« Nous formons des bouchers qui iront à la rencontre des éleveurs »
Le président de Système U explique la démarche consistant à former des bouchers, qui permettront aussi de valoriser les démarches qualitatives des producteurs, avec lesquels des liens de partage de connaissance vont être noués.

D'où vient la décision de la coopérative U de créer son propre cursus de formation de bouchers via un Centre de formation des apprentis CFA ?
Dominique Schelcher : "Notre décision est tout d’abord motivée par la difficulté que nous rencontrons à recruter dans les magasins du personnel pour nos rayons métiers, et en particulier à la boucherie. Mais également parce que nous sommes persuadés que pour valoriser ces produits dans les rayons, il faut un savoir-faire et une compétence de la part des personnes qui y travaillent, et cela doit passer par une formation qualifiante. Le recours au CFA d’entreprise, permis par la loi dite « Avenir » de septembre 2018, nous offre l’opportunité d’apporter une réponse sur mesure aux magasins avec une part de l’enseignement adapté à l’environnement du point de vente tout en offrant aux apprentis la perspective d’un diplôme reconnu et d’un emploi."
Combien de magasins se sont engagés, pour former combien d'apprentis, et pour quel type d'apprentissage ?
D.S : "Pour cette première promotion, 80 magasins se sont engagés dans la démarche pour quatre classes dédiées U accueillant plus de 40 apprentis, et ceci sur l’ensemble du territoire. Le contrat d'apprentissage préparant au CAP Boucher se déroule sur un an avec un rythme de trois semaines en magasin et une semaine en CFA. 20 % des enseignements sont dispensés par le CFA U, conformes à ses valeurs d'ancrage dans les territoires et en connexion avec la filière. Ainsi, dans le cadre des modules spécifiques, les apprentis, encadrés par nos moniteurs, vont à la rencontre des éleveurs et des abattoirs travaillant avec les magasins."
Cet apprentissage pourrait-il permettre d'apporter plus de connaissance dans le rayon boucherie sur les qualités, origines, productions locales à destination des consommateurs et donc apporter plus de valeur ajoutée ?
D.S. : "On le voit aujourd’hui dans les rayons métiers, le consommateur est prêt à acheter plus si on lui donne des « gages » et qu’on le renseigne par exemple sur l’origine, les conditions d’élevage et d’abattage… Pour nous ceci va de pair avec la formation, d’ailleurs en plus de la formation propre au diplôme nous insistons dans le cadre de la formation sur des thématiques qui interrogent certains de nos clients comme le bien-être animal, la transition écologique ou la sécurité alimentaire…"
Cet engagement pourrait-il bénéficier aux producteurs – notamment ceux de races à viande ou de volaille de qualité – dans une sorte de continuum de leur propre démarche qualitative ?
D.S. : "Nous y sommes favorables notamment dans le cadre de nos modules spécifiques dédiés à la nouvelle alimentation. Cela serait en effet l'opportunité de promouvoir leur démarche qualitative dans un cadre pédagogique à destination des futurs professionnels de la boucherie. Pour mieux vendre et justifier de la valeur ajoutée, il est nécessaire que ceux qui sont en contact avec les clients connaissent mieux les atouts des produits."
Pourrait-il y avoir des échanges entre U et des fédérations de producteurs dans le cadre d'un partage de connaissances au bénéfice des apprentis bouchers ?
D.S. : "Tout à fait. Nous travaillons à l'élaboration de nos propres ressources pédagogiques et sommes ouverts à un élargissement qui bénéficierait à nos apprentis bouchers."