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Robotique dans les champs

Les robots des champs

Le numérique apporte une véritable rupture technologique dans les exploitations agricoles.
Les robots sont la partie visible de ces nouvelles méthodes de travail.
Les robots des champs

Certains connaissent déjà le succès commercial d'autres en sont encore au stade de prototype. Les robots ont la cote, surtout auprès des maraîchers ou des horticulteurs qui peuvent y trouver une solution à leur problématique de main-d'œuvre. Le champ des possibles de ces nouveaux auxiliaires semble infini, la seule limite étant celle de leur coût.

Détecteur de rumex

A commencer par Ruud, le prototype anti-rumex de prairie. Les professionnels n'en croyaient pas leurs yeux en considérant cette solution à un fléau capable d'envahir une parcelle. Développé depuis deux ans par l'université de Wageningen aux Pays Bas, ce robot vient « démontrer que le contrôle des adventices peut être fait par une machine », assure un des chercheurs hollandais. Il prévoit une mise en marché d'ici deux ans, l'engin étant encore perfectible (rapidité, efficacité sur des prairies associées, motorisation), et recherche des partenariats français. Ruud est bourré d'informatique, d'électronique et de mécanique. Il est équipé d'un GPS pour ses déplacements et d'une caméra qui détecte les feuilles des rumex. Grâce à un foret équipé d'un dispositif de broyage, la plante est éradiquée jusqu'à 15 cm dans le sol. Le taux de repousse serait très faible. L'engin serait plus particulièrement destiné aux éleveurs en agriculture biologique.

Oz, le magicien

Dans la même famille, Oz est un pur produit toulousain. Ce robot de désherbage mécanique dédié au maraîchage affiche d'étonnantes performances. Imaginé par une bande de jeunes ingénieurs qui ont créé en 2011 leur start-up (Naïo technologies) autour de la mise au point de cet engin, il n'a cessé de se perfectionner depuis son lancement en 2014. La dernière version est sortie début 2015 et, plus qu'une réponse à la netteté des allées, il l'est aux lombalgies. Ce robot électrique présente 4 heures d'autonomie, permettant le traitement de 48 rangées de 100 mètres. Equipé de quatre roues motrices, il intervient en plein champ ou sous abris, en inter-rang ou sur le rang. Pour désherber ou biner, son porte-outil peut recevoir des socs de binage inter-rang, des rasettes à brosse, une bineuse à ressort, des herses étrilles ou encore des accessoires pare-feuille, siège tracté etc. Oz, le magicien, peut aussi tracter jusqu'à 300 kg et porter 900 kg de matériel. Ce petit costaud de 40x70 cm et d'un poids de 110 kg est lui aussi équipé de capteurs électroniques. Pour se déplacer il utilise à la fois des informations de proxy-mètres électroniques (mesure de la distance d'un obstacle) et de l'analyse d'images fournies par une caméra miniature. Le maraîcher choisit parmi les programmes de fonctionnement préenregistrés à l'aide d'une télécommande.

Energie solaire

A découvrir également dans la catégorie désherbage, la microtondeuse autonome plus particulièrement adaptée aux vignes. Conçue par la société Vitirover basée à Saint-Emilion, sa tonte flirte jusqu'au ras des ceps. La start-up créée en 2010 a poussé l'avantage technologique en permettant à ce robot de fonctionner à l'énergie solaire grâce à ses cellules photovoltaïques. Son autonomie est de 16 heures. Zéro carburant, zéro désherbant, l'engin est pertinent dans une conduite du vignoble en enherbement total. Cependant, il faut compter une centaine d'heures pour tondre deux hectares, sa vitesse moyenne s'établissant à 500 m/h. Il est piloté avec une application smartphone et reconnaît les coordonnées GPS des parcelles qu'il doit nettoyer. Le GPS embarqué le rend d'ailleurs involable. Enfin, des pentes de 15 % ne font pas peur à ce petit rover.

Traite et lunettes

Au rayon des innovations, il faut aussi compter avec le premier matelas intelligent et connecté pour les vaches. Cet équipement permet de détecter et d'analyser l'ambiance du bâtiment, les zones de couchage, la fréquence des phases de repos, tout en tenant compte des logettes fréquentées. Avec ces repères, l'agriculteur peut déterminer des symptômes de maladies ou des problèmes d'aplombs etc.
Le professionnel peut aussi essayer les lunettes connectées dont les applications en agriculture se développent. Leur technologie couplée à une puce RFID injectée dans l'animal permet de recueillir l'information directement dans le champ de vision de l'utilisateur et donc d'interagir avec des applications mobiles tout en travaillant de ses deux mains. Elle peut être particulièrement utile dans une salle de traite où l'affichage du carnet sanitaire facilite la notation de l'état corporel du bovin.

Imprimante 3D

Enfin, pour ceux qui s'interrogent sur la pertinence d'une imprimante 3D en agriculture, elle présente plus d'une ressource, démonstrations à l'appui. Son principe est la reproduction d'un objet par empilement de matière, en principe un plastique hyper résistant. Elle peut donc être utile pour réaliser une pièce en urgence et à moindre coût (pièce de rechange, semelle de sabot etc.) mais aussi pour répondre à un besoin spécifique et modélisé en solution 3D.
Pas moins de 103 solutions innovantes étaient présentées aux Terrenales à Angers, dont une très grande partie issues du développement numérique, qui ouvre une nouvelle voie dans le développement de l'agriculture écologiquement intensive. 

Isabelle Doucet

En septembre, nous présenterons
 des agroéquipements innovants
qui seront en démonstration
lors du salon Tech&Bio
des 23 et 24 septembre
à Bourg-lès-Valence.

 

Baudet Rob : dans les pas de son maître


« C’est la mule du XXIème siècle », affirme Cédric Tessier, dirigeant d’Effidence, une entreprise clermontoise de 10 personnes spécialisée dans la robotique, qui appartient au pôle de compétitivité Viaméca. Baudet Rob est un robot porteur-suiveur qui accompagne les professionnels de la terre dans une vaste palette de métiers. « Comme une brouette intelligente, il peut porter des palettes au moment de récolter les fruits et légumes », poursuit le développeur de ce petit serviteur tout terrain. On peut par exemple le retrouver dans les grandes exploitations céréalières agricoles où il suit une moissonneuse pour permettre une vidange automatique ou une ensileuse.
En viticulture, il se transforme en chenillard et accompagne la plantation de piquets, de nouveaux plants ou vient en appui aux vendangeurs. « Il peut être aussi utilisé en forêt pour la plantation d’arbres. Il n’y a plus de charges à porter. Il suffit de choisir le bon robot en fonction des applications », explique Cédric Tessier. A roue ou à chenille, en motorisation électrique ou thermique, ce robot d’assistance logistique s’est affranchi de sa vocation militaire* au service du monde agricole. Une charge de 800 kg ne l’effraie pas. Son avantage technologique tient à sa capacité à reconnaître le personnel qu’il est chargé de suivre, sans que celui-ci ne soit porteur d’aucun équipement. Le repérage s’effectue grâce à un scanner Lidar ou à un laser. Non seulement le véhicule suit la personne à son rythme et ses mouvements mais il est capable de détecter les obstacles et de les éviter. Sa fidélité est déroutante. Pour une plus longue portée (200 m ou plus), il sera équipé de balises radio ou d’un GPS. Présenté début 2015, le Baudet Rob pourrait être commercialisé dès début 2016... à partir de 10 000 euros .
* Ce projet de recherche ANR Astrid a été financé par la DGA et mené en partenariat avec Effidence et les laboratoires publics : Institut Pascal /Irstea.