Un drone pour piloter la fertilisation azotée du colza

«Dans le contexte actuel, où tout gaspillage d'azote est interdit, sur le plan économique comme environnemental, nous devons trouver des solutions de productions responsables pour nos adhérents, explique Benjamin Pariot, chef produit services, outils et innovation au sein du groupe coopératif, Terre d'Alliances. Notre ambition est d'apporter un conseil de plus en plus précis à travers des services concrets qui utilisent de nouvelles technologies. L'intérêt à terme est de permettre à nos adhérents de moduler leurs doses d'azote (modulation intraparcellaire) et d'homogénéiser le rendement à la parcelle ».
Le drone Airinov est une aile volante robotisée, automatique et guidée par GPS. Programmé à l'avance sur la base des coordonnées des parcelles, il est déployé en quelques minutes par un opérateur Airinov sur l'exploitation de l'adhérent. La lumière reflétée par le feuillage des cultures est mesurée par un capteur qui détermine l'état de vigueur ou de faiblesse du couvert végétal, ce qui permettra au final d'estimer la quantité de biomasse ou les besoins en azote. Les variabilités intra parcellaires sont ensuite analysées pour établir un conseil en azote cartographié.
L'imagerie aérienne dédiée à l'agriculture
« L'objectif est d'engager entre 500 et 1 000 hectares (ha) de colza pour cette campagne. Deux passages de drone sont nécessaires afin d'établir deux cartes de biomasse « entrée » et « sortie » hiver (en décembre et février) pour le calcul des doses d'azote. Le conseil à la parcelle, apporté au printemps 2015, permettra de répartir et d'actualiser le plan de fumure prévisionnel de l'exploitation selon les évolutions de la biomasse observée », ajoute Benjamin Pariot. Le drone d'Airinov est équipé d'un capteur multi-spectral qui enregistre la lumière réfléchie par le couvert végétal dans quatre bandes distinctes : dans le vert, le rouge, l'infrarouge et dans le proche infrarouge. Ces bandes (quatre longueurs d'ondes qui ont été spécifiquement choisies pour l'agriculture) ont été définies conjointement avec l'UMR Emmah de l'Inra d'Avignon, pour accéder à des informations agronomiques inédites : LAI (densité foliaire) et Cab (taux de chlorophylle).
« Le coût oscille entre seize et dix-neuf euros par hectare, alors qu'on est à douze ou treize euros pour la technologie par satellite, indique Benjamin Pariot. Le gain attendu peut varier de 20 à plus de 80 euros par hectare de marge supplémentaire selon les situations. Terre d'Alliances est le premier dans la région à offrir ce service. Airinov est, quant lui, l'un des fournisseurs de données les plus avancés sur le marché ».
Patricia Flochon