Rebondir 26 : détecter et accompagner les publics agricoles fragilisés
Depuis plusieurs années, la MSA et la chambre d'agriculture ont rapproché leurs compétences afin d'accompagner les familles agricoles en difficulté et les aider à retrouver une autonomie économique et sociale.

Soumise à toutes sortes d’aléas, l’activité agricole est régulièrement fragilisée. C’est le propre d’un secteur exposé depuis toujours aux sinistres climatiques mais aussi à d’autres facteurs d’ordre économique, sanitaire, environnemental, réglementaire, sociétal, familial… Le métier se complexifie et la pression qui pèse sur les agriculteurs s’accroît. Dans la majorité des cas, seuls ou avec l’aide d’organisations agricoles, les exploitants arrivent à surmonter leurs difficultés, à s’adapter. Cependant, lorsque les situations sont déjà tendues, ce n’est pas toujours possible. Le risque de basculer dans l’engrenage des difficultés est alors grand.
Un double regard
Afin de détecter les personnes en situation de fragilité en vue de les aider, la MSA Ardèche-Drôme-Loire (ADL) et la chambre d'agriculture de la Drôme ont créé en 2010, avec l’aide du Département, le dispositif « Rebondir 26 ». Son principe repose sur une complémentarité des deux organismes : expertise technique et économique par des conseillers de la chambre d'agriculture ; et expertise sociale, familiale par des travailleurs sociaux de la MSA. Ce double regard sur la situation de la personne en difficulté permet de définir la meilleure proposition d’accompagnement. « Selon la nature des difficultés, technico-économiques ou sociales, le dossier est suivi soit par la chambre d’agriculture, soit par la MSA, soit par les deux, explique Cécile Ranc, responsable adjointe du service d'action sanitaire et sociale (ASS) à la MSA ADL. L'accompagnement doit être global, pour l’exploitant(e) et sa famille. »
Des chiffres stables
L’an dernier, Rebondir 26 a accompagné 399 situations, dont 184 nouveaux dossiers. Au premier semestre 2020, le bilan fait apparaître 313 situations, ce qui signifie qu’un certain nombre de dossiers sont sortis du dispositif. « Les chiffres sont stables », constate Guy Péran, président du Comité d’action sanitaire et sociale de la MSA ADL. Il pointe la proportion élevée d’agriculteurs âgés de 25 à 44 ans (40 % des nouveaux dossiers) avec 35 % ayant un niveau de formation Bac + 2. Ce qui l’amène à s’interroger sur la viabilité de certains projets d’installation et le fait que la MSA ne puisse pas refuser d’affilier des exploitants dont les difficultés sont prévisibles.
Un accompagnement sur-mesure
L’accompagnement démarre toujours par une visite commune d’un conseiller chambre d’agriculture avec un travailleur social MSA. « Cette première rencontre permet d’analyser la nature des difficultés et d’envisager un plan d’actions », explique Cécile Ranc. L’intervention proposée par la chambre d'agriculture est variée : diagnostic technico-économique de l'exploitation, situation de trésorerie, identification et chiffrage de pistes d'action pour améliorer la situation, remise à jour de situations administratives, informations règlementaires... Des liens sont faits avec les banques, les comptables, la DDT, entre autres. « Au niveau de la MSA, nous vérifions d’abord si toutes les prestations sociales ont été mobilisées, ajoute Cécile Ranc. S’il y a des difficultés de santé, un lien sera fait avec le médecin du travail pour, par exemple, aménager le poste de travail. Si ce sont des difficultés de logement, nous sollicitons notre partenaire Soliha (solidarité habitat). En cas de difficultés familiales, on a recours à d’autres leviers comme les aides aux loisirs et aux vacances, la médiation… »
« Aboutir à des solutions aidantes »
Pour lutter contre l’épuisement professionnel, une « aide au répit » peut aussi être mobilisée. Existent encore des aides financières au remplacement, d’autres pour prendre soin de soi… « C’est un accompagnement global pour l’exploitant et sa famille », souligne Cécile Ranc. Avec Rebondir 26, l’idée est donc d'aboutir à des solutions qui sont toujours aidantes pour la personne en situation de fragilité.
« Il faut à tout prix faire perdurer ce dispositif d’accompagnement, confie Guy Péran. Car les difficultés des agriculteurs ne diminuent pas, bien au contraire. La présence de conseillers chambre d’agriculture compétents dans l’ensemble des productions drômoises est un atout. Tout comme celui des travailleurs sociaux de la MSA. »
Christophe Ledoux