LAIT DE MONTAGNE
Le Gaec de l’Echarasson cherche un associé

En plein cœur du territoire de l’AOP Bleu du Vercors-Sassenage, le Gaec de l’Echarasson recherche un candidat à l’installation pour préparer le départ en retraite de l’un des associés.

Le Gaec de l’Echarasson cherche un associé
Alain et Vincent Drogue produisent entre 230 et 250 000 litres de lait en bio et AOP Bleu du Vercors-Sassenage. © Capture écran vidéo répertoire à l'installation.

D’ici deux ans, Alain Drogue devrait faire valoir ses droits à la retraite. Avec son fils Vincent, 29 ans, ils sont à la tête d’un troupeau d’une cinquantaine de vaches laitières à Saint-Julien-en-Vercors. L’exploitation livre l’intégralité de son lait, entre 230 et 250 000 litres selon les années, à la coopérative Vercors Lait. « Toute notre production est valorisée depuis 1998 en appellation* Bleu du Vercors-Sassenage. Depuis 2000, nous produisons également en bio », précise Vincent Drogue. Chaque année, Vercors Lait fixe avec ses adhérents le prix de base pour les douze mois à venir. Pour la campagne en cours, celui du lait bio a été établi à 465 euros les 1 000 litres (lire ci-dessous). « En moyenne, nous nous situons plutôt autour de 480 euros », indique le jeune éleveur.

Le système est satisfaisant pour les deux associés mais il doit à présent perdurer avec la perspective du départ d’Alain. Père et fils ont pris les choses en main en contactant la chambre d’agriculture de la Drôme en juin dernier. Leur offre pour accueillir un nouvel associé a été inscrite au répertoire départ installation. Pour inciter des candidats à se lancer dans l’aventure, une vidéo de présentation du Gaec de l’Echarasson a été réalisée. Les images, tournées en septembre dernier, laissent entrevoir les atouts du cadre de vie et de travail du territoire (voir ci-dessous).

« Gagner ma vie dans de bonnes conditions »

Les ambitions affichées par Vincent Drogue sont claires également. « Mon objectif : gagner ma vie dans de bonnes conditions de travail, résume-t-il. Les perspectives avec un nouvel associé serait de continuer à investir pour optimiser le temps de travail notamment grâce à un système de paillage automatique. Chacun doit pouvoir prendre un week-end sur deux et une semaine de vacances sans que l’autre soit débordé sur l’exploitation. »

Autre enjeu de taille pour les années à venir, adapter le système au changement climatique. Le Gaec exploite 120 hectares tout en herbe. Le cahier des charges de l’AOP impose que la ration de base soit assurée par des fourrages provenant exclusivement de l’aire géographique : herbe pâturée, foin ou herbe enrubannée (au maximum 40 %). « Cette année, nous avons du foin en quantité, souligne Vincent Drogue. Cela devrait nous permettre de diminuer les concentrés et de passer d’un point de vue économique malgré l’augmentation des coûts des aliments en bio. » En moyenne, l’exploitation en achète autour de 30 000 euros par an.

Identifier de nouvelles variétés fourragères

Sur les fourrages, l’éleveur estime qu’il faut se préparer à des saisons plus difficiles. « Une analyse des données sur notre exploitation entre 2012 et 2020 confirme que, selon les années et les parcelles, nous avons perdu jusqu’à 30 % de récolte en huit ans, confie Vincent Drogue. Avec la chambre d’agriculture, nous lançons sur le secteur une réflexion pour identifier de nouvelles variétés fourragères qui résistent mieux au sec. » Jusqu’à présent, le Gaec sème chaque année trois à quatre hectares pour renouveler ses parcelles. « Nous allons certainement devoir intensifier ce renouvellement. Les semences auront un coût mais dans notre système AOP et bio, il nous faut éviter les achats de fourrage, détaille encore l’éleveur. Heureusement, nous disposons déjà du matériel de travail du sol en cuma sur Saint-Julien et Saint-Martin-en-Vercors. »

Vincent Drogue se réjouit que son territoire soit « relativement dynamique » en production laitière grâce à une vague d’installations qui a rajeuni les exploitations ces dix dernières années. Un dynamisme certainement lié aussi à l’implication de chacun, notamment au sein de la coopérative Vercors Lait et du syndicat Interprofessionnel du Bleu du Vercors-Sassenage (Siver) pour promouvoir ce fromage. « Faire partie de l’AOP, ça amène des obligations : participer aux animations, organiser la Fête du Bleu du Vercors-Sassenage, être présent au Salon de l’agriculture… Mais ces bons moments font aussi la force de notre coopérative », reconnait-il. Reste à espérer que cette image positive du métier d’éleveur puisse convaincre un futur associé de rejoindre le Gaec de l’Echarasson.

Sophie Sabot

*Appellation d’origine contrôlée (AOC) depuis 1998 et d’origine protégée (AOP) depuis 2001.
Vercors Lait : Intégrer les surcoûts d’une production en zone de montagne
Basée à Villards-de-Lans, la coopérative Vercors Lait transforme 7 millions de litres de lait chaque année. © Vercors Lait

Vercors Lait : Intégrer les surcoûts d’une production en zone de montagne

Basée à Villars-de-Lans, la coopérative Vercors Lait transforme l’intégralité du lait collecté auprès d’une trentaine d’exploitations (en Drôme et majoritairement Isère), soit 6,5 millions de litres dont 1,8 en bio. Elle achète également à Sodiaal 500 000 litres de lait bio. « Nous fabriquons, entre autres, 400 tonnes de fromage AOP Bleu du Vercors Sassenage et 40 tonnes d’IGP Saint-Marcellin bio », précise Philippe Guilloud, à la tête de l’entreprise depuis 2008. Vercors Lait réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires. La valorisation des fromages doit à la fois permettre de rémunérer les éleveurs mais aussi d’absorber les surcoûts liés à la collecte en zone de montagne (30 à 40 % de plus qu’en zone de plaine). « Nous devons l’intégrer dans le prix de revient de nos fromages, résume le directeur. 30 % de notre business se fait dans nos propres magasins, 30 % avec des grossistes, 20 à 25 % sur les réseaux de magasins bio, le reste en grande distribution. » 

Sur le prix du lait bio, il estime qu’il y a chez Vercors Lait « une bonne dynamique » malgré des tendances à la baisse sur le plan national. « Nous sommes sur de petits volumes que nous sommes capables de valoriser sur une niche bien spécifique en Saint-Marcellin bio », explique-t-il. 

Côté volumes, il redoute une baisse liée aux départs à la retraite prévus dans les prochaines années. C’est pourquoi il veut faire passer le message : l’outil coopératif et ses résultats actuels offrent de la sécurité aux producteurs. Illustration par le prix : celui voté pour la campagne en cours (octobre 2021 - octobre 2022) est de 365 euros les 1 000 litres en conventionnel et 465 en bio. A ce prix de base s’ajoutent 4,5 euros de frais de gestion du tank pris en charge par la coopérative. 

S.S