Mieux maîtriser les volumes disponibles en vins IGP
La fédération drômoise des IGP viticoles vient de tenir son assemblée générale à la Maison des vins de Tain-l’Hermitage. Le point avec son président, Adelin Marchaud.

Que représentent les vins IGP dans la Drôme ?
Adelin Marchaud : « Sur la campagne 2019-2020, le volume de vins IGP produit représente 120 000 hectolitres (hl). Il se répartit en quatre dénominations : l'IGP Collines rhodaniennes (20 000 hl), l’IGP Coteaux des Baronnies (9 500 hl), l’IGP Drôme (18 500 hl). Tout le reste, soit 72 000 hl, est produit en IGP Méditerranée. L'ensemble est fourni par 1 300 vignerons de 167 caves (coopératives et particulières). Le millésime 2020 présente un volume plus élevé que le précédent. A noter, l’aire de l’IGP Collines rhodaniennes s’étend sur la Drôme, l’Ardèche, le Rhône, la Loire et l’Isère. »
Sur l'exercice écoulé, quels ont été les principaux faits marquants ?
A. M. : « La crise sanitaire de la Covid-19 et le gel sont les deux principaux faits marquants. La Covid a impacté le millésime 2019. Cependant, à l’exception du segment café-hôtel-restaurant, nos vins IGP ont globalement été moins touchés par la mévente que d’autres. Lors du premier confinement, beaucoup de consommateurs se sont tournés vers une consommation très locale et vers des vins de rapport qualité-prix très accessible, ce qui correspond totalement au profil de nos vins IGP. Les ventes d’IGP Méditerranée en bag-in-box (Bib) ont même progressé. Sur cette période, nos vins étaient particulièrement bien adaptés au marché. Sur le second confinement, de novembre à mai, la situation a été beaucoup plus compliquée avec des stocks en augmentation sur les trois premiers mois de l’année. Nous avons été particulièrement inquiets sur l'évolution des cours et du marché jusqu’au gel de la nuit du 7 au 8 avril dernier. »
Que représente l’impact du gel sur les volumes à venir ?
A. M. : « A début juin, pour l’IGP Collines rhodaniennes, on estime les pertes à 30 %. Sur l’IGP Coteaux des Baronnies, secteur plus tardif, les pertes sont globalement moindres. En revanche, de Nyons à Bollène, secteur avec une majorité de vins revendiqués en IGP Méditerranée, les pertes sont globalement de 80 %. Les vignobles IGP situés en bas de coteaux ont beaucoup souffert. En IGP Drôme, les pertes sont variables selon les expositions, de l’ordre de 50 %. »
Cela a-t-il déjà un effet sur les cours ?
A. M. : « En début d’année, l’importance des stocks, surtout en IGP Méditerranée, faisait baisser les cours. Les dégâts du gel devraient les faire remonter, ce qui en soi peut sembler positif pour les producteurs. Dans une certaine mesure c'est vrai, mais la spéculation sur le manque a ses limites car ce phénomène de yo-yo peut déstabiliser le marché. Je rappelle qu’en 2017, année de petite récolte, les cours oscillaient en moyenne de 90 à 100 euros par hectolitre (€/hl). Puis, pendant deux ans, ils sont restés au-dessus de 115 €/hl. Début 2021, avant le gel, ils affichaient 95 €/hl de moyenne avec des offres à 80 € l'hl. »
En assemblée générale de votre fédération, vous avez évoqué le dispositif de pérennisation des volumes IGP ? Qu’en est-il ?
A. M. : « Nous sommes confrontés à des variations de volumes conséquentes. Aussi, l’idée de fixer les volumes dans le temps me semble être une bonne orientation afin de limiter ces amplitudes et leurs méfaits sur le marché de nos IGP. Nous seuls, et non le négoce et encore moins la distribution, pouvons influer sur le volume disponible dédié à ce segment IGP. Notre débat en assemblée générale n’a pas encore permis d’aboutir à une solution unanime, certains s’en remettant uniquement à la loi du marché. Par exemple les AOP ont le VCI [volume complémentaire individuel] que nous n'avons pas. Pour les rosés, de toute façon, ce n’est pas la solution. Nous devons continuer à réfléchir car les intérêts des uns et des autres sont divergents. Mais cela me semble indispensable d’aboutir à une maîtrise de nos volumes. C’est un débat ouvert au sein d’Intermed, la fédération des IGP Sud Est. »
Comment s’annonce la prochaine vendange ?
A. M. : « Avec les effets du gel, elle sera faible. Pour l’instant, sur le plan sanitaire, les vignes sont propres. »
Propos recueillis par Christophe Ledoux