Une première centrale photovoltaïque et d'autres en projet
Drome Agri Solaire projette huit installations de centrales photovoltaïques sur des bâtiments agricoles.

Créée en 2022, la SAS Drôme Agri Solaire (DAS), qui regroupe la chambre d’agriculture de la Drôme, la société d’économie mixte (SEM) Rovaler, la société Nexhos Énergies (ex-Legendre Énergies) et le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, progresse. Si l’objectif d’accélération du déploiement des énergies renouvelables reste d’actualité, certains projets amorcés ont pris du retard. Toutefois, les acteurs gardent le cap : donner confiance aux agriculteurs avec un partage équilibré de la valeur, préserver les bâtiments existants et les rénover à moindre coût, produire de l’énergie renouvelable locale… Jusqu’à présent, DAS a permis la construction d’une centrale à Crest qui devrait être mise en service ce mois-ci. Deux autres sont en construction à Châteauneuf-sur-Isère et quatre autres devraient démarrer d’ici la fin d'année au printemps 2025 sur les secteurs de Valence, Sainte-Jalle, Buis-les-Baronnies et Montmeyran.
Un secteur mouvant
Il faudrait en moyenne deux à trois années pour que ce type de projet voir le jour, selon les partenaires de la DAS. La société s’intéresse aux toitures d’au moins 1 000 m² selon la conjoncture actuelle (coûts des matériaux, évolution du tarif de rachat de l’électricité...). « Mais cela peut changer », précise Thierry Mommée, élu à la chambre d’agriculture. Pour Guillaume Delay, à la tête de l’EARL des Gallands à Montmeyran, l’espoir subsiste. Après trois années de mise en place du projet, l’exploitant vient de signer une nouvelle promesse de bail. L’agriculteur, qui avait été approché en tant qu’éleveur en 2021, a changé de situation. L’année dernière, il a perdu 25 % de son troupeau de chèvres et a été contraint d’arrêter son activité d’élevage. Reconverti en polyculture, il cherche de nouveaux débouchés, notamment dans le pois chiche. « Il faut trouver de nouveaux revenus au regard de la situation du monde agricole », estime ce dernier, prêt à s’engager sur 25 ans via un bail emphytéotique signé avec Drôme Agri Solaire.
Désamiantage et solarisation
Guillaume Delay se retrouve ainsi avec trois grands bâtiments vides et amiantés, dont deux anciens poulaillers qui représentent environ 2 500 m². L’installation des panneaux photovoltaïques va permettre à l’agriculteur, lauréat en 2022 de l’appel à projet (AAP)« désamiantage et solarisation » de la Région (voir encadré), de rénover ses bâtiments. L’échéance de réalisation avec cet AAP est mai 2025. Toutefois, « les besoins de renforcement de structure qui sont plus importants que prévu complexifient la mise en œuvre du projet », explique Jean-Michel Costechareyre, chargé de mission territoriale à la chambre d’agriculture. Ce projet permettrait à Guillaume Delay d’obtenir un complément de revenus lorsqu’il aura remboursé son prêt prévu sur quinze ans. La rente annuelle que lui donnera la DAS, en échange de l’exploitation de ses panneaux, devrait lui permettre de rembourser son crédit. Au bout de 25 ans, l’agriculteur (ou son successeur s’il transmet son exploitation) devrait être propriétaire de la centrale.
Des objectifs ambitieux
La centrale qui devrait être installée chez Guillaume Delay fait partie des premiers projets menés par Drôme Agri Solaire. Ces installations permettraient de produire environ 2 176 mégawattheures par an à une puissance de 1,8 mégawatt-crête, soit de quoi alimenter la consommation de 1 400 personnes. Pour rappel, la société a pour objectif d’atteindre une production équivalente à 20 gigawattheures, représentant la consommation d’électricité de 7 000 personnes d’ici fin 2025. Elle projette la construction d'autres centrales sur des bâtiments agricoles existants près de Montvendre, Chabeuil et Romans-sur-Isère.
Appel à projets désamiantage
L’appel à projets « Financer des projets de désamiantages de toitures en cas de solarisation » n’est plus d’actualité. « Victime de son succès en 2022, tel que l’indique le site de la Région, il a été recrédité d'une enveloppe de deux millions d'euros en 2023 puis relancé au mois de mars 2024 pour la durée d'un mois ». Cette aide dépendait de plusieurs critères, tel qu’un taux de solarisation minimum de 35 % de la toiture. Pour le monde agricole, elle finançait le désamiantage, bac d’acier et renforcement de la structure à hauteur de 30 % du coût.
Morgane Eymin