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ACTION SYNDICALE

Pêches et nectarines : « visite de courtoisie » pour vérifier l’origine

Le 26 juin, les responsables de la section fruits de la FDSEA de la Drôme ont effectué « une visite de courtoisie » dans un magasin de l’enseigne Intermarché. Objectif : rappeler que le basculement vers l’origine France en pêches et nectarines est indispensable alors que les récoltes battent leur plein.

Pêches et nectarines : « visite de courtoisie » pour vérifier l’origine
Des pêches et nectarines 1er prix origine Espagne, objets de l’action des arboriculteurs dans cette enseigne Intermarché de Bourg-lès-Valence. ©S.S.-AD26

« Il y a aujourd’hui 7 000 tonnes de pêches et nectarines françaises en frigo. Or, pour certaines enseignes de la GMS, on constate que le taux de bascule du produit espagnol vers le produit français est encore trop faible », a expliqué Régis Aubenas, responsable de la section fruits de la FDSEA de la Drôme, le 26 juin dans les locaux d’Intermarché à Bourg-lès-Valence. Ce matin-là, avec trois autres arboriculteurs drômois, il était venu constater la présence de barquettes de pêches et nectarines 1er prix origine Espagne. « Pourtant, on a tout ce qu’il faut dans les frigos pour fournir les GMS et leurs centrales d’achat, du 1er prix au haut de gamme », a rappelé l’arboriculteur.

Pendant une trentaine de minutes, les quatre producteurs présents, Régis Aubenas, Grégory Chardon, Anthony Oboussier et Antoine Darnaud ont pu échanger avec le directeur du magasin et le responsable du rayon fruits et légumes. « Dans votre rayon, en 1er prix, tout est espagnol. Or sur son site internet, Intermarché annonce vouloir privilégier l’origine France. Du 1er prix France, on peut vous en sortir sans problème », a indiqué Régis Aubenas. Pas si simple, a répondu le directeur du magasin. « Je suis obligé de mettre en rayon du 1er prix et, dans cette catégorie, la centrale ne me proposait que de l’origine Espagne. Je n’ai pas vraiment le choix, je ne pèse pas grand-chose en tant que magasin », s’est justifié le directeur. Et d’expliquer qu’il est prêt à acheter du 1er prix origine France à des producteurs locaux si on lui en propose. Mais, là aussi, sa marge de manœuvre reste étroite puisque l’enseigne ne lui autorise qu’une part infime d’achats en direct.

« Certaines enseignes jouent mieux le jeu »

Pour Régis Aubenas et Grégory Chardon, responsable de la section fruits à l’échelon régional de la FRSEA, le message était clair : « Il faut faire remonter aux centrales d’achat que vous voulez du 1er prix français ». Sans quoi, rappellent les producteurs drômois, en achetant des premiers prix en Espagne, les enseignes entretiennent une spirale qui peut rapidement entrainer les pêches françaises vers une crise de commercialisation.

Bonne nouvelle toutefois, le responsable du rayon fruits et légumes a pu montrer aux producteurs que, le jour même de leur visite, son interface de commande avec la centrale d’achat lui proposait enfin des pêches et nectarines 1er prix origine France, ce qui, selon lui, n’était pas le cas deux jours auparavant. « Certaines enseignes ont mieux joué le jeu que d’autres, a confié Régis Aubenas, s’appuyant sur des données nationales. Par exemple Lidl est à 95 % sur du produit français depuis dix jours déjà [à la date du 26 juin, ndlr], alors qu’hier, Intermarché était encore à 38 % d’origine Espagne. » Il a également souligné que les récents relevés Kantar démontrent que la consommation à date en juin est au même niveau qu’en 2023. « Ce n’est donc pas un problème de consommation si nous avons des pêches en stock mais bien un problème d’origine. La bascule sur l’origine France s’est faite dix jours trop tard », a-t-il déploré.

Blocage si nécessaire

Après cette « visite de courtoisie », les producteurs de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs de la Drôme comptent bien rester particulièrement vigilants sur les comportements de la grande distribution. « Si ça ne réagit pas dans le bon sens, on ira bloquer des centrales d’achat », ont-ils averti. Et de rappeler : « Cet hiver, suite aux actions des agriculteurs, toutes les centrales d’achat avaient dit “OK, on achète français”. Sans oublier le discours politique ambiant qui est de dire on défend l’origine France. » Nul doute que dans les semaines à venir, les producteurs seront bien plus attentifs aux actes qu’aux beaux discours.

Sophie Sabot

Les arboriculteurs drômois ont échangé pendant une trentaine de minutes avec le directeur du magasin et le responsable du rayon fruits et légumes. ©S.S.-AD26