Retraités : plus pauvres à la campagne qu'à la ville

En 2017, le niveau de vie mensuel médian1 des retraités en Auvergne-Rhône-Alpes s'est établi à 1 850 euros selon une étude2 publiée fin octobre par l'Insee. Ce « niveau de vie » correspond au revenu disponible3 du ménage, divisé par le nombre d'unité de consommation4. Pour l'ensemble des ménages de la région, il est estimé à 1 820 euros. Ce chiffre place la région Aura en deuxième position, juste derrière l'île-de-France en matière de niveau de vie des retraités. Mais, il cache de fortes disparités entre les départements.

Nature des métiers exercés

Ainsi, en Haute-Savoie, la moitié des retraités avait en 2017 un niveau de vie mensuel supérieur à 1 996 euros. L'Est de la région (Ain, Rhône, les Savoie et l'Isère) concentre les niveaux de vie les plus élevés. En Drôme et dans le Puy-de-Dôme, ce niveau médian a atteint respectivement 1 804 et 1 823 euros. Pour les autres départements de la région, il était inférieur à 1 800 euros, allant décroissant de l'Ardèche, la Loire, l'Allier, la Haute-Loire au Cantal. Dans ce département, le niveau de vie mensuel médian des retraités n'était que de 1 626 euros sur l'année étudiée.

Selon l'institut, ces disparités s'expliquent en grande partie par la nature des métiers exercés durant la vie active. « Dans les communes rurales, près de la moitié des retraités proviennent de catégories moins favorisées (46 % d'anciens agriculteurs ou ouvriers) contre seulement un quart dans les zones denses », indique l'Insee. Les retraités des catégories sociales aisées restent davantage représentés dans les départements fortement urbanisés.

Pauvreté et espace rural

L'étude confirme par ailleurs que la pauvreté des retraités est accentuée dans les départements très ruraux. Ainsi, alors que le taux de pauvreté des retraités sur l'ensemble de la région en 2017 était de 8 %, proche du niveau national (7,6 %), il a atteint 13,7 % sur les territoires les moins peuplés d'Auvergne-Rhône-Alpes. Il avoisinait même les 17 % dans certaines communes du Cantal. L'Insee évoque des « poches de pauvreté dans les communes rurales les plus isolées ». Un constat alarmant que les auteurs de l'étude tentent de modérer en rappelant que dans ces espaces ruraux, des conditions de vie différentes persistent : plus grande solidarité familiale, pratique de l'auto-consommation...  

Enfin, on retiendra cette observation de l'Insee : « Le faible montant des retraites agricoles génère plus de pauvreté chez les retraités des espaces ruraux. En effet, au niveau national, le montant mensuel moyen d'une pension touchée par un retraité si son régime principal d'affiliation est la MSA des non-salariés est de 700 euros. L'ensemble des retraités de droit direct reçoivent le double, 1420 euros ». Dans les territoires très peu denses, 24 % des retraités sont d'anciens agriculteurs, alors qu'ils ne représentent que 5 % du total des retraités au niveau régional.

S. Sabot

1. Médian signifie que la moitié de la population observée se situe au-dessus, l'autre moitié en dessous.
2. L'étude ne prend pas en compte les personnes âgées vivant en institution.
3. Il comprend les revenus d'activité, les revenus du patrimoine, les pensions de retraite et autres prestations sociales, dont sont déduits les impôts directs.
4. Une unité de consommation pour le premier adulte du ménage, 0,5 pour les autres.