Semis sous couvert de céréales : il n’est pas trop tard !
Il n’est pas trop tard pour semer une prairie. Au contraire, avec le changement climatique, le semis sous couvert présente de nombreux atouts.

La succession des années sèches rebat les cartes des pratiques agricoles. La réussite de l’implantation durable des prairies se complexifie, en raison des intenses périodes de sécheresse rencontrées en été et à l’automne. Le semis de prairie sous couvert apparaît comme la solution à ces problèmes d’implantations ; c’est du moins ce qu’observe le service fourrage de la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme qui expérimente la technique depuis plusieurs années. Le semis de prairie sous couvert de céréales d’automne apparaît comme une solution pour les éleveurs ayant besoin de quelques hectares supplémentaires de pâture ou de fauche. « Il n’est pas trop tard pour l’envisager », rassure Pascale Faure, conseillère fourrage.
Le semis au printemps dans une céréale d’automne
Le semis de prairie au printemps sous couvert d’une céréale d’automne consiste à semer une prairie dans une céréale. Celle-ci a été semée classiquement à l’automne et « ceux qui avaient déjà envisagé de semer dedans une prairie au printemps auront diminué la densité de semis et adapté leur fertilisation ». Dans ce cas, la céréale déjà implantée jouera davantage un rôle de parasol que de culture à part entière. « Les graines de la prairie seront protégées du gel mais aussi des fortes chaleurs devenues courantes entre fin juin et fin juillet », précise Pascale Faure. Après la récolte de la céréale, la prairie se développera. On peut craindre néanmoins « un choc thermique » en cas de fortes chaleurs. « La prairie est normalement bien implantée et armée pour résister », ajoute Stéphane Violleau, conseiller fourrage.
Un semis délicat
La principale difficulté de la méthode réside dans le semis, dans une culture déjà développée. La chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme a expérimenté deux itinéraires techniques : directement avec un semoir à disque et avec un passage de herse trois semaines au préalable. « Le semoir à disque a permis de bien déposer la graine dans le sol, sans abîmer la céréale. Le second itinéraire a eu l’avantage de préparer le lit de semence et d’envisager un désherbage mais il oblige à deux passages dans la culture, hersage puis semis. » L’autre inconnue de ce type de semis est la date d’intervention. Là encore, Stéphane Violleau a une réponse à offrir : « On s’appuie sur le stade de la culture soit épi 1 cm, il ne faut pas craindre d’intervenir tôt, y compris sur la neige ! » D’après les expérimentations, les espèces les plus adaptées sont les prairies à implantation longue. Dactyle, luzerne et fétuque sont celles qui ont offert les meilleurs résultats. Stéphane Violleau déconseille le recours au ray-grass hybride : « Il passe par-dessus la céréale ». De son côté, Pascale Faure met en garde sur la nature du sol de la parcelle : « Celui-ci doit être en mesure de nourrir les deux cultures (céréale et prairie) à la fois ».