Un été lourd de conséquences pour l’agriculture

La faune, la flore et les hommes ont souffert cet été. Et pour cause, les 7 premiers mois de 2015 sont les plus chauds de l'histoire au niveau mondial. En France, 2015 se caractérise par un printemps et un été chauds avec des épisodes de très fortes températures de la mi-juin à mi-juillet sur une grande partie du territoire. Associée à de très faibles précipitations (- 60 % en moyenne), la chaleur a entraîné une sécheresse du sol pendant la saison végétative, au printemps et en été, comme en 2003. L'indice d'humidité des sols superficiels est fortement déficitaire cet été par rapport aux normales saisonnières de plus de 30 % sur une diagonale allant du Massif central jusqu'à l'Alsace.
Certaines zones du Puy-de-Dôme, de la Loire, du Rhône enregistrent des déficits supérieurs à 60 % comme le nord des monts du Lyonnais. Maigre consolation, les nappes phréatiques sont restées à un bon niveau de remplissage tout l'été grâce à une recharge hivernale importante au cours des deux dernières années. Selon l'analyse de la sécheresse publiée par l'Inra à la fin août, « l'épisode de sécheresse et fortes chaleurs de 2015 n'atteint pas l'ampleur de l'année 1976 ». Cependant 2015 se place parmi les années les plus arides sur les cinquante dernières observées en France et les conséquences sur l'élevage et les grandes cultures sont lourdes. Les agriculteurs constatent une forte baisse de la production de fourrages et des rendements pour les cultures de printemps principalement. Par exemple, le rendement en maïs fourrage pour l'Ain est inférieur de 43 % à la moyenne, de 44 % dans le Rhône et de 49 % dans la Loire. À l'inverse, les fruits d'été et les vignobles, s'ils ont perdu un peu en calibre et en volume, ont bénéficié de conditions optimales pour le développement du taux de sucre et pour le maintien d'un bon état sanitaire. Pour la forêt, dès que le seuil de déficit hydrique est atteint, les arbres stoppent leur croissance, qui ne reprendra qu'au printemps prochain. Cette année, l'Inra indique qu'ils ont stoppé leur croissance 15 jours plus tôt qu'une année normale, ce qui n'aura pas un impact fort sur la croissance de l'année. En revanche, si le manque d'eau s'était prolongé trop longtemps en septembre, le fonctionnement et la croissance de certains arbres pourraient être perturbés pendant plusieurs années.
De forts déficits de précipitations
À l'échelle du Centre-Est, presque toutes les stations météorologiques de Rhône-Alpes, Bourgogne et Jura sont en déficit hydrique. En fait, seules celles de Dijon et Chambéry affichent un cumul de précipitations supérieur à la normale à cause d'orages violents. Bourg-Saint-Maurice, Lanas et Montélimar enregistrent des cumuls de pluies très légèrement inférieurs à la normale de 2 à 4 %. Dans toutes les autres stations, les déficits de précipitations sont compris entre 40 et 50 %. Il est ainsi tombé 42 mm à Saint-Étienne contre une normale à 87 mm, 55,6 mm aux Sauvages sur 110 mm attendus ou encore 68,4 mm à Lons-le-Saunier pour 120,4 mm en normale. Cela se traduit par exemple sur les écarts de pousse de l'herbe suivis par l'indicateur Isop. Au 20 août, celui-ci affiche un déficit de 31,4 % en Rhône-Alpes ; de 43 % dans la Loire et de 53 % dans le Rhône. Dans le Jura, le déficit est également fort, supérieur à 30 %.
Si l'on regarde la situation sur les sept premiers mois de l'année, les cumuls de précipitations dans neuf stations sur treize sont en déficit. L'arc alpin reste bénéficiaire : Grenoble, Bourg-Saint-Maurice et Chambéry affichent des excédents de, respectivement, 8, 17 et 36 %. A Montélimar également, le cumul de pluies est très légèrement supérieur à la normale de, 3,5 %.
À l'inverse, Mâcon affiche le plus fort retard de précipitations avec un déficit sur les sept premiers mois de 41,3 %. Il manque ainsi 222 mm par rapport à la normale depuis janvier dans la préfecture de Saône-et-Loire. Les Sauvages enregistrent un retard hydrique de 33 % et Dijon de 25 %. Dans les autres stations, les déficits de précipitations sont compris entre 10 et 15 % depuis le début de l'année 2015. Du côté des températures, les moyennes dans le Centre-Est ont dépassé la normale de 1,25 °C en août après un excédent de 3,2 °C en juillet.
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Camille Peyrache
Source : Météo France et Inra