Les vignerons indépendants de la Drôme se rapprochent du Vaucluse
Le 19 mars à Vercheny, la fédération des vignerons indépendants de la Drôme a acté un projet commun avec son homologue du Vaucluse. Les adhérents drômois vont bénéficier des multiples services de la puissante fédération vauclusienne.

C’est un tournant historique qui a été pris la semaine dernière par la fédération des vignerons indépendants de la Drôme. Réunis en assemblée générale, les adhérents ont adopté à l’unanimité le projet de mutualiser avec la fédération du Vaucluse les missions administratives et de services auprès des vignerons. « Depuis longtemps, nous cherchons des moyens pour aider les vignerons dans leur vie de tous les jours », a rappelé Sylvie Chevrol-Michelas, présidente depuis 2007 de la fédération drômoise et, depuis 2023, co-présidente aux côtés d’Emmanuel Poulet, à qui elle a passé le relais ce 19 mars. Mais, avec seulement 86 domaines adhérents et un mi-temps administratif, la fédération ne disposait pas des moyens nécessaires pour développer sa propre offre de services. La proposition faite par les voisins vauclusiens de « mutualiser les moyens pour être plus forts ensemble » a séduit le conseil d’administration drômois. Pierre Saysset, directeur de la fédération vauclusienne, a présenté les enjeux de cette mutualisation.
400 adhérents dans le Vaucluse
Dès la fin des années 1970, le Vaucluse a été très actif en créant le deuxième point de représentation des vignerons indépendants en France après celui de l’Aude. Baptisée fédération des caves particulières de la vallée du Rhône (FCPVR), celle-ci réunissait également des vignerons de la Drôme, de l’Ardèche et du Gard. La fédération nationale fut également, jusqu’au milieu des années 1990, hébergée à Orange aux côtés de la FCPVR avant de rejoindre Paris. Au fil des années, les vignerons drômois, ardéchois et gardois ont pris leur indépendance. La fédération vauclusienne a de son côté créé le Palais des vins, « vitrine du savoir-faire des vignerons indépendants avec plus de 130 domaines représentés » et développé des activités qui lui ont permis de dégager des moyens importants. Rebaptisée fédération des vignerons indépendants de la vallée du Rhône (FVIVR, qui sera bientôt renommée fédération des vignerons indépendants du Vaucluse réuni), la structure vauclusienne compte 400 domaines adhérents et dix salariés permanents. Elle accompagne les vignerons indépendants sur la réglementation douanière, les formalités déclaratives, la réglementation commerciale, l’étiquetage, le montage des dossiers d’aides aux investissements ou de restructuration du vignoble. Elle est également centre répartiteur de capsules collectives. Elle organise des achats groupés (sécateurs, GNR, coiffes, emballages…), met à disposition un studio photo, accompagne sur l’œnotourisme…
Augmentation de la part fixe de la cotisation
L’appel du pied de la FVIVR à la fédération de la Drôme, tout comme à d’autres départements limitrophes, a convaincu les vignerons indépendants drômois. D’autant qu’il est acté que chaque département conserve son autonomie et son pouvoir de décision, son conseil d’administration, son fonctionnement politique, sa représentativité départementale au sein de la filière, ses budgets et sa comptabilité. Il faudra toutefois que les Drômois payent plus cher leur cotisation. « Actuellement la cotisation à l’hectolitre est quasiment équivalente pour les deux fédérations. C’est la cotisation fixe que nous allons devoir harmoniser », a averti Sylvie Chevrol-Michelas. À ce jour, la cotisation fixe du Vaucluse est de 312 € HT (165 € pour la fédération départementale, 92 € reversés à la fédération nationale et 55 € de cotisation logo). « Nous savons que ce n’est pas forcément la période la plus judicieuse pour augmenter votre cotisation car tout le monde traverse des difficultés, a souligné la présidente. C’est pourquoi le conseil d’administration a pris la décision que notre fédération, qui dispose d’un peu d’argent en caisse, participe sur trois ans [de façon dégressive, ndlr] à l’évolution de la cotisation. »
Thierry Vaute, président de la FVIVR, s’est félicité de l’adhésion des adhérents drômois à ce projet de mutualisation. « Ce n’est pas un projet politique mais bien un projet de service aux adhérents. Aujourd’hui nous sommes 400 adhérents dans le Vaucluse et je pense que nous pouvons avoir une belle progression aussi en Drôme », a-t-il souligné. Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme, et Véronique Simonin, sous-préfète de Die, ont également salué cette alliance des vignerons indépendants de la Drôme et du Vaucluse.
Sophie Sabot

Sylvie Chevrol-Michelas, saluée pour son engagement
« Sylvie, c’est une main de fer dans un gant de velours », a résumé Ludovic Walbaum, président de la fédération des vignerons indépendants de l’Ardèche et vice-président de la fédération nationale. Présidente de la fédération drômoise depuis 2007, membre du bureau national, commissaire générale du concours des vignerons indépendants, Sylvie Chevrol-Michelas a rappelé le 19 mars que « le modèle des vignerons indépendants représente 60 % de la production viticole française ». Face à la crise que traverse la filière, elle a listé à l’attention des pouvoirs publics les besoins urgents de la profession, à commencer par un recalibrage entre l’offre et la capacité commerciale notamment pour les vins rouges (arrachage temporaire, replantations différées...). Sans oublier la nécessité de soulager les entreprises en difficulté par la mise en place de prêts bonifiés en 2024, l’étalement des PGE, la prise en charge des intérêts des emprunts mais aussi la mise en place de mesures sociales ou fiscales (TFNB). Concernant le fonds d’urgence de 80 millions d’euros, annoncé fin janvier par le gouvernement, elle a souligné que l’enveloppe drômoise « n’était pas encore à la hauteur de ce qu’il faudrait »… Enfin, elle a plaidé pour qu’on donne à la viticulture les moyens de continuer à performer sur tous les marchés, notamment à l’export. « La viticulture doit être une grande cause économique de la France, a-t-elle insisté. Le président Macron doit nommer un ambassadeur des vins français au même titre que Guillaume Gomez pour la gastronomie. » Nul doute que Sylvie Chevrol-Michelas restera, elle, une grande ambassadrice des vins drômois.
S.S.
