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Semis

Moduler la densité de semis à la parcelle

Après la modulation des doses d’engrais et de produits phytosanitaires, les constructeurs de machines agricoles proposent désormais des semoirs capables de faire varier la densité de semis à une échelle intra-parcellaire.


Moduler la densité de semis à la parcelle

La modulation de la densité de semis s'inscrit dans une logique d'agriculture de précision, un concept qui a démarré aux États-Unis dans les années 1980. L'idée était de prendre en compte la variabilité de la productivité intra-parcellaire afin d'adapter ses intrants, et récemment sa dose de semis, au potentiel de rendement à l'intérieur d'une même parcelle.

Des mesures de rendement par moissonneuses, satellites ou drones

Les premiers instruments de positionnement GPS et de mesure du rendement ont d'abord été embarqués sur les moissonneuses-batteuses. Pour cela, des capteurs de poids étaient installés sur l'élévateur de trémie et pesaient en continu le grain qui montait. Ensuite, le calculateur embarqué cartographiait la parcelle avec des centaines de carrés de la largeur de la barre de coupe. Enfin, ces données étaient exportées du calculateur vers l'ordinateur de bureau de l'agriculteur. Il avait ainsi une vue instantanée du rendement de ses micro-parcelles dans son champ. Cette méthode tend aujourd'hui à être supplantée par l'observation satellite et, depuis peu, les drones.
Des sociétés comme Farmstar, Green Housse, Airinov et bien d'autres sont capables de fournir des images multi-spectrales de la culture et renseignent l'utilisateur sur la variabilité statique, c'est-à-dire le « vrai pattern » de son sol.
Ces données ont d'abord été utilisées par différents constructeurs pour moduler les doses d'intrants, engrais et produits phytosantitaires. Depuis peu, quelques-uns d'entre eux ont adapté la modulation sur leurs semoirs monograine, comme par exemple Ribouleau, Maschio, Amazone, Kuhn, Horsh...

Une modulation électronique

« Nous sommes présents sur le marché du semoir monograine à modulation de densité depuis un peu plus d'un an, explique Didier Huguenin, de la société Maschio Gaspardo France . Nous avons d'ailleurs présenté nos différents modèles au dernier Sima à Paris, en février 2017. L'architecture de nos semoirs de la gamme monograine reste la même, sauf pour l'entraînement où nous sommes passés d'un entraînement mécanique à cardan, ce qui était notre spécificité, à une rotation électrique de la distribution. Nous avons même intégré la coupure GPS des rangs pour éviter les recroisements dans la parcelle. Nos boîtiers de modulation travaillent avec des données multi-spectrales fournies par différentes sociétés de services selon la norme Isobus AEF (encadré ci-contre). Avec nos semoirs à entraînement électriques, l'agriculteur a la possibilité d'intervenir manuellement pour faire varier lui-même la densité de semis dans sa parcelle, ou laisser agir la modulation électronique.
Sur les 150 semoirs monograine que nous vendons chaque année en France, nous venons d'en livrer une dizaine à modulation. Les premiers vendus l'ont été dans les régions de production de betterave et dans le Sud-Ouest pour le maïs. Le marché Est du semoir à modulation représente un peu moins de 10 % des machines, mais la demande est là... »
L'achat d'un semoir à modulation s'inscrit dans une démarche globale d'agriculture de précision. C'est le prolongement d'une stratégie d'équipement qui passe par la modulation des doses d'engrais, de produits phytosanitaires et enfin de semences. L'économie d'intrants par hectare peut avoisiner les 200 euros, qui serviront à amortir le surcoût du matériel. Mais cela souligne aussi le souci des agriculteurs à se préoccuper de leur environnement en réduisant les doses grâce à ces techniques de pointe. 

Roland St Thomas

 

La norme Isobus AEF, qu’est-ce que c’est ?

Avec le développement des systèmes électroniques des matériels agricoles, il convenait de trouver rapidement un système de communication entre le tracteur et l’outil compatible entre toutes les marques. Cette réflexion a commencé au début des années 1990 pour ces premiers travaux de normalisation.
Depuis 2008, les constructeurs ont défini la norme Isobus - AEF (Agricultural Industry Electronics Foundation) qui rassemble plus de 150 constructeurs de matériels agricoles. C’est cette norme qui est adoptée pour que les données de cartographies puissent être universellement exploitées par les épandeurs, les semoirs, les pulvérisateurs dans le cadre de la modulation.
Auraparant, la norme Isobus, qui s’est développée en agriculture à partir de 2001, n’était pas forcément un gage de compatibilité. Les constructeurs de matériels utilisaient toutes sortes d’appellations pour leurs systèmes. Par exemple : « prêt Isobus » ou « Isobus version réduite ». L’utilisateur final avait parfois du mal à s’y retrouver.
R. S-T