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ACTION COLLECTIVE

Pastoralisme : l’Adem au service des éleveurs

L’association départementale d’économie montagnarde (Adem), service pastoral de la Drôme, a tenu son assemblée générale à Châtillon-en-Diois le 27 juin. L’occasion aussi d’expliquer les nouvelles règles du Feader en faveur des investissements pastoraux et de présenter le projet de regroupement des collectifs pastoraux.

Pastoralisme : l’Adem au service des éleveurs
De g. à d. : Anouk Avons, future directrice de l'Adem, Dominique Narboux, directrice qui prendra sa retraite en septembre, Philippe Cahn, président, Agnès Jaubert, élue au Département en charge de l'agriculture et Eric Vanoni, maire de Châtillon-en-Diois. ©S.S.-AD26

Petite équipe mais vaste bilan*. C’est ainsi que l’on pourrait résumer le rapport d’activité présenté par l’Adem lors de son assemblée générale à Châtillon-en-Diois fin juin. « Les services ont fait du boulot », a insisté Philippe Cahn, président de la structure en introduction de cette rencontre. Parmi les actions historiques menées par l’Adem, il y a bien sûr l’accompagnement des communes, des groupements pastoraux (GP), des collectifs pastoraux (CP) ou des associations foncières pastorales (AFP) pour la réalisation d’équipements (conseils techniques, montage de dossiers, suivi de travaux). En Drôme, on compte 38 CP, 25 GP et 10 AFP. L’Adem vient aussi en appui pour la rédaction des conventions pluriannuelles de pâturage (CPP) afin de sécuriser et pérenniser la vocation pastorale du foncier drômois. En 2023, elle a contribué à la formalisation de sept CPP, soit 590 ha concernés. L’association est aussi le relais des éleveurs pastoraux auprès des services de l’État, notamment sur les critères d’agrément des groupements pastoraux, validés le 12 septembre 2023 par la commission départementale d’orientation agricole (CDOA).

Changement climatique et estives « pilotes »

Fabien Candy, technicien pastoral, a par ailleurs mis en avant l’action menée depuis trois ans avec le soutien financier du Département pour « mieux conseiller les éleveurs sur les dates de montée et de descente d’estive » dans un contexte de changement climatique. Huit estives « pilotes » sont désormais suivies en Drôme pour mieux comprendre les dynamiques de pousse de l’herbe, analyser les choix des éleveurs, mesurer les densités d’herbe à l’arrivée des bêtes… « Nous constatons sur ce dernier point des variabilités de plus de 70 % d’une année sur l’autre », signale le technicien pastoral. Si cette variabilité a toujours existé, elle est exacerbée par le changement climatique, d’où la nécessité d’une vigilance accrue sur le choix des dates de montée en estive. « Nous travaillons également avec des capteurs d’humidité du sol. Ces suivis existent en grandes cultures mais c’est nouveau en alpage », poursuit-il. L’objectif est de relier ces données à la mortalité des couverts végétaux et de mieux cerner leur capacité à se reconstituer ou non, bref, d’estimer leur résilience face au changement climatique.

Sensibilisation au multi-usage

Autre gros volet sur lequel travaille l’Adem : la prédation. Aux côtés de ses homologues du réseau pastoral Auvergne-Rhône-Alpes et du Cerpam, l’Adem poursuit le développement de l’outil Maploup.fr, financé par la Région Aura. Maploup fournit la carte en temps réel des suspicions d’attaque et adresse aux éleveurs, bergers ou élus inscrits une alerte automatique par SMS ou mail lorsqu’une attaque se produit à moins de 10 km. Sur le volet du multi-usage de l’espace pastoral, notamment sur la question de la présence des chiens de protection, l’Adem a été la cheville ouvrière de l’outil Map Patou, qui renseigne les randonneurs sur la présence de troupeaux protégés.

L’Adem déploie également des moyens pour sensibiliser le grand public aux enjeux du pastoralisme. En 2023, elle a co-porté avec le syndicat de la Clairette et des vins du Diois une nouvelle formule de la Fête de la transhumance, à Châtillon-en-Diois, plus axée sur les productions agricoles du territoire. Une formule renouvelée avec succès en 2024. L’équipe de l’Adem mène également des actions pédagogiques sur le thème du pastoralisme auprès des écoles du territoire de Valence Romans Agglo. Objectif, entre autres : éduquer les futurs jeunes randonneurs au multi-usage des espaces pastoraux.

« Nous sommes à votre service »

« À l’Adem nous croyons au collectif. Aux collectifs d’éleveurs, mais aussi au travail avec nos partenaires des autres services pastoraux de la région, du réseau alpin, de la chambre d’agriculture, de la Safer, des services de l’État, de la Région, du Département, des territoires », a réaffirmé Philippe Cahn.

