Accès au contenu
VITICULTURE

Une volonté agroécologique, deux approches

Deux jeunes vignerons de Lantignié dans le Beaujolais (Rhône) présentent leurs méthodes de travail pour entretenir leurs sols.
Une volonté agroécologique, deux approches

L'ODG beaujolais-beaujolais villages, en partenariat avec la chambre d'agriculture du Rhône et le lycée Bel Air à Saint-Jean-d'Ardières, ont organisé une journée sur l'agroécologie. Au programme : des témoignages de professionnels qui réussissent à tirer profit de leurs démarches agroécologiques de manière collective. Au cœur des parcelles, les organisateurs ont choisi de faire témoigner deux vignerons de Lantignié (Beaujolais) : Pierre-Alexandre Gauthier du domaine de Colette, et Quentin Perroud, du château du Basty. C'est justement au sein de cette commune que l'association « Vignerons et Terroirs de Lantignié » a été constituée il y a plus de deux ans maintenant. Pour leur projet de montée en gamme des vins de Lantignié, la trentaine de viticulteurs et d'adhérents à l'association a décidé d'associer une dimension agroécologique à leur cahier des charges, progressive, en trois étapes. Depuis le 31 mars 2018, l'utilisation d'engrais chimiques de synthèse est interdite pour la production de vins. À partir du 1er janvier 2020, les produits phytosanitaires de synthèse, hors herbicides, seront ensuite bannis. Enfin, trois ans plus tard (2023), les désherbants seront à leur tour proscrits. L'entretien des sols constituait justement le principal sujet des échanges entre les opérateurs et les deux témoins. Car si leur volonté agroécologique est identique, leur approche technique les différencie, tout autant que la configuration de leur outil de production.
Chenillard et tracteur vigneron
Installé avec ses parents, Pierre-Alexandre Gauthier travaille ses vignes, dont la plupart des surfaces est plantée sur des pentes, certaines atteignant 30 % de dénivelé, voire plus. « Nous allons obtenir la certification HVE niveau 3 prochainement. Cependant, le label AB n'est pas envisageable avec ces coteaux, ce qui ne nous empêche pas d'adopter des méthodes similaires à l'AB pour les traitements de la vigne et l'entretien des sols. Mes parents ont toujours conservé des haies et des arbres autour de leurs parcelles », a présenté le jeune vigneron. Le domaine de Colette a notamment investi dans un chenillard pour dompter ces coteaux et travailler les sols sous le rang. « Depuis deux ans, nous n'utilisons aucun désherbant et nous semons de l'avoine sur l'inter-rang. C'est plus souple et moins cher. Sous le rang, nous travaillons les sols à l'aide du chenillard, uniquement à la montée », a indiqué Pierre-Alexandre Gauthier, devant une parcelle restructurée mais avec une densité de plantation élevée (8 000 ceps/ha). « C'est notre choix. Pour faire des vins de meilleure qualité encore, nous préférons avoir moins de charge sur nos ceps. Actuellement, nous menons des expérimentations pour gérer au mieux la vigueur », a-t-il annoncé.
Le groupe de viticulteurs s'est ensuite rendu dans une des parcelles de vignes du château du Basty, située en contrebas du premier domaine visité. Autre configuration et donc autre approche. Pas de pente ou presque, des rangs plus longs pour certaines parcelles et des inter-rangs plus larges (2 m).
« Nous avons beaucoup restructuré nos parcelles ces dernières années », a confié Quentin Perroud. Pour entretenir ses sols, le domaine utilise un tracteur vigneron, muni d'une charrue à disques. « Même si ce n'est pas un concours de vitesse, une heure et demie est nécessaire pour entretenir nos sols sur un hectare, sachant qu'il y a une bande enherbée au milieu du rang. Dans cette configuration, nous avons remarqué qu'il y a plus de vie dans les sols. Les vers de la grappe sont également moins présents et, globalement, nous réalisons moins de traitements », a résumé le jeune vigneron de Lantignié. 
David Duvernay

 

 

Troix niveaux de certification HVE

Mise en place en février 2012, la certification environnementale des exploitations agricoles est une démarche de progrès par étapes vers une haute valeur environnementale (HVE). Elle prend en compte des critères relatifs à la biodiversité, à la stratégie phytosanitaire, à la gestion de l’eau et à la fertilisation et s’inscrit dans une démarche progressive qui s’articule en trois niveaux de certification.  
Niveau 1 - Respect de la règlementation environnementale.
Niveau 2 - Obligations de moyens sur : biodiversité, fertilisation, phytosanitaire et gestion de l’eau.
Niveau 3 - Obligation de résultats sur les indicateurs du niveau 2.