Une installation réfléchie pour allier vie professionnelle et personnelle
Il y a quelques semaines, la chambre d’agriculture de la Drôme avait invité élus et partenaires pour inaugurer l’installation d’Amélie Lèbre à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze. Retour sur le parcours de cette jeune agricultrice.

Installée à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze, en bovin allaitant et poules pondeuses, Amélie Lèbre a apporté son témoignage sur la conciliation vie professionnelle / vie personnelle lors de l’inauguration de son installation organisée par la chambre d’agriculture de la Drôme. Une trentaine de personnes sont venues partager ce moment d’échanges parmi lesquelles des élèves de seconde de la MFR de Divajeu et leurs formateurs, la conseillère régionale Patricia Picard, la maire de la commune Véronique Chauvet, des élues de la chambre d’agriculture : Sandrine Roussin et Nathalie Gravier...
Après un DUT en génie biologique à Avignon en 2010, Amélie Lèbre a suivi une licence pro d’agronomie à Nancy, puis elle rattrape le cursus d’ingénieure agronome en troisième année à l’école de Purpan (Toulouse). Après un semestre d’études au Québec, elle obtient son diplôme en 2015, avec un mémoire de fin d’études axé sur la parasitologie caprine. Elle travaille ensuite pour un groupement d’employeurs : 70 % à la MFR de Divajeu, 20 % au Fibl (institut de recherche) et 10 % au syndicat caprin. Par la suite elle accepte un poste à plein temps au Fibl France comme chargée d’expérimentations. Elle occupera ce poste jusqu’en 2022, année durant laquelle la volonté de s’installer devient évidente. Elle entame alors son parcours à l’installation.
Des productions diversifiées
Amélie s’associe en mars 2023 avec son conjoint installé quelques années plus tôt en agriculture biologique, sur un atelier vaches allaitantes. Le Gaec des Bons Diables exploite 158 hectares dont 1 ha d’oliviers, 1 ha d’amandiers, 13 ha de grandes cultures et 143 ha de pâturages. Les cultures et pâturages permettent ainsi au jeune couple d’être autosuffisant pour son troupeau d’Aubrac, soit une trentaine de mères et 25 veaux par an. Lors de son installation, la jeune femme va ajouter un atelier supplémentaire de 120 poules pondeuses conduites à l’aide d’un poulailler mobile. Les œufs, environ 40 000 par an, viennent alors compléter l’offre des productions commercialisées en vente directe : colis de veau et haché, huile d’olive, farine de blé... Amélie Lèbre reçoit les clients à la ferme, propose du colportage et installe son étal sur le marché de producteurs de Buis-les-Baronnies le samedi matin.
Points forts, points faibles, projets
Parmi ce qu’elle considère être les points forts de l’exploitation, elle cite la diversification qui permet de répartir les risques, la vente directe qui assure une reconnaissance des clients, leur outil de travail qui est devenu « facile » au quotidien, une certaine maîtrise des tâches (entretien des machines, administratif, commercialisation…) qui apporte du confort et de la sérénité. Avec son conjoint, ils assurent aussi des engagements extérieurs qu’ils jugent enrichissants (partage et accès à de nombreuses informations). Enfin, l’entraide avec Dominique, un voisin exploitant, avec qui ils se rendent des services, est aussi un autre des points forts pour le Gaec. En ce qui concerne les points faibles, Amélie Lèbre pointe la dépendance aux aides, l’éloignement géographique, la prédation ou encore le foncier.
La jeune installée a également présenté les projets de l’exploitation tels que l’agrandissement du bâtiment, l’augmentation du nombre de poules ou encore la sécurisation du foncier autour du bâtiment. L’agricultrice souhaite aussi créer un atelier de transformation de pâtes sèches et fraiches. « En plus de satisfaire nos clients, nous aurions également la satisfaction d’aller au bout des choses en transformant notre farine et en valorisant nos œufs », a-t-elle expliqué.
Concilier vie pro et perso
La matinée s’est poursuivie sur un débat autour du thème de la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle. Selon Amélie Lèbre, il est important de se créer un réseau. « C’est grâce à ce réseau, que l’on construit dès les études, que l’on va pouvoir s’entraider et se rendre le quotidien plus facile, considère-t-elle. En s’appuyant sur les collègues, on peut se rendre des services, obtenir des informations ou de l’aide sur l’administratif... Tout cela soulage, apporte de la sérénité et permet ainsi de se sentir mieux dans sa vie personnelle », a-t-elle confié. Pour assurer un bon équilibre dans sa vie personnelle, la jeune femme pense qu’il est important de parler d’autres choses que de l’exploitation en famille, et de ne pas imposer le rythme de vie effréné aux enfants (faire des sorties, partir en vacances…). Pour tout cela, il est important « d’aller voir ailleurs, de s’engager sur d’autres choses et vivre ses autres passions, ajoute-t-elle. Encore une fois, recourir à son réseau ou à des dispositifs tels que le service de remplacement peut s’avérer utile. Le plus important, c’est de ne pas s’oublier, de ne pas vivre que pour l’exploitation ou pour son associé ! Il faut savoir prendre du temps pour soi : du temps ensemble, mais aussi séparément. »
Avant de clôturer ces échanges, Sandrine Roussin, vice-présidente de la chambre d’agriculture de la Drôme, a apporté son témoignage sur ce thème, en encourageant fortement les futurs installés à s’engager pour se créer du réseau.