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Ruminants

Prévenir l’acidose chez la vache laitière

Chez les bovins, l’acidose se caractérise par une baisse du pH trop importante dans le rumen. La plupart des états d’acidose ne provoquent pas de symptômes graves. Mais ils peuvent entraîner des pathologies : inflammation du sabot, pousse de corne, perte d’appétit et blocage de la rumination.
Prévenir l’acidose chez la vache laitière

Suite à la mort d'un troupeau de 80 laitières à cause d'un dysfonctionnement d'un distributeur automatique de concentrés ayant entraîné une acidose aiguë chez les bovins, il convient de rappeler ce qu'est l'acidose et quels sont les moyens de lutter contre.
Le rumen est un fermenteur dans lequel les micro-organismes transforment en permanence une grande partie des aliments en acides gras volatils (AGV) qui font baisser le pH du rumen : c'est l'acidose. Les AGV sont neutralisés par la salive à condition que la vache consomme suffisamment de fibres. Les plus sensibles à l'acidose sont les primipares, les animaux en début de lactation et les plus fortes laitières. Les rations riches en énergie fermentescible dans le rumen et pauvres en fibres favorisent ce phénomène.
Comment détecter rapidement l'acidose ?
Pour confirmer un état d'acidose, Michel Vagneur, vétérinaire, propose une solution simple mais efficace : l'observation des bouses. Après en avoir rincé un échantillon, des grains et des fibres non digérées sont le signe d'une mauvaise digestion et donc d'un possible état d'acidose.
L'acidose est à suspecter dès que l'un des sept critères qui suivent est positif :
• des bouses mal digérées ;
• des sabots trop longs avec des déplacements difficiles ;
• une ration très riche en énergie fermentescible ;
• une consommation irrégulière de fibres longues ;
• des transitions alimentaires trop rapides ;
• une baisse ou irrégularité de l'appétit et de la production ;
• une baisse ou anomalie du taux butyreux.
En curatif ou en préventif, il y a cinq stratégies de « lutte intégrée contre l'acidose » à appliquer ensemble :
• Distribuer 200 grammes par jour de tampon ou de bicarbonate de sodium ;
• augmenter le niveau de fibres ;
• fractionner les aliments concentrés ;
• optimiser le fonctionnement ruminal ;
• diminuer les aliments fermentes cibles.
La ration doit « piquer au toucher », explique le docteur Michel Vagneur. « La fibre idéale est un bout court d'aliment léger et piquant comme la paille », indique-t-il. « Dans un système maïs par exemple, l'idéal serait de donner du foin avant le concentré et l'éleveur sera gagnant. Cette couche va stimuler la rumination et la salivation. » 

Michel Vagneur, docteur vétérinaire, consultant Solvay - Source : GDS Info 38

 

La ration alimentaire des vaches est composée à 80 % d’herbe

L’Institut de l’élevage et le Centre d’information des viandes (CIV) ont rédigé une fiche pour détailler la réalité de l’alimentation des vaches laitières et des vaches allaitantes. En voici certains éléments.
Selon une étude réalisée en 2012 par l’Institut de l’élevage dans 660 exploitations spécialisées en bovins lait et bovins viande, la ration moyenne des vaches laitières et allaitantes est composée en France à 80 % par des fourrages, principalement sous forme d’herbe pâturée, de foin, d’ensilage ou de maïs d’ensilage. En moyenne, l’herbe représente 65 % et le maïs ensilage
19 % de la ration des cheptels laitiers et allaitants. Pour équilibrer la ration, on apporte aux animaux de l’énergie sous forme de céréales cultivées le plus souvent sur l’exploitation et des protéines végétales sous forme de protéagineux et de tourteaux (soja, tournesol, colza). Cette part de la ration constitue les « aliments concentrés » qui représentent 14 % de la ration et sont pour un tiers d’entre-eux produits sur l’exploitation. Le reste provient de l’agriculture française, sauf pour 2,5 % de tourteaux de soja qui sont principalement importés du continent américain. Selon Monique Laurent, chef de projets à l’Institut de l’élevage, l’utilisation d’un distributeur automatique de concentrés (Dac) permet à l’éleveur de gagner un précieux temps et conduit, au final, « à une meilleure gestion de l’alimentation car elle est individualisée. C’est pesé, dosé, précis et ça n’a rien à voir avec l’industrialisation de l’agriculture car le troupeau va toujours au pré ». Elle rappelle qu’une vache consomme environ 80 kilos d’herbe par jour (16 kilos de matière sèche) et seulement 4 kilos de compléments qui sont constitués de céréales et tourteaux. Le Centre d’information des viandes indique que les ruminants (bovins, ovins, caprins) pâturent et valorisent l’herbe de 10 millions d’hectares de prairies perma-
nentes localisées souvent dans les zones difficiles et défavorisées où l’herbe reste la principale ressource fourragère pour alimenter les cheptels. 
S. B.