Umotest accélère en matière de sélection génétique
Fin 2023, Umotest et sa filiale Coopex ont tenu leur assemblée générale aux Organisations d’élevage de Ceyzériat (Ain). Malgré un regain d’activité, le groupe veut conforter l’amélioration génétique de la montbéliarde.

En dépit de la MHE et de la FCO, l’année 2023 semble avoir marqué un tournant pour l’organisme de sélection de la race montbéliarde basé dans l’Ain. Umotest renoue en effet avec un regain d’activité du côté des inséminations artificielles (IA) après dix années de baisse et affiche une augmentation de 2 % de son chiffre d’affaires sur cet exercice.
Avec 73 000 évaluations génomiques femelles, l’OS réalise par ailleurs une année record sur cette activité qui pourrait encore s’améliorer l’année prochaine, commente Tristan Gaiffe, directeur. Plus de 15 500 éleveurs sont rattachés à l’OS Umotest et près de 3 000 d’entre eux font appel aux services sur mesure. Par ailleurs, plus de 9 000 gestations ont été suivies sur l’ensemble de la zone Umotest, ce qui a débouché sur 2 400 candidats génotypés. In fine, 146 veaux femelles ont intégré une station. Autre fait marquant, Umotest a décroché la timbale des index 2023 en proposant les 50 meilleurs taureaux de la race, Syrocco en tête, toujours numéro un de la race en décembre.
Exportation de génisses : « un bon cru »
Coopex tenait également son assemblée générale le 20 décembre. L’union des coopératives dédiée à l’export d’animaux montbéliards estime que l’exercice 2022-2023 a été un bon cru pour la commercialisation de génisses à l’export, en particulier à destination de l’Algérie. Les volumes vendus n’atteignent pas des niveaux records, mais tous les stocks ont été écoulés et la hausse notable du prix d’achat, associée à la bonne logistique bateaux assurée par Coopex, a permis une bonne valorisation aux éleveurs. « Au niveau du groupe, plus de 15 000 bovins ont été exportés, dont 8 015 génisses montbéliardes », précise Jean-Noël Saintot dans son rapport moral.
Quant à l’activité semences, moins de doses ont été exportées en 2023, ce qui traduit « un changement de besoin sur le marché de l’export, avec le développement du croisement industriel ». Malgré des volumes en baisse sur cette activité et le défi d’adapter les stocks de semences sexées au marché de l’export, le chiffre d›affaires continue d’augmenter : plus 20 % grâce à la valorisation des doses sexées. « Si on compare les deux derniers exercices, les résultats d’exploitation ont été multipliés par deux avec un niveau très élevé sur les parties animaux et doses », résume Nicolas Tissot, responsable financier. Quant à la filiale Pass de Coopex dédiée à l’export d’animaux (hors montbéliardes), elle affiche aussi une augmentation de ses ventes d’animaux et de semences. Au total, le groupe Umotest (Coopex et Pass inclus) termine l’année 2023 avec 45 millions d’euros (M€) de chiffre d’affaires contre 38,8 M€ l’année précédente.
Un nouvel index au catalogue
Des résultats encourageants, mais le président Jean-Noël Saintot reste prudent : « Les cours des produits laitiers revigorés après la période Covid et le conflit russo-ukrainien n’y sont sans doute pas étrangers, mais on se doit de rester vigilant. La tentation de la transformation laitière à renégocier les prix à la baisse est importante et s’il devait en être ainsi, toute baisse pourrait remettre gravement en cause cette dynamique. » Aussi Umotest veut profiter d’un bon vent arrière pour sécuriser ses acquis et améliorer la génétique montbéliarde. À l’ordre du jour des résolutions 2024, Jean-Noël Saintot a annoncé « une grande réflexion stratégique » sur la question, et cible en particulier la résistance des animaux au stress thermique. Aujourd’hui aucun index thermique n’existe, mais un potentiel reste à travailler, en particulier pour les vaches destinées à l’export vers le Maghreb. À ce sujet, Tristan Gaiffe, directeur, attire l’attention sur la future directive européenne sur le transport des animaux.
