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SYNDICALISME

« Travailler sur une meilleure mise en avant des produits locaux dans les grandes enseignes »

Produits festifs pour la fin d’année, déconfinement, plan de relance gouvernemental… L’actualité et les annonces bousculent cette fin d’année 2020 qui restera inédite. Tour d’horizon des différents sujets avec Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.

Par Christophe Ledoux
« Travailler sur une meilleure mise en avant des produits locaux dans les grandes enseignes »
Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. DR

Quel sont les principaux combats syndicaux de la FRSEA en cette fin d’année ?

Michel Joux : « Nous restons encore et toujours mobilisés sur le même sujet : la rentabilité agricole. Le président de la République a promulgué la loi Egalim avec l’intention de mieux organiser les relations commerciales. Malheureusement, on voit bien aujourd’hui que les fruits ne retombent que très peu dans les cours de fermes. La loi doit être le socle de base et pour que cela fonctionne, elle doit être plus coercitive. Elle ne fait que recommander aux opérateurs de s’appuyer sur les coûts de production pour fixer leurs prix mais cela ne suffit pas. Nous sommes convaincus qu’il faut aller plus loin et contractualiser. La loi Egalim a déjà mis du temps à arriver, aujourd’hui le temps passe mais la réponse n’est toujours pas à la hauteur de l’enjeu. »

Comment parvenir à alerter les consommateurs à l’approche des fêtes de fin d'année ?

M.J. : « Une campagne de communication commune à la FRSEA, les Jeunes agriculteurs et les chambres d’agriculture sera lancée dans les prochains jours pour inciter à la consommation de produits locaux. L’idée, c’est d’inciter les consommateurs à jouer le jeu et leur faire comprendre que la qualité a un prix. Le consommer local a explosé pendant le premier confinement mais les choses sont revenues à la normale ensuite. Pour autant, on a bien vu que certains ont découvert pendant ces quelques mois une nouvelle manière de consommer et c’est sur eux qu’il faut s’appuyer. Pour y parvenir, il faudra notamment travailler sur une meilleure mise en avant des produits locaux dans les grandes enseignes, cela avance mais il faut aller plus loin. »

Quel est votre état d’esprit au moment de poursuivre la phase de déconfinement ?

M.J. : « Par rapport au premier confinement, on peut déjà se satisfaire de ne pas avoir connu le même vent de panique qui avait soufflé dans nos filières. La peur de ne pas réussir à écouler certains produits était arrivée aux oreilles des opérateurs économiques ce qui s’était concrétisé par une pression sur les prix injustifiée. Ce deuxième confinement a été mieux géré par tout le monde. Pour autant, nos perspectives pour l’avenir sont aujourd’hui assez minces et il va absolument falloir trouver des solutions pour soutenir les filières. Certaines filières spécifiques comme la viticulture ou la volaille sont aujourd’hui encore très handicapées par la fermeture des bars et restaurants. Ce qui n’a pas été vendu ne pourra pas se rattraper. Notre espoir, c’est que les Français auront envie de festoyer comme chaque année autour de bons produits. »

Quel est votre avis sur le plan de relance présenté par le gouvernement ?

M.J. : « Ces 1,2 milliard d'euros sont une vraie opportunité pour l’agriculture ! Sur la vingtaine de mesures du volet agricole, sept ou huit auront un impact direct sur la vie des exploitations. C’est le cas notamment du Plan protéines ou de l’enveloppe consacrée à l’adaptation des outils agricoles au changement climatique. L’important, c’est de parvenir à articuler ce plan de relance avec le PCAE qui, lui, est là depuis plusieurs années. Dès que nous disposerons de l’ensemble des données, nous communiquerons auprès des agriculteurs pour leur expliquer toutes les modalités. Une chose est sûre, ceux qui auront de gros investissements à réaliser devront s’y prendre durant le premier semestre 2021 car ce seront les premiers arrivés, qui seront les premiers servis. »

Propos recueillis par Pierre Garcia