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Travail du sol

Une variété de pièces pour les déchaumeurs à dents

Les pièces d’usure sur un déchaumeur à dents peuvent se révéler nombreuses. Tour des solutions du marché.
Une variété de pièces pour les déchaumeurs à dents

Avec ou sans ailettes, la pointe de 80 mm représente le gros du marché des socs de déchaumeurs à dents en France. Sans ailettes, sa dimension polyvalente permet de réaliser un bon mélange de 10 à 35 cm, sans trop perturber les horizons, ni demander trop de puissance. Jouxtée de ses ailettes, elle peut être utilisée pour un déchaumage superficiel (7 à 15 cm), dans le cadre d'un faux semis par exemple. Plus étroites, les pointes sans ailettes de 45 à 60 mm de large permettent de travailler plus profondément et assurent davantage un travail de fissuration qu'un réel mélange. Elles sont appréciées pour restructurer un sol compacté. À l'inverse, des pointes sans ailettes plus larges (100 à 120 mm) génèrent un brassage plus important, demandent plus de puissance et travaillent à des profondeurs entre 10 et 20 cm en solo. Certains constructeurs proposent des socs encore plus larges (170, 210 voire 220 mm), appréciés pour détruire les galeries de rongeurs sur une profondeur de 5 à 8 cm. Le sol est totalement mélangé sur toute la largeur de l'outil, alors qu'un soc avec ailettes ne réalise qu'un mélange autour de la pointe et un scalpage au niveau des ailettes. Par ailleurs, un soc en patte d'oie ne réalise qu'un scalpage, un sarclage, au mieux un mulchage superficiel. Cette solution convient à bon nombre d'agriculteurs qui ne souhaitent pas gratter profondément pour ne pas remonter de cailloux. La combinaison soc et ailettes pose plus de soucis car le soc vient piocher plus profondément que les ailettes. Que ce soit soc (ou pointe) et ailettes ou soc à patte d'oie, la largeur de la pièce travaillante doit prendre en compte l'espacement entre dents pour que toute la largeur de l'outil soit travaillée.
Équipant les déchaumeurs d’entrée de gamme, les socs réversibles ne se combinent pas à des versoirs.
©Campa

 

Des versoirs droits, courbés ou vrillés

Associé au soc, le versoir, aussi appelé tôle-guide ou déflecteur, impacte également la qualité du travail. Son dimensionnement va de pair avec la largeur du soc. On distingue plusieurs formes. Certains épousent la forme de la dent et servent uniquement à orienter le flux de terre de chaque côté de la dent. D'autres constructeurs lui donnent une courbure vers l'avant et le vrillent pour orienter le flux de terre sur le côté. Cela favorise le retournement de la terre et donc le mélange terre et résidus végétaux. Ce type de versoir demande un peu moins de puissance que les versoirs uniquement courbés vers l'avant, qui accentuent le mélange en recyclant davantage la terre. Les versoirs de bordure, vrillés et élargis vers le haut, orientent le flux vers l'intérieur, facilitant notamment la visualisation de la séparation entre parties travaillée et non travaillée. Certains constructeurs proposent des pièces travaillantes atypiques. La dent LowDisturbance, de Väderstad, se compose d'un soc courbé réversible sur lequel est soudée une lame en arc de cercle. Elle est destinée à un travail de décompactage avec une perturbation minimale des horizons, favorisant le drainage. Le constructeur suédois propose de travailler encore plus profondément (40 cm) et de casser la semelle de labour avec la pointe DeepLoosening qui se fixe derrière le soc. Lemken propose en option les dents Tri-Mix sur les déchaumeurs à deux rangées Kristall. Pour compenser le faible nombre de rangées de dents, le constructeur allemand allonge, redresse et vrille le bout des ailettes pour augmenter le mélange. 

Ludovic Vimond

 

Le carbure de tungstène évite de voir les pièces d’usure fondre comme neige au soleil dans les terres usantes.

Le carbure de tungstène pour les terres usantes

Pour réduire l’immobilisation pour entretien des matériels utilisés dans les terres très usantes, l’ensemble des constructeurs et les spécialistes de la pièce d’usure proposent des pièces au carbure de tungstène. Ces dernières permettent de multiplier la durée de vie par cinq à sept en moyenne. « Ces pièces sont plus coûteuses, explique Yannick Monvoisin, d’AgriCarb, mais on fait des économies sur la boulonnerie, changée moins souvent, et sur le temps passé à l’atelier et non au champ. » « Au final, les coûts à l’hectare sont divisés par deux et demi à trois », affirme Thierry David, d’ADI Carbures. Outre les différentes qualités de carbure de tungstène, qui vont souvent de pair avec leur prix, on distingue deux types de pièces au carbure : celles rechargées en carbure et celles sur lesquelles des pastilles de carbure sont brasées aux endroits les plus stratégiques.
Une meilleure résistance mais un besoin de puissance plus important
Attention : souvent plus épaisses, ces pièces renforcées peuvent demander un léger surplus de puissance. En outre, les terrains avec un fort taux de pierres, notamment de silex, ont tendance à faire sauter les pastilles de carbure de tungstène. Pour limiter les coûts, certains proposent de ne monter des pièces renforcées que sur la première rangée de dents et sur les deux dents de la seconde rangée au niveau des passages de roue. Une solution qui ne convient pas à toutes les terres usantes. La solution pourrait arriver d’outre-Manche, où la société britannique Tenmat a mis au point un matériau composite, baptisé Ferobide. « Jusqu’à maintenant, les pièces au carbure se composaient de billes de carbure de tungstène noyées dans du cobalt, explique Sylvain Mas, de la société Tenmat. Le Ferobide combine ces billes avec de l’acier, ce qui fait que les agriculteurs peuvent le souder avec un poste classique et que les pastilles tiennent mieux. » Reste à valider cette solution sur le terrain.
Ludovic Vimond
Exemple de pièce combinant rechargement au carbure de tungstène (juste en dessous du trou) et pastille de carbure brasée (en bas).