Renouveler les générations, faire vivre le monde rural
Bruno Ferreira, le directeur de la Draaf, a marqué le temps de la rentrée scolaire des MFR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, lors d’une visite organisée le 25 septembre dans l’établissement de Chatte en Isère.

Ils ont à peine vingt ans, mais se projettent déjà totalement dans leur future vie professionnelle. C’est ce qu’a pu constater Bruno Ferreira, le directeur de la Draaf1, le 25 septembre à la Maison familiale rurale (MFR) de Chatte, dans le cadre d’une visite de rentrée rassemblant l’administration et les responsables des MFR de l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes. En rencontrant les élèves en première et deuxième année de BTS Acse2, il a pu mesurer toute l’envie et tout l’engagement de ces jeunes qui, pour la plupart, nourrissent le projet de s’installer, dans un futur plus ou moins proche. Bruno Ferreira s’est réjoui de ces projets, qui répondent au besoin majeur de renouvellement des générations en agriculture. « En Auvergne-Rhône-Alpes, d’ici dix ans, 16 600 agriculteurs vont prendre leur retraite et un tiers d’entre eux n’ont pas de projet de reprise. Dans nombre de territoires ruraux de la région, 30 % des emplois dépendent de l’agriculture. Il reste primordial que les exploitations se renouvellent partout car elles conditionnent la vitalité des territoires. »
Système formateur
Les jeunes présents en MFR n’ont pas choisi ce réseau par hasard. Ils sont là parce qu’ils ont été séduits par l’apprentissage, par cette idée
d’apprendre à l’école et en entreprise, et parce qu’ils ont apprécié les valeurs portées par ce réseau, ainsi que l’accompagnement privilégié qu’il leur prodigue. Conscients de la technicité et de la difficulté du métier, ils estiment que pour bien l’exercer, il convient d’être bien formé. « Un bac pro CGEA3 est trop léger pour s’installer. Pour avoir des connaissances suffisantes en matière de comptabilité et de gestion pour la conduite d’une exploitation, il faut un niveau BTS », affirme Firmin Pégoud, élève âgé de 20 ans, en deuxième année de formation. Un point de vue que défend énergiquement Fabien Ageron, le nouveau président de la MFR de Chatte, éleveur laitier à Saint-Antoine-l’Abbaye, issu de cette même MFR et qui maintenant emploie des apprentis de l’établissement pour l’aider dans sa ferme. « Aujourd’hui, on ne peut pas installer n’importe qui dans une exploitation. Si avant, c’était celui qui ne savait pas compter qui restait à la ferme, maintenant, ce n’est plus possible. Celui qui s’installe, c’est celui qui sait compter et qui a été bien formé. L’enseignement supérieur est indispensable. » Bruno Ferreira acquiesce à ces propos. « On oublie trop souvent qu’un exploitant agricole est un chef d’entreprise », reconnaît-il.
Formations complémentaires
Au cours de son échange avec les représentants des MFR, Bruno Ferreira a mis en avant le dynamisme de l’enseignement agricole, précisant que ses effectifs sont en hausse. « Nous sommes la première région en nombre d’établissements (117 dont 76 MFR) et en nombre d’apprentis. Nous avons une diversité de formations complémentaires les unes des autres, qui répondent aux attentes des jeunes. Pour relever l’enjeu du renouvellement des générations, nous devons aller chercher tous les publics et nous montrer inventifs pour faire évoluer l’offre de formations pour qu’elle s’adapte aux besoins des territoires. Les établissements du ministère de l’Agriculture constituent un réseau à taille humaine, fort d’une grande agilité », souligne-t-il. Parmi les priorités de
l’enseignement agricole de cette rentrée, la volonté de former des jeunes citoyens, figure en bonne place. Il est important qu’« ils deviennent autonomes et responsables, capables d’une pensée critique et créative. Il faut qu’ils intègrent les conseils municipaux, qu’ils fassent entendre leur voix au quotidien. Les débats ne doivent pas avoir lieu qu’entre les agriculteurs et les politiques, mais aussi entre les agriculteurs et les citoyens », ajoute-t-il.
Isabelle Brenguier
1 : Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt.
2 : Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole.
3 : Conduite et gestion de l’entreprise agricole.
Les MFR, le « sur-mesure » du monde rural
En matière d’enseignement, les Maisons familiales rurales revendiquent faire « du sur-mesure », pas du « prêt-à-porter ». Cette rentrée, les 76 établissements1 ont ouvert leurs portes à 7 000 jeunes, dont 2 500 en 4e et en 3e. Les MFR disposent de nombreuses formations en agriculture, mais pas seulement. « Elles maillent le territoire. Elles répondent à ses enjeux », avance Pierre Millet, directeur du réseau des MFR d’Auvergne-Rhône-Alpes. Elles ont profité de la rencontre avec Bruno Ferreira, le directeur de la Draaf, pour présenter le document stratégique qu’elles viennent d’élaborer et qui vise à « accroître le nombre de jeunes formés, accompagner les projets d’orientation, répondre aux besoins en emploi, favoriser la transition écologique et renforcer l’enseignement supérieur ». Elles veulent s’engager dans ces axes de travail pour répondre aux enjeux actuels et futurs de la formation et de l’emploi agricole. Grâce à une enquête réalisée auprès de 500 jeunes sortis de leurs formations, les responsables des MFR ont constaté que plus de 75 % d’entre eux restaient dans le milieu agricole en tant qu’exploitants, salariés ou dans un métier affilié. Quant aux autres 25 %, ils restent en milieu rural, à exercer des métiers connexes. « C’est une vraie satisfaction pour nous », insiste Pierre Millet.
I.B.
1 : 55 sont contractualisées avec le ministère de l’Agriculture.