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MÉDIAS

Mirmande, village préféré des Français ?

L’an dernier, sur France 2, Kaysersberg - dans le Haut-Rhin - avait été sacré village préféré des Français. L’émission présentée par Stéphane Bern revient à l’antenne dans quelques jours. Et si le village de Mirmande s’y distinguait ? Le village perché drômois a été sélectionné pour représenter la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Mirmande, village préféré des Français ?

Une balade dans Mirmande rappelle qu'il s'agit bien là d'un village perché. Mais franchement, difficile de ne pas succomber à son charme. Le calme, son authenticité et la symphonie des couleurs présentes au fil de ses ruelles tortueuses ne peuvent que laisser rêveur. On raconte d'ailleurs que le nom de la cité trouverait son origine dans les termes « mirus » et « mandare », lesquels signifient « admirable » et « dominer ».

La commune estime à 85 000 le nombre de visiteurs chaque année.

Ancienne propriété des Adhémar

L'édification du village commence dès l'époque gallo-romaine. Mais c'est au cours du Moyen-Age qu'il se révèlera pleinement. Les Adhémar feront en effet construire un village fortifié sur la partie haute de la colline, dès la fin du XIIe siècle. Lequel comprenait un château (aujourd'hui démantelé), une église (Sainte-Foy), un cimetière ainsi que quelques habitations. À la fin du XVe siècle, le village se développera peu à peu hors des murs d'enceinte. Un second rempart est alors construit ; la porte des Gaultiers en est d'ailleurs un vestige. Mais c'est au XIXe siècle que Mirmande connaîtra son apogée avec le développement de la sériciculture. On compte alors près de 3 000 habitants.
Les cultivateurs choisissant de construire de grandes fermes dans la vallée, les commerçants, artisans et ateliers de filature se concentrent désormais au bas du village. Le haut, quant à lui, est aussi devenu difficile d'accès. La construction d'une deuxième église est décidée vers 1 830. Elle sera consacrée en 1858, sous le patronage de Saint-Pierre.

Village de caractère

Avec la disparition des élevages de vers à soie au début du XXe siècle, puis la première guerre mondiale, Mirmande entamera son déclin. De nombreuses maisons seront abandonnées, certaines tomberont peu à peu en ruine. Il faut dire que les habitants étaient aussi exonérés d'impôts s'ils enlevaient les toitures... L'église Sainte-Foy s'effondrera également partiellement. Il faudra attendre l'arrivée d'André Lhote, en 1925, avant que le village ne connaisse un second souffle. Le peintre cubiste y installera son académie d'été. Certains de ses élèves et amis y emménageront également. Une empreinte artistique qui demeure encore aujourd'hui. Bon nombre d'ateliers fleurissent en effet derrière les remparts. Parmi eux, des artisans d'art (poterie en terre vernissée, création de perles en verre) ou encore des artistes (sculpteur, peintre, etc.). Une compagnie théâtrale a également vu le jour. L'église Sainte-Foy, aujourd'hui désacralisée et située en haut du village, accueille d'avril à septembre des expositions d'artistes.
André Lhote contribuera par ailleurs au classement aux monuments historiques de l'église Sainte-Foy. Le village sera également préservé de l'urbanisation, au gré des municipalités successives. Le vulcanologue Haroun Tazieff, maire de 1979 à 1989, mettra notamment en place une zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysagé. « Le site est beau, les maisons sont belles, et il y a la nature autour. Il y a une unité », glisse un habitant.

Depuis 18 ans, Odile Cazanave-Pin fabrique des poteries en terre vernissée (fayence rouge décorée et émaillé). Originaire de Pau, elle dit avoir vu le village changer tout doucement. Elle remarque que de plus en plus de personnes viennent à Mirmande en fin de semaine. Parfois même trop. Cependant, elle est heureuse d’avoir retrouvé une boulangerie dans le village.

