Une nouvelle directrice à la tête de la DDPP
Catherine Wenner a pris ses fonctions de directrice départementale de la protection des populations en Drôme le 1er février. Un retour aux sources pour cette vétérinaire de formation, spécialiste des questions agricoles.

« J’aime les départements ruraux dynamiques », annonce d’emblée Catherine Wenner, qui vient de prendre les rênes de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) de la Drôme. Vétérinaire de formation, elle a démarré sa carrière au milieu des années 1990 à l’inspection sanitaire de l’abattoir de Brive-la-Gaillarde, avant de devenir coordinatrice de l’ensemble des abattoirs de Corrèze. « Une école très formatrice », reconnaît-elle. En 2000, elle prend la tête du service santé et protection animales à la direction départementale des services vétérinaires de ce même département. Une mission qu’elle conduira jusqu’en 2005, année où elle saisit l’opportunité d’un échange franco-allemand pour découvrir l’organisation des services vétérinaires chez nos voisins d’outre-Rhin. « Je suis arrivée en plein épisode de grippe aviaire, j’ai pu notamment me former à la gestion de crise », confie la directrice. Un volet dont elle rappelle qu’il fait partie intégrante de la mission des DDPP.
Calculer le risque
Si les questions sanitaires animales restent son cœur de métier, Catherine Wenner a aussi exploré d’autres dossiers agricoles. En 2006, elle rejoint la direction départementale de l’agriculture et de la forêt (aujourd’hui direction des territoires, DDT), toujours en Corrèze, au service environnement, forêt et risques naturels. En 2010, elle bifurque vers la Dordogne et prend la responsabilité du service économie agricole de la DDT. Moins d’un an après son arrivée, en 2011, la sécheresse sévit et les services de l’État doivent assurer le traitement de 3 600 dossiers calamités. « Nous avons souhaité innover et mettre en place le 100 % dématérialisé, en concertation avec la profession agricole », raconte la directrice. L’idée, c’était de mettre en paiement le plus rapidement possible les dossiers. Une première dans le département, qui a tout à fait fonctionné et surtout qui résume l’approche qu’a Catherine Wenner de l’administration. « Si on a des opportunités d’avancer, d’innover, on y va. On calcule le risque, on décide ensemble avec les partenaires de prendre ce risque, mais c’est notre rôle à nous, services de l’État, de pousser vers l’avant, à condition que tout le monde y trouve son compte », explique-t-elle. Après ce rodage sur les dossiers agricoles en Dordogne, direction l’Indre-et-Loire en 2015, où Catherine Wenner devient directrice adjointe de la DDT. Elle y expérimente l’amélioration participative des processus opérationnels. En résumé : comment, selon une méthodologie très normée, se débarrasser des « irritants », ces petits accros qui gênent l’instructeur et l’usager des services publics dans l’avancement des dossiers. Une méthode qu’elle mettra en place avec ses équipes sur l’instruction des aides aux jeunes agriculteurs. On l’aura compris la nouvelle directrice de la protection des populations a le souci du service rendu aux usagers mais aussi celui du bien-être au travail de ses agents. Dernier détour avant la Drôme, la Corse, où elle assurera la direction des territoires et de la mer (DDTM) d’Ajaccio. « Un poste très intense, enrichissant, mais aussi usant », souffle-t-elle.
Protection animale, sujet sensible
A Valence, à la tête de la DDPP, elle va mettre à profit l’ensemble de ce parcours au service de trois missions : la sécurité sanitaire des aliments et des biens de consommation, la répression des fraudes, mais aussi la santé et la protection animale. « Ce dernier point est un sujet éminemment sensible. Nous disposons heureusement d’outils réglementaires de plus en plus adaptés dans ce domaine pour saisir et placer les animaux si nécessaire. En abattoir également, les normes se sont renforcées et précisées », détaille Catherine Wenner. La DDPP est en effet chargée de vérifier le respect de la protection animale. Elle peut intervenir suite à des plaintes ou des signalements. « Dans chaque département, nous savons que des éleveurs rencontrent des situations difficiles, souvent multifactorielles, qui peuvent les amener à négliger leurs animaux. C’est pourquoi nous travaillons notamment au sein du comité drômois de prévention animale, créé en 2018 suite à la demande nationale de formaliser une cellule de prévention et de lutte contre les maltraitances. Le comité est piloté par la chambre d'agriculture pour la partie prévention et par la DDPP pour la partie volet d'urgence pour le traitement des situations individuelles », précise la directrice.
Dossier prioritaire en volailles
Autre volet qui mobilise toute son attention depuis son arrivée : les salmonelloses en élevage de volailles. Malgré une certaine stabilité entre 2019 et 2020, la Drôme reste au-dessus des moyennes nationales dans ce domaine. « L’an dernier, 430 000 volailles ont dû être abattues dans sept élevages de chair et seize élevages de pondeuses. Nous devons poursuivre les investigations pour comprendre d’où viennent ces souches et comment elles circulent. Ce travail est mené en partenariat avec l’administration centrale et les vétérinaires de terrain. L’équipe drômoise a été renforcée sur cette thématique et ses compétences sont reconnues. En matière de santé animale, c’est vraiment le dossier prioritaire en Drôme », affirme Catherine Wenner.
Enfin, elle rappelle que la DDPP est également missionnée sur le volet répression des fraudes, sur les produits alimentaires et non alimentaires. Sur ce sujet, elle portera une attention particulière aux produits affichés comme « locaux ». « Ils ont le vent en poupe et on peut craindre que certains ne s’engouffrent dans cette opportunité. Je souhaite cibler les contrôles dans ce domaine, à la fois sur les marchés et dans les magasins », signale la directrice.
En attendant, elle peaufine sa connaissance des dossiers drômois en effectuant la tournée des abattoirs, en rencontrant les sous-préfets, le président de la chambre d’agriculture et prochainement les représentants du groupement de défense sanitaire (GDS).
S.Sabot