Accès au contenu
Big data agricole

Simuler ses coûts en quelques clics

Depuis plus d’un an, la FRCuma Auvergne-Rhône-Alpes travaille sur deux projets de big data. D’ici le début d’année 2018, les utilisateurs pourront bénéficier d’un outil de calcul en ligne pour estimer le coût de leur investissement.
Simuler ses coûts en quelques clics

Leur outil de gestion interne leur a permis de se lancer dans le big data. MyCuma, à l'origine simple logiciel de comptabilité analytique, n'est ni plus ni moins qu'une véritable mine d'or pour les Cuma. Tous les mois, de nombreuses informations comptables sont enregistrées et stockées informatiquement. Il y a environ un an, les équipes nationales de la fédération ont décidé d'exploiter ces données pour créer une cartographie reliée aux écritures comptables. Cuma Map a pour le moment vu le jour dans les départements de la Loire et de la Haute-Vienne. Le principe est simple : « On peut rechercher la Cuma ou le matériel le plus proche de chez soi. Il y a un côté très pratique pour l'utilisateur », explique Manon Bossa, chargée de mission projet et développement à la FRCuma Aura.

Manon Bossa, chargée de mission projet 
et développement à la FRCuma Aura.

Elargir les réseaux

Cette interface devrait s'améliorer d'ici quelques semaines. Un emplacement consacré à la présentation des projets permettra d'échanger entre utilisateurs et de bénéficier des conseils des uns et des autres. « On s'aperçoit quand on fait des réunions de secteur qu'il y a des voisins qui ne se connaissent pas, explique-t-elle. Le matériel agricole est très souvent coûteux, même pour une location groupée. Si on permettait aux adhérents de se connaître et d'échanger en amont, ils pourraient élargir leur réseau aux inter-cuma et partager davantage leurs frais », ajoute la spécialiste en agroéquipement et stratégies de groupe. Créer du lien entre porteurs de projet permettrait alors de valoriser les besoins des agriculteurs en répondant plus et mieux à leurs questions. Deuxième objectif : « toucher les jeunes » et « rendre le site plus rapide, pratique et intelligible ». « Nous avons à peu près 15 visites par jour. Il y a peu d'utilisateurs et toujours les mêmes, constate-t-elle. Une fois l'outil amélioré, on réalisera un travail de veille pour être en adéquation constante avec la réalité du terrain ». Si pour ce premier projet big data la question de la confidentialité des données ne s'est pas posée, pour celui qui devrait voir le jour d'ici le début d'année 2018, elle fait déjà l'objet d'interrogations de la part de la FRCuma Auvergne-Rhône-Alpes.

Simulation des coûts

D'ici quelques mois, une interface intelligente donnera la possibilité de réaliser son propre plan de financement grâce à des calculs mathématiques de données issues du guide des prix de revient des matériels. Des informations plus ou moins confidentielles seront extraites du logiciel MyCuma récupérées d'un simple tableau Excel. « Le coût sera calculé en fonction du matériel, du nombre d'adhérents intéressés, des subventions possibles, de l'entretien, du carburant consommé... Toutes les formules utiles seront insérées dans ce logiciel afin qu'il soit simple à utiliser », explique Manon Bossa. Cet outil de calcul des coûts en ligne piloté par la Cuma Aura avec les régions Grand-Ouest et Hauts-de-France permet d'estimer la durée d'emprunt du matériel. Pour l'investissement en groupe, chaque adhérent connaîtra sa part de contribution estimée, le tout en quelques clics. Exemple : M. Martin souhaite investir sur une surface de 10 hectares ; avec cet outil il aura une idée précise du budget à prévoir. Pareil pour Mme Lambert qui, elle, souhaite lancer son activité sur 30 hectares. La répartition des coûts se fera automatiquement et proportionnellement aux apports de chacun. Une première version du logiciel sera testée par les techniciens des Cuma en fin d'année avant de la proposer aux adhérents. « D'ici là, on pourrait avoir besoin d'un appui extérieur pour la structuration et la mise en page du site », anticipe Manon Bossa. Une fois le projet ficelé, un animateur accompagnera les porteurs de projet pour accéder au logiciel à l'aide d'un code personnel par Cuma. Toutes les fédérations pourront bénéficier du service, même celles qui n'utilisent pas MyCuma comme outil de gestion interne. 
A. P.

 

FORMATION : Le big data fait son entrée dans les écoles

C’est parce que le big data ambitionne de révolutionner l'agriculture que l'école d'ingénieurs UniLaSalle Rouen (Seine-Maritime) a décidé de créer un Master of Science Agricultural Data Management & Decision Models (niveau bac +5/6). Par « Data Management » comprenez « agriculture et agroalimentaire ». Ici, les enseignements seront majoritairement dispensés en anglais. Ce cursus de 18 mois, qui ouvrira en octobre prochain sur le campus normand, a été élaboré en étroite collaboration avec le monde professionnel. Il intègre un projet piloté par les entreprises et doit d'ailleurs se terminer par six mois de stage en entreprise.
Un accès facilité aux données
En tout temps, l'agriculture n'a pas manqué d'utiliser les données, afin d'être davantage performante et pour optimiser les modèles de prédiction : les caractéristiques des sols, le climat, les paramètres socio-économiques et cadastraux, etc. Mais les outils ont évolué et l'accès aux données est désormais facilité (internet des objets, satellites, drones). Encore faut-il arriver à interpréter ces nouvelles données. C'est l'objectif de cette nouvelle formation. « Il ne s'agit pas d'appuyer sur un bouton, il faut vraiment comprendre les choses. Nous allons donc former des personnes aux compétences informatiques et statistiques dans le domaine de l'agriculture », explique Salima Taibi, responsable du pôle modélisation mathématique et informatique au sein d'UniLassalle Rouen. L'enjeu est important. Ces nouvelles données peuvent par exemple permettre de comprendre les maladies des plantes, les identifier ou encore mieux les prévenir. « Cela va aussi participer à une meilleure organisation du travail, moins pénible, avec plus de confort, contribuer à une agriculture plus durable en utilisant par exemple la bonne dose au bon moment », poursuit-elle.
L'agriculture de demain
C'est donc un programme spécifique qui a été développé. Les élèves se verront présenter un panorama de l'avènement des données dans le monde agricole, l'agriculture de précision, voire l'élevage de précision. Ils pourront aussi se frotter à la connaissance de l'analyse des données : les comprendre, les récupérer, les gérer et les analyser. Des enseignements transversaux seront également dispensés, comme la sociologie, la gestion de projet, la sécurité des données, le droit du numérique ou encore le management. 
A. T.