Deux interventions d’éleveurs ont rapporté une défiance nouvelle de certains de leurs collègues vis-à-vis des structures œuvrant pour les accompagner. Une impression, a résumé l’un d’eux, que ces structures « gagnent de l’argent sur leur dos ». Philippe Cahn n’a pas souhaité polémiquer sur ce sujet. Il a rappelé qu’en Drôme et Auvergne-Rhône-Alpes, le pastoralisme est « particulièrement bien soutenu », à la fois par des aides aux équipements qui bénéficient aux éleveurs ou par des subventions aux structures pour mener des actions au service de l’élevage. « Les éleveurs ne sont pas à l’abri des fake-news, a averti le président. Nous sommes à votre service. Notre défense c’est notre bilan. »

Sophie Sabot

* En 2024, l’équipe représente 4,1 équivalents temps plein. Le rapport d’activité complet sera disponible sur le site www.adem-drome.fr
Mesure 207 du Feader

Nouvelles règles pour les investissements pastoraux

Dans le cadre de la nouvelle programmation 2023-2027 du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), la Région Auvergne-Rhône-Alpes a souhaité sécuriser certaines règles d’attribution. Ainsi sur la  mesure 207 (investissements pour améliorer les conditions des éleveurs en espace pastoral), jusqu’à présent c’était le collectif (association ou collectif pastoraux, Sica…) qui portait le dossier pour le compte de l’éleveur et percevait la subvention. L’investissement était ensuite rétrocédé à l’éleveur dès réception. Or la Région Aura redoutait un risque juridique dans ce fonctionnement puisque le collectif restait responsable des matériels financés durant la durée des engagements attributifs (trois ans après la demande de solde de la subvention) alors que le matériel avait déjà été rétrocédé. Dorénavant, dans le cas d’un équipement individuel, les éleveurs seront éligibles à la mesure 207 dans le cadre des PPT à condition de justifier adhérer à un collectif pastoral ou détenir des parts dans une Sica. Le collectif ou la Sica devra préalablement valider le projet de l’éleveur qui sera ensuite examiné par le comité de pilotage du PPT. Lors de l’assemblée générale de l’Adem, certains éleveurs ont fait remonter des difficultés face au montant minimum d’investissements à réaliser pour déposer un dossier Feader (5 000 euros) et à la trésorerie que cela représente. Antonin Delisle du Département de la Drôme a incité à se tourner si nécessaire vers d’autres dispositifs avec des minima moins élevés comme le plan départemental ovin, ou, a souligné Natacha Salles de la Région, vers les mesures régionales « eau en élevage ».

S.S.

Collectifs pastoraux en Drôme

De 38 CP vers 5 « super » CP

Nés au début des années 1990, les premiers « collectifs pastoraux », regroupant les éleveurs par secteur, sont désormais 38 en Drôme. L’Adem vient d’initier une démarche pour proposer un regroupement de ces 38 CP en vue d’aboutir à la constitution de 5 « super » CP dont le périmètre géographique pourrait être calqué sur celui des plans pastoraux territoriaux (PPT). L’Adem y voit un double enjeu : renforcer la réflexion concertée voire les investissements communs qui peuvent bénéficier de taux de subvention de 70 % dans le cadre des PPT mais aussi simplifier la gestion de ces CP d’un point de vue administratif. Pour Dominique Narboux, directrice de l’Adem, et Anouk Avons, qui la remplacera dès septembre prochain pour cause de départ en retraite, redéfinir les territoires est important. Il s’agit notamment de « combler des trous dans la raquette » pour des territoires sans collectif ou sur un secteur où les collectifs en place n’acceptent plus de nouveaux éleveurs. C’est aussi un moyen de redynamiser les gouvernances avec des collectifs qui s’essoufflent et ont parfois du mal à renouveler président ou trésorier… Les cinq « super » collectifs pourraient concerner le Diois, le Royans-Vercors et contreforts, les Baronnies, le bassin Montélimar-Bourdeaux-Dieulefit et la vallée de la Drôme. Les réunions ont déjà eu lieu sur les trois premiers territoires. La démarche est lancée pour les super collectifs du Diois et du Royans-Vercors. Les discussions sont plus crispées dans les Baronnies où certains éleveurs rejettent le nouveau périmètre proposé. Autour de Montélimar et en vallée de la Drôme, les discussions démarreront prochainement. Et Philippe Cahn de conclure : « L’Adem n’impose rien sur ces périmètres. Ce sera la volonté du terrain ». 

S.S.