Production fruitière

Une unité qui se ressent aussi auprès de la population qui, malgré de possibles désaccords, prend plaisir à faire vivre leur village. Ils sont aujourd'hui 567 à peupler la commune, dont une centaine derrière les remparts. Et chacun a à cœur de partager son histoire. Si vous voyez par exemple un linteau monté à l'envers, il se dit volontiers que le propriétaire était un mauvais payeur. Le bistrot situé en face de l'église Saint-Pierre a quant à lui bien d'autres anecdotes à raconter. Car bien avant d'être un café, les lieux accueillaient le presbytère et la chambre du curé... Plus récemment, il a accueilli l'équipe de tournage du film consacré au Facteur Cheval.
Les vers à soie ont quant à eux laissé place à d'autres productions agricoles. Le visiteur d'un jour ne peut en tout cas rater la présence des nombreux vergers. « L'arboriculture a pris de l'essor après la première guerre mondiale, avec les cerises, pêches et abricots. Les kiwis sont arrivés il y a une quinzaine d'années », explique un autre résident. Si certaines surfaces sont réservées aux fourrages, on peut également noter la présence de chênes truffiers. Du maraîchage, de l'apiculture, un élevage ovin ainsi que de la viticulture complètent dans une moindre mesure ce panorama. Des produits que l'on trouve facilement dans les divers commerces du village. Il faut dire que les fruits, ou encore le vin local IGP, sont aussi des fiertés.
Mirmande va-t-il conquérir le cœur de tous les Français ? D'autres sites seront en lice, comme Le Mont Saint-Michel ou encore Roussillon. Les téléspectateurs devront voter en direct. Réponse le 19 juin. 

Aurélien Tournier

 

TOURISME / Les reportages télévisés ont souvent un impact quant à la fréquentation touristique. Et in fine, ce sont des retombées économiques pour le territoire.

Un coup de projecteur supplémentaire

Avec la diffusion  de l’émission Le village préféré des Français, le village de Mirmande a déjà quelque peu gagné. C’est en tout cas l’avis de Benoît Maclin, maire de Mirmande depuis 2014. D’autant que, selon lui, la fréquentation de ces premières semaines a déjà augmenté. Le classement depuis vingt ans parmi les plus beaux villages de France lui assurait déjà un certain coup de projecteur. Le fruit, aussi, d’un travail déjà entamé par la municipalité. Ces quatre dernières années, ce sont par exemple neuf commerces qui ont ouvert au cœur du village médiéval.
En 2017, c’était  un autre village drômois - à savoir La Garde-Adhémar - qui avait déjà été sélectionné pour représenter la région Auvergne-Rhône-Alpes. La fréquentation touristique aurait bondi de l’ordre de 30 %. 
A. T.

ON A TESTÉ POUR VOUS / Entre Mirmande et Marsanne une balade avec des chiens de traîneau

Outre le patrimoine, Mirmande possède un autre atout : les activités de plein air. La commune, qui s’étend sur 2 645 hectares, fait en effet la part belle aux randonnées. De l’accrobranche ainsi que du mushing peuvent aussi être proposés. Il y a quelques jours, L’Agriculture Drômoise a même embarqué dans un attelage emmené par une douzaine de chiens. Ceux-ci, appelés affectueusement Ouragan ou encore Torpille, emmènent leurs passagers du jour dans les bois alentours. Les vues sur la Vallée du Rhône, Livron-sur-Drôme, le Vercors ou encore Saoû, sont plutôt sympathiques. Sans oublier la fraîcheur des sous-bois qui, au regard des températures estivales, est bienvenue. Et ce, même si ces excursions ne se déroulent qu’en début et fin de journée. « Au-dessus de 20 degrés, on ne sort pas », précise Elsa Jougla. Départ sur les hauteurs de la commune. Durée : environ 1 h 30. Tarifs réduits en été. www.experience-mushing.com
A. T.
La balade emmène le passager en forêt.