SID : le prix du mètre cube va baisser en 2024
Lors du comité syndical qui s’est tenu le 20 février, les élus du syndicat d’irrigation drômois (SID) ont entériné une baisse de 5 centimes d’euro du m³ d’eau pour la campagne 2024.

La décision a été actée le 20 février par les élus du syndicat d’irrigation drômois : le prix du m³ d’eau pour les agriculteurs clients du SID baissera de 5 centimes d’euro en 2024 par rapport à la dernière campagne. Cette décision intervient après deux augmentations successives de 3 centimes d’euro en 2022 et 2023, liées à l’explosion* des tarifs de l’électricité. Dans le même temps, la part fixe de la facture (abonnement à la surface et abonnement au débit) connaitra une augmentation de 2,5 %. « En 2023, il n’y avait pas eu d’augmentation de cette part fixe alors que nous avons subi 6 % d’inflation », rappelle Sophie Lasausse, directrice du SID.
Prix de l’électricité sécurisé pour 2024 et 2025
Cette baisse du prix survient dans un contexte de relative accalmie pour le SID après de grosses inquiétudes fin 2022 pour la campagne 2023. Tous les voyants s’étaient en effet retrouvés au rouge pour le syndicat, comme pour d’autres structures gérant l’irrigation en France, devant la flambée des prix de l’électricité. Le SID est finalement parvenu à limiter la casse et à contenir la hausse du prix du mètre cube pour les irrigants grâce à des recettes inattendues (compensation par la CNR au titre de l’énergie réservée, ristourne versée par Engie au titre de la maitrise de la consommation en 2022, hausse du tarif pour la vente d’hydroélectricité par le SID…). « Au final, nous avons pu faire supporter à nos clients en 2023 un prix de l’électricité à 90 euros du mégawatt-heure (MWh) alors que nous l’avons payée 160 euros/MWh** », explique Sophie Lasausse.
Pour 2024 et 2025, la directrice indique que le SID a « sécurisé » ses tarifs de l’électricité. Le 31 décembre 2023, le syndicat est en effet arrivé au terme de l’accord cadre de quatre ans qui planifiait les conditions d’achat de l’électricité sur cette période. L’accord, signé en 2019, s’avérait intéressant dans le contexte de l’époque. Rien ne laissait alors présager le dérèglement du marché qui a suivi.
Nouveau fournisseur d’électricité
« Dès l’été dernier nous avons pris les devants et réfléchi à comment nous allions désormais acheter notre électricité », souligne la directrice. Le SID a donc passé un nouvel accord cadre de deux ans auquel ont répondu quatre fournisseurs alternatifs. Le SID a choisi Volterres, filiale du groupe Sun’R qui détient également Sun’Agri, entreprise spécialisée dans l’agrivoltaïsme. « Pour 2024, la quasi-totalité de notre consommation [les sites alimentés en haute-tension, soit 95 % de la consommation du SID, ndlr] est sécurisée à un prix de 42,05 euros le MWh », annonce Sophie Lasausse. Un tarif qui subira une légère augmentation en 2025. Et après ? De nombreuses incertitudes demeurent sur la stratégie à adopter dès 2026, puisqu’au 31 décembre 2025 prendra fin le dispositif transitoire de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh). Ce qui va totalement redéfinir les relations entre EDF et les fournisseurs alternatifs. C’est pourquoi le SID réfléchit dès à présent à ces questions. Et Sophie Lasausse insiste sur la part réelle de l’électricité dans le prix du m³. « Jusqu’en 2021, c’était environ 3 cts d’euro/m³, rappelle-t-elle. En 2024, ce sera 4 cts d’euro/m³. Désormais nous conserverons sur la facture la ligne surcoût énergie [6 cts d’euro en 2023, 1 ct d’euro en 2024, ndlr] pour que nos clients mesurent bien la forte sensibilité du prix de l’eau distribuée par le SID à celui de l’électricité. »
Sophie Sabot
* Entre 2020 et 2023, le SID a vu sa facture multipliée par cinq (2,5 M€ en 2020, 7,5 M€ en 2022 et 12 M€ en 2023).
