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Drones

Une nouvelle révolution agricole

L’ouverture du ciel aux drones civils a permis de développer de nouveaux services pour les agriculteurs. Plus souples que les satellites, ces engins volants sans pilote peuvent remplir différents rôles en matière de télédétection, surveillance et traitement des cultures. Un éleveur s’en sert même pour ramener les vaches à l’étable…
Une nouvelle révolution agricole

Il n'y a pas une journée sans qu'une nouvelle initiative autour des drones soit dévoilée dans le monde. La société de vente en ligne Amazon a, par exemple, fait un buzz fantastique avec son projet de livrer ses clients grâce à ces engins aériens sans pilote. Au-delà du bruit médiatique, les drones sont réellement en passe de révolutionner certains domaines, dont l'agriculture. La France a d'ailleurs mis en place en avril 2012 une législation autorisant l'utilisation des drones dans le secteur civil. Cela a permis à plus de 400 sociétés de voir le jour dans ce domaine. Aujourd'hui, plusieurs applications sont proposées et de nombreuses autres sont en développement.

Générer des cartes de préconisation

Dans la recherche d'informations toujours plus précises et disponibles rapidement, le drone apporte un réel bénéfice. On connaît depuis longtemps la cartographie par satellite, qui est utilisée par un grand nombre d'agriculteurs pour détecter les besoins en azote des cultures. Aujourd'hui, les drones peuvent embarquer différents types de capteurs pour effectuer de la télédétection qui permet de créer de multiples cartes de préconisation agronomique.
Il existe différentes formes de drones, des planeurs dotés d'une hélice verticale à l'avant ou des gyrocoptères dotés de plusieurs hélices horizontales. Entre le satellite et le drone, le principe est le même. La lumière réfléchie par les feuilles est capturée par des capteurs, puis les données sont traitées et analysées afin de générer des cartes du parcellaire. « En fonction des capteurs utilisés, il est possible d'obtenir différentes informations sur les besoins en azote, le stress hydrique, la température du sol, explique Farzaneh Kazemipour, spécialiste en télédétection et cartographie au Cétiom à Dijon. Par rapport au satellite, le drone présente plusieurs avantages et inconvenients. Il offre plus de précision avec une résolution des images plus importante et il n'est pas gêné par la présence de nuages. Il peut également être déployé assez rapidement, alors qu'il faut attendre le passage programmé du satellite. Cependant, il nécessite la présence d'un opérateur pour le faire voler et ne peut embarquer qu'un nombre restreint de capteurs. » Il est également sensible au vent, au-delà de 40 km/h, la plupart des drones ne peuvent pas voler correctement.

Un coût encore supérieur au satellite

Ces atouts ne vont pas remplacer du jour au lendemain les images par satellite mais les drones sont complémentaires. Sur le volet financier, quand une image par satellite coûte entre 5 à 10 euros par hectare (ha), le coût du drone est compris entre 15 et 20 euros/ha dans le cadre d'une prestation complète avec la fourniture des cartes de préconisation. Par ailleurs, le satellite reste indétrônable pour la cartographie de grandes surfaces.
Ensuite, une fois les images obtenues, l'étape cruciale repose sur l'analyse et le traitement des données brutes pour créer des cartes de préconisation. « C'est le savoir-faire de chaque société prestataire qui est en jeu ici, souligne Farzaneh Kazemipour. La qualité des données finales dépend de leur chaîne de traitement et des services proposés (niveau de traitement). C'est une étape très importante pour obtenir les bonnes informations. »
Au-delà des grandes cultures, des applications en viticulture sont également en cours d'évaluation. C'est par exemple le cas du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne, qui est engagé dans un projet innovant utilisant des drones. Le projet Damav, pour détection automatique des maladies de la vigne, vise ainsi à détecter des foyers de flavescence dorée à l'aide de survol de drones. Il pourra aussi permettre de voir la vigueur de la vigne, la teneur en eau du sol, etc. « A terme, la prospection exhaustive du vignoble pourrait se faire par la voie des airs, les viticulteurs se concentrant alors uniquement sur les zones suspectes pour réaliser une économie substantielle de temps », affirme le BIVB.

De nouveaux services

Au-delà de la cartographie, les drones peuvent rendre de nombreux autres services. Le Cétiom travaille ainsi sur des cartographies permettant de déterminer le stade de développement des plantes, par exemple grâce à la précision des images, il est possible de distinguer la présence de fleurs sur colza. Certains agriculteurs ont tout de suite vu l'intérêt des drones pour visualiser et comptabiliser les dégâts de gibier sur les cultures ou constater des problèmes de levée. Les déclarations de dégâts aux assurances s'en trouvent facilitées. Demain, grâce à de nouveaux capteurs et logiciels de traitement, il sera possible de détecter les mauvaises herbes et de les géolocaliser pour une application d'herbicide très précise. D'autres réfléchissent au rôle des drones dans la lutte contre les corbeaux via des systèmes d'effarouchement. La révolution des drones ne fait que commencer.

Camille Peyrache