Après la sortie des dernières indexations From’mir, Diger et Aceto, et l’inscription des premiers mâles sans cornes dans le catalogue de printemps*, Umotest a décidé d’aller encore plus loin en mettant au point un nouvel index « Santé du pied » (voir encadré ci-dessous).
L’évaluation bovine européenne : un projet en débat
Dans son rapport moral, Jean-Noël Saintot évoque enfin la nécessité de concrétiser « des projets nationaux ambitieux, modernes et précurseurs ». À titre d’exemple, le président mentionne Méthane 2030, la diminution des périodes improductives ou encore l’épigénétique, et plus largement l’adaptation de l’élevage dans la transition énergétique à l’aune de la COP 28. Le projet phare du moment reste toutefois l’EBE, pour évaluation bovine européenne. « Il est question de créer un centre de calcul européen entre plusieurs pays : l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, les pays scandinaves, l’Espagne et la Pologne. Si l’intention est louable et si ce projet est tout à fait cohérent pour les races internationales comme la holstein, nous restons interrogatifs quant au bien-fondé de celui-ci pour la montbéliarde ou d’autres races nationales et nous ne pouvons pas nous engager sans prendre le temps d’instruire ce dossier sur le fond, aussi bien techniquement que financièrement », alerte toutefois Jean-Noël Saintot. À ce sujet, le président précise que les trois OS montbéliard ont fait état de leurs requêtes en matière de gouvernance dans un courrier à destination de Généval, centre de calcul national. Et de conclure : « Il nous semble souhaitable en effet de pouvoir répondre à ces questions fondamentales pour pouvoir prendre une décision éclairée », a insisté Jean-Noël Saintot citant un « véritable enjeu racial ».
Margaux Balfin
*Pour la première fois en race montbéliarde, trois taureaux hétérozygotes sans cornes ont été inscrits au catalogue : Ranger P, Spencer P et Redhot P. Une nouveauté Umotest 2023 officialisée lors du Salon Vaches en piste !
Huit lésions nouvellement indexées

Umotest a officialisé la sortie de son index santé du pied lors de son assemblée générale. Une première en race montbéliarde et un enjeu majeur pour les élevages laitiers. Une étude du Cniel et de l’Idele datant de 2022 révélait que les boiteries étaient la troisième cause de réforme en élevage derrière les mammites et les problèmes de fertilité. Le risque de boiterie étant multiplié par trois en deuxième lactation.
Au total, huit lésions en race montbéliarde ont été indexées. Pour sélectionner efficacement, les éleveurs disposent d’un index de synthèse global, l’index synthèse santé du pied (STPI), et de deux sous-synthèses : index synthèse lésions infectieuses (SLI)* et l’index synthèse lésions mécaniques (SLM)**, précise le site Internet d’Umotest. « L’héritabilité de ces lésions vaut pour 5 à 10 % d’entre elles, ce qui signifie que l’on peut faire des sélections sur ces critères, précise Marie Bérodier Gomes, responsable innovation. Il n’y a pas d’antagonisme entre les parties infectieuses et parties mécaniques. C’est très intéressant parce que cela veut dire qu’on va pouvoir sélectionner facilement sur la santé caudale. » Un travail de longue haleine qui remonte à 2015 avec la collecte de données réalisée par des pareurs professionnels dans plus de 25 départements français.
Disponible depuis la fin de l’année sur MyUMO, ce nouvel index a vocation à rester une exclusivité privée de l’OS aindinoise et MO3 Santé. Et Jean-Noël Saintot de confier : « Nous n’avons pas envie de le partager, c’est beaucoup de travail et d’investissement. » Par ailleurs, Umotest veut poursuivre la collecte de données de parage pour approfondir la robustesse de ses évaluations, notamment sur femelles génotypées.
* Dermatite digitale, limace et érosion de la corne.
** Ouverture de la ligne blanche, ulcère de la soie, bleime circonscrite, rotation de l’onglon, bleime diffuse.