** Prix final estimé intégrant l’aide de 1,7 M€ attendue de la part du guichet « gaz et électricité » mis en place par l’État pour soutenir les entreprises suite à la crise Ukrainienne, aide non perçue à ce jour.
2024, année charnière pour le SID

En 2023, le syndicat d’irrigation drômois a finalisé de nombreux gros chantiers. À commencer par le maillage de Crest-Nord avec le réseau d’Allex-Montoison, mis en service la saison dernière. Ce maillage permet d’amener l’eau du Rhône prélevée au niveau de la station de la Poulatte (Étoile-sur-Rhône) inaugurée en 2022. Autre chantier bouclé en 2023 : celui de l’extension de la réserve de Choméane à Divajeu qui est ainsi passée de 40 000 à 100 000 m³, permettant « d’opérer une déconnexion à la rivière Drôme sur une plus longue période lors des épisodes d’étiage », indique le SID. Autre territoire concerné par la mise en service de nouveaux équipements : la plaine d’Eymeux. En concertation avec l’ASA de La Baume-d’Hostun, dissoute au 31 décembre 2023, le projet avait été validé dès 2020 de remplacer les deux stations de pompage vieillissantes, celle du SID et celle de l’ASA, par un nouvel équipement unique qui permettrait de renforcer et d’étendre le réseau d’irrigation sur la plaine d’Eymeux. La nouvelle station a été mise en service l’été dernier et sera inaugurée fin avril.
Tricastin, Bourne et HPR...
Quant à 2024, la directrice du SID, Sophie Lasausse, indique qu’il s’agit d’une « année charnière » entre la fin de plusieurs études et le lancement de nouveaux chantiers. Trois gros dossiers sont en cours. Le premier est celui de la reconversion du réseau gravitaire du Tricastin. « L’étude d’avant-projet est terminée, annonce la directrice. Le comité syndical doit à présent se positionner sur les différentes options. En fonction du choix, il faudra encore deux à trois ans avant les premiers coups de pelle. » Le montant des travaux pourrait approcher les 18 M€.
Second dossier sur les rails, celui du canal de la Bourne. Le SID a lancé l’étude prospective qui doit permettre aux élus d’identifier les priorités en matière d’usages à l’horizon 2050, les travaux nécessaires sur les ouvrages existants, le modèle économique et la gouvernance à envisager pour le canal… Une étude d’avant-projet pour la mise en conformité et la rénovation du barrage d’Auberives-en-Royans a également été initiée. Les résultats sont attendus pour juin prochain.
Enfin dernier dossier « brûlant » pour le sud de la Drôme : le projet Hauts de Provence Rhodanienne (HPR). « Nous sommes à la croisée des chemins », estime Sophie Lasausse. La mission de préfiguration, confiée au service ingénierie de la société du canal de Provence, a été présentée en comité de pilotage en décembre dernier. Compte tenu des montants estimés pour ce projet, le « Copil », auquel participe le préfet de la Drôme, a demandé que soient revus les scénarios d’aménagement pour cibler prioritairement les territoires les plus déficitaires afin d’« optimiser la substitution et alléger la pression sur les milieux » et « circonscrire le projet pour coïncider aux capacités de financement des financeurs publics et privés ». La nouvelle copie est attendue pour juin prochain.
S.S.
Des sites équipés en panneaux photovoltaïques ?
Le syndicat d’irrigation drômois a identifié trois de ses sites qui pourraient potentiellement être équipés en panneaux photovoltaïques : la station de Lilas (Châteauneuf-sur-Isère), des terrains autour de la réserve de Juanon (Montmeyran) et un équipement flottant sur la réserve de Choméane (Divajeu). Une assistance à maitrise d’ouvrage est lancée pour accompagner le SID dans ces projets. La question de l’autoconsommation est notamment à l’ordre du jour, dans l’optique de réduire la dépendance du SID au marché de l’électricité.