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Consommation

Qui sont les consommateurs d’aujourd’hui ?

Les tendances alimentaires sont multiples et parfois difficiles à identifier. Le consommateur est de plus en plus complexe. Il semble vouloir manger local, sain, sans gluten, etc. Il est pressé et veut pouvoir acheter sans bouger de son canapé, mais parfois il ne dispose que d’un petit budget.

Qui sont les consommateurs d’aujourd’hui ?


«Les consommateurs sont de plus en plus complexes, il n'y a plus une tendance dominante mais plusieurs qui se croisent », explique Yves Puget, directeur de la rédaction de la revue LSA. Parmi eux, la génération Y, les moins de 30 ans, « souhaite donner du sens à son alimentation afin qu'elle soit en phase avec ses valeurs, estime Sylvain Zaffaroni, cofondateur de Cook-Innov. Cette génération souhaite manger plus sain et avoir une alimentation qui respecte l'environnement et le bien-être animal ». La première tendance alimentaire identifiée par l'expert est l'innovation en matière de saveur mais aussi de design. Les boissons et les produits sains sont aussi plébiscités par la génération Y. L'alimentation « sans » et le flexitarisme étant également des tendances émergentes. Pour Sylvain Zaffaroni, les produits à base de protéines végétales sont des innovations porteuses.

Un consommateur pressé qui veut manger sain

Dans les grandes villes « 40 % des consommateurs sont définis comme des ultras pressés » (selon une étude du Credoc), mais qui veulent aussi manger sain. Les moins de trente ans, s'ils sont pressés, sont aussi adeptes « de recettes de grand-mère » et de produits locaux de qualité. Pour Yves Puget, les consommateurs attendent donc des distributeurs de « l'excellence. Il faut être le meilleur sur sa catégorie de produits, miser sur le local, le digital, la montée en gamme et enfin prouver son savoir-faire ».
Le côté sain s'exprime par exemple par une tendance forte chez les consommateurs à « verdir son assiette ». Une étude de l'Ifop pour Lesieur publiée au printemps dernier a par exemple cherché à décrypter la manière dont les Français privilégiaient les végétaux aux produits carnés. Parmi ceux qui disent avoir augmenté leur consommation de produits végétaux au cours des deux dernières années, soit 41 % des Français, cela s'est fait surtout au profit des légumes et des fruits, et moins en faveur des légumes secs et des produits à base de soja. Selon l'étude, ces consommateurs sont majoritairement des femmes, habitant plutôt dans des grandes villes.
La première raison évoquée par ce verdissement est la recherche d'un équilibre alimentaire et d'un bénéfice pour la santé. La naturalité et le respect pour l'environnement sont cités par respectivement 30 % et 24 % des répondants, suivi d'une volonté de profiter de produits apportant du plaisir.
À l'avenir, l'étude souligne que 50 % des personnes interrogées vont augmenter leur consommation de végétaux. Cette étude est à mettre en regard du recul de la consommation de certaines viandes notamment du lapin (- 13 %), qui fait certainement aussi les frais de la médiatisation des conditions d'élevage en cage. Pour la volaille et c'est nouveau, la consommation à domicile a reculé de 1,3 % par rapport à l'année dernière.

Un budget alimentation limité

Ces tendances touchent plutôt les habitants des classes moyennes et des grandes villes. Il faut également rappeler comme le souligne une publication du Credoc que 45 % des Français estiment avoir des difficultés budgétaires. Selon l'Insee, 48 % des ménages appartiennent ainsi à la catégorie des consommateurs modestes et 21 % ont des bas revenus, soit moins de 1 022 euros par personne et par mois. L'alimentation est ainsi souvent considérée comme « la variable d'ajustement dans le budget de ces Français. Le logement, l'électricité, les prêts, les abonnements téléphoniques passent avant l'alimentation », souligne Jean-Louis Lambert, sociologue et économiste. Pour la diététicienne Caroline Rio, « les consommateurs ayant un faible budget sont désorientés en raison de la multiplication des injonctions pour manger mieux, manger moins de ceci, moins de cela. Ils se sentent donc jugés et stigmatisés car ils ne peuvent répondre à toutes ces injonctions alors qu'ils mènent un combat quotidien pour se nourrir ». 

 

Filière viticole / Les 18-30 ans ont une autre façon de consommer le vin

La génération dite « Y », celle des personnes nées entre 1980 et 2000, se réapproprie le vin à sa manière. On sait que les jeunes générations en boivent moins. La part des 18-30 ans consommant du vin au moins une fois par semaine est en effet passée de 39  à 31 % en 2013. Pour les autres boissons alcoolisées (bières et alcools), cette part s’est maintenue à 40 %, rappelle Thierry Mathé, chargé de recherche au Crédoc, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, qui dépend de Bercy.Une consommation plus conviviale et raisonnéeCette diminution de la fréquence s’accompagne d’une façon plus qualitative de consommer, d’après le Crédoc. La consommation chez les 18-30 ans est de plus en plus conviviale : 4 % seulement des prises de vin se font seuls (année 2013) contre 9 % en 2003. L’apéritif dînatoire « est aujourd’hui devenu une nouvelle forme de repas autour du vin », a relevé l’étude du Crédoc. La fréquence des apéritifs dînatoires est plus importante dans cette classe d’âge que chez les plus âgés. Ainsi, ils sont 28 % à participer deux à trois fois par mois à des apéritifs dînatoires et 32 % une fois par mois, alors que pour les plus de 50 ans la fréquence tombe à 8 % et 24 % respectivement. Les jeunes Français apprennent à apprécier davantage le vin à partir de leur propre expérience qu’à partir de critères transmis par le savoir. « Le vin est en premier bu avec des amis, puis en famille, alors que pour les plus âgés il est d’abord bu en famille », a commenté Thierry Mathé. C’est une façon « plus expérimentale de construire son identité, où il s’agit moins de savoir que d’expérimenter », a-t-il précisé.Des jeunes séduits par les vins « responsables »La filière viticole figure à l’avant-garde des démarches d’agriculture durable et de consommation responsable. L’influence croissante de la consommation « responsable » dans le milieu du vin se traduit notamment par l’explosion des ventes de vins bio. D’après un travail d’enquête du cabinet Sowine auprès des consommateurs à Paris et à New-York, les 21-35 ans sont plus nombreux à acheter régulièrement des vins labellisés « responsables » que leurs aînés de la catégorie 56-65 ans. À Paris, les jeunes sont 35 % et 22 % à New-York contre 30 % et 15 % pour les aînés. Les ventes de vins bio ont triplé en France en sept ans pour atteindre 1,2 milliard d’euros tandis que le vignoble cultivé en agriculture biologique ne cesse de progresser avec désormais 9 % des surfaces totales. Mais le bio n’est pas la seule démarche responsable. Une multitude de démarches cohabitent dans le secteur avec les vins produits en biodynamie, les vins naturels, issus de l’agriculture raisonnée, solidaires, etc.