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Valorisation

Transformation et circuits courts : un choix stratégique

Dans un contexte où les modèles économiques agricoles évoluent, les Jeunes Agriculteurs de la Drôme ont organisé une journée thématique sur la transformation et les circuits courts sur l’exploitation de Thomas Brun, céréalier-meunier dans le Diois.

Transformation et circuits courts : un choix stratégique
©JA26
La rencontre chez Thomas Brun a réuni jeunes agriculteurs et élèves de terminale STAV du lycée du Valentin ainsi qu’Aude Le Rhun (directrice du Club drômois de l’alimentation) et Céline Bres (administratrice de Bienvenue à la Ferme).

Issu d’une famille d’agriculteurs, Thomas Brun évolue en entreprise individuelle, tout comme ses parents, chacun gérant sa propre structure. Si une partie de sa production est encore vendue en coopérative, son objectif est de privilégier la transformation et la vente directe, afin de mieux valoriser ses céréales et ne plus subir la baisse des prix.
Pour cela, il a investi progressivement dans un outil de transformation. Il a commencé avec un moulin à meule de pierre de 50 cm, avant de doubler sa capacité deux ans plus tard, avec un modèle de 1 m. L’acquisition d’une ensacheuse lui a permis de ne plus conditionner ses sacs à la main, optimisant ainsi son temps de travail. Aujourd’hui, il peut produire jusqu’à 200 kg de farine par jour.
Afin de garantir une qualité optimale, il choisit de produire à la demande. Cette gestion lui permet de maximiser la fraîcheur de sa farine tout en limitant le risque d’infestation par les mites et autres insectes. Il travaille trois types de farine - T65 blanche, T80 semi-complète et T100 complète - ainsi que des lentilles, vendues principalement en grains.

Trois ans pour structurer son projet

Monter un projet de transformation ne se fait pas du jour au lendemain. Pour Thomas Brun, entre l’administratif, l’analyse de la demande et la mise en place du réseau de commercialisation, il lui aura fallu trois ans pour concrétiser son activité.
Dans le Diois, sept moulins sont en activité, mais peu d’entre eux pratiquent la vente directe. Conscient de la demande, il s’est lancé en développant son réseau localement, distribuant ses farines à Romans, Valence, Crest, Montélimar, ainsi qu’auprès de crêperies et magasins spécialisés. Son moulin a été fabriqué par Les moulins de Biocourt, une entreprise locale, ce qui lui permet d’assurer un service de réparation rapide en cas de besoin.

Les défis de la commercialisation

Si la transformation et la vente directe offrent une meilleure rémunération, Thomas Brun souligne les défis de la commercialisation. « C’est un métier à part entière qui s’apprend », confie-t-il. Trouver des débouchés demande un travail constant et les relations commerciales peuvent être incertaines.
Certains magasins mettent fin aux contrats, non par faute d’intérêt, mais par manque de place. « Ils ont déjà trop de références et doivent faire des choix, ce qui signifie souvent sacrifier des produits locaux, car ils nécessitent une logistique spécifique. » À cela s’ajoute la complexité administrative. L’accès aux aides à l’investissement implique un suivi rigoureux et une gestion importante de la paperasse. 

Regarder vers l’avenir

Malgré ces défis, Thomas Brun poursuit son développement. Avec la reprise prochaine de l’exploitation familiale dans sa totalité - incluant des poulaillers et des noyeraies - il envisage d’embaucher un salarié polyvalent pour l’accompagner. Il réfléchit également à diversifier son offre avec la fabrication de pâtes à base de farine de blé tendre, un projet nécessitant un nouvel investissement mais porteur d’avenir.
La présence de représentantes de Bienvenue à la Ferme et du Club drômois de l’alimentation, des réseaux qui valorisent les initiatives locales (voir encadrés), a ainsi démontré l’existence de clés pour structurer et dynamiser les circuits courts, au service d’une alimentation durable et ancrée dans nos territoires. 

Laurie Reynaud

 

Bienvenue à la Ferme : un réseau au service des agriculteurs

Céline Bres, adhérente de longue date à Bienvenue à la Ferme, a présenté ce réseau national qui accompagne les agriculteurs dans le développement de l’agritourisme et la vente directe. Avec plus de 400 000 visiteurs par mois sur son site internet, la marque offre une visibilité aux producteurs grâce à des fiches individuelles sur les fermes, des campagnes de communication grand public et une présence sur les grands événements agricoles comme le Salon de l’agriculture. Les adhérents bénéficient aussi de webinaires, newsletters et partenariats pour les aider à structurer et promouvoir leur activité.
Dans la Drôme, le réseau compte actuellement 84 adhérents, un chiffre encore modeste qui reflète un potentiel de développement. Deux animatrices accompagnent les adhérents pour les aider dans leur communication et organisation. Des outils comme une brochure de 8 000 exemplaires, un site internet actif et des événements départementaux (marchés, pique-niques...) permettent de renforcer la notoriété du réseau et de favoriser les échanges entre agriculteurs pratiquant la vente directe et l’agritourisme.

Le Club drômois de l’alimentation : au service des filières locales 

Créé en partenariat avec le Département et les trois chambres consulaires de la Drôme (agriculture, commerce et industrie, métiers et artisanat), le Club drômois de l’alimentation vise à renforcer les filières alimentaires locales. Ses missions consistent à mettre en relation  producteurs et distributeurs notamment, valoriser des produits locaux et assurer un partage équitable de la valeur, a indiqué sa directrice Aude Le Rhun. Les services proposés par l’association incluent des événements de réseautage, un accompagnement personnalisé en sourcing et commercialisation, ainsi qu’une visibilité accrue via divers canaux de communication. 

Thomas Brun peut produire jusqu’à 200 kg de farine par jour.

Thomas Brun peut produire jusqu’à 200 kg de farine par jour.