Arboriculture
Fruits d’été : une saison 2022 jugée « satisfaisante »

En fruits d’été, la saison 2022 est jugée « satisfaisante » par Bruno Darnaud, arboriculteur à La Roche-de-Glun et président de l’AOP pêches et abricots de France. Explications.

Fruits d’été : une saison 2022 jugée « satisfaisante »
« Globalement, avec un bon début de saison, une meilleure mise en avant des fruits français et des prix bons et stables malgré l’inflation, on peut estimer que la saison 2022 est satisfaisante », indique Bruno Darnaud. ©AD26

Avec un été chaud et caniculaire, comment s’est déroulée la saison de pêches, nectarines et abricots ?

Bruno Darnaud : « Tout d’abord, sur les volumes d’abricots et de pêches de l’ensemble des vergers de l’Hexagone, nous observons une baisse de 15 % par rapport aux prévisions établies due aux effets de la canicule. Ensuite, sur le déroulé de la campagne, le planning des récoltes a été très en avance en juin mais il s’est ensuite rétabli. Comme nous avions bien préparé la saison avec les distributeurs, l’avance prise en juin a offert une bonne visibilité aux fruits français dans les rayons des grandes surfaces. Et ce d’autant plus que les vergers espagnols, après un fort gel, ont très peu produit. J’ajoute que les grosses chaleurs, qui ont donné des fruits de bons calibres et de forts taux de sucre, ont facilité la consommation. »

Qu’en est-il des prix ?

B.D. : « En matière de prix, nous sommes proches des niveaux de 2021, année de fort gel sur nos vergers français. Globalement, avec un bon début de saison, une meilleure mise en avant des fruits français et des prix bons et stables malgré l’inflation, on peut estimer que la saison 2022 est satisfaisante. Mais le fait marquant est l’absence de l’Espagne. On a d’ailleurs manqué de pêches cette année, ce qui a pu contraindre nos opérateurs à faire des arbitrages entre clients. Bien entendu, il ne faut pas oublier les producteurs impactés par le gel, comme ceux des Baronnies dans la Drôme, ou ceux n’ayant pu irriguer suffisamment leur verger. »

Des tensions sont néanmoins apparues avec certains distributeurs…

B.D. : « En effet, malgré des paramètres au vert en termes de production et de consommation, on a vu apparaître au mois de juin des promotions incompréhensibles dans certaines enseignes de la grande distribution. La preuve est faite que certains distributeurs se moquent de la réalité des marchés, seul compte pour eux l’affichage de prix toujours plus bas. Cette guerre des prix entre enseignes est inadmissible. En réagissant fortement, l’AOP pêches et abricots de France a pu cependant éviter que cette situation perdure. »

Avez-vous mesuré l’impact de la hausse des coûts de production ?

B.D. : « Les coûts de production subissent une hausse très importante. C’est un véritable point noir. Mais à ce jour, il est très difficile de mesurer précisément l’impact sur la main-d’œuvre, l’énergie, le transport, l’emballage. Normalement, avec les prix de cette année, ces hausses devraient globalement être couvertes en pêches. En abricots, ce sera plus hétérogène car les volumes sont moins à la hauteur des espérances. »

Après cette saison, êtes-vous plutôt optimiste pour la suite ?

B.D. : « Oui, je suis optimiste car cette saison 2022 ouvre des perspectives. La consommation a été bonne avec très peu de critiques négatives de la part des consommateurs. En pêches et nectarines, c’était déjà le cas depuis quelque temps. Mais en abricot, où la qualité faisait l’objet de grosses critiques, la saison 2022 s’est bien passée. Quant aux prix, il semble que l’on ait réussi à les stabiliser. »

Propos recueillis par Christophe Ledoux

A lire également, les témoignages du directeur de Rhoda-Coop et de Laurent Favel, arboriculteur à Donzère.

Assurance multirisque climatique (MRC) : des tarifs qui chuteraient mais…

Le vote du Parlement, le 2 mars dernier, de la loi en faveur de la réforme de l’assurance récolte a été saluée par le monde agricole. Son ambition est d’encourager dès 2023 le maximum d’agriculteurs à s’assurer face aux conséquences du changement climatique. En arboriculture, seulement 3 % des surfaces étaient assurées en 2020.

Alors que les arbitrages sur les taux sont en cours, les organisations agricoles proches de la FNSEA (dont la FNPFruits) demandent le subventionnement des cotisations de MRC à 70 % (au lieu de 65 % actuellement) et le déclenchement de l'assurance dès 20 % de pertes (contre 30 % aujourd’hui). Pour cela, 150 millions d’euros doivent s’ajouter aux 600 prévus par l’État. Selon Bruno Darnaud, président de l’AOP pêches et abricots de France, si l’État ajoutait les 150 M€, en arboriculture cela permettrait d’abaisser de 40 % les tarifs actuels. « Mais, précise-t-il, cela resterait encore cher de s’assurer, autour de 1 000 € l’hectare. »

En déplacement le 9 septembre dans le Loiret, sur la fête agricole Terres de Jim, Emmanuel Macron s’est engagé à rallonger 80 M€, portant l’enveloppe à 680 M€ afin de « permettre, y compris aux filières qui étaient à 25 % [de seuil de déclenchement de l’assurance], d’aller aux 20 % pour créer un appel d’air et une vraie attractivité au système d’assurance » (lire par ailleurs).

C. L.