de perse et trèfle micheli), il ne monte pas très haut et permet un bon apport d’azote. » Il précise : « Je ne sème pas tous les ans : je laisse le couvert sur deux, trois ans… » Et les résultats sont là : la terre est beaucoup plus meuble avec les couverts et on y trouve de nombreux vers de terre. La vigne n’a rien perdu de sa vigueur, au contraire. « Cet été, on a eu de bons rendements, malgré la sécheresse. Les couverts apportent de la matière organique qui nourrit la terre et par ricochet la vigne. Seul bémol : l’humidité de la terre attire les sangliers et les chevreuils qui ont fait de gros dégâts dans les parcelles. » Par ailleurs, Denis Duclaut ne travaille pas les sols : « Chez nous, c’est du sable et des cailloux : si on bine, on n’aura pas de matière organique ! »
Depuis plusieurs années, Denis Duclaut sème un mélange blé et trèfle en couvert inter-rang.
Gesse et seigle en plaine
De son côté, Olivier Clape, viticulteur sur Cornas, a semé cette année un engrais vert gesse-seigle en plaine, qui a donné de bons résultats. « Malgré la sécheresse, le couvert a bien monté avec une belle densité. Quant à observer de vrais résultats sur la vigueur de la vigne, c’est un travail qui se verra au bout de quelques années, le temps que la matière organique fasse son effet sur les sols. C’est en tout cas très intéressant », affirme-t-il. Le vigneron a également essayé un petit couvert de seigle dans l’inter-rang, en coteau. « C’est toutefois plus compliqué, notamment pour passer le rolofaca pour coucher le couvert. Pas évident, mais on essaie quand même car on y croit ! » Et l’an prochain ? « J’ai semé deux mélanges en plaine : seigle-gesse-fasceli et avoine-gesse-fasceli, pour la saison prochaine. L’idée est de comparer trois modalités de destruction : rouler, couper et détruire le couvert », conclut-il.
M. C.