Les producteurs se mobilisent pour défendre l'ail français
Le 7 août, une vingtaine de producteurs drômois d’ail se sont retrouvés devant le magasin Aldi de Crest pour défendre l’ail français.

« Marre de laver plus blanc que blanc », « marre d’être les vaches à lait », résument Adrien Martel, producteur d’ail bio à Loriol, et Stéphane Boutarin, installé à Crest. Le premier est président de l’association des producteurs d’ail de la Drôme (Apad), le second est vice-président de l’Apad et de l’Aniail, association nationale interprofessionnelle de l’ail. Devant le supermarché Aldi de Crest, le 7 août, ils ont voulu dénoncer l’absence d’ail français dans les rayons, alors même que ce magasin se trouve en plein cœur de la zone de production de l’ail drômois.
« L’enseigne Aldi France impose des exigences de certifications aux producteurs et metteurs en marché pour que ceux-ci puissent voir leur ail français en magasins », explique l’Apad dans son communiqué de presse. Les producteurs, pour la quasi-totalité, sont aujourd’hui certifiés Global Gap, « ticket d’entrée » exigé par la plupart des enseignes de la grande distribution. Mais ce qui pose problème, c’est le module complémentaire Grasp et sa version 2.0 applicable depuis le 1er janvier 2024.
Halte au Grasp version 2.0
Selon les producteurs, l’enseigne Aldi refuse d’assouplir ses exigences sur ce module comme l’ont fait la plupart des autres enseignes. Or, selon Adrien Martel et Stéphane Boutarin, Grasp pour global gap risk assessment on social practice ou évaluation des risques sur la pratique sociale, adossée à la certification GlobalGap, est un référentiel qui ne correspond pas à la réalité des petites exploitations familiales productrices d’ail, majoritaires en France. « On nous demande par exemple de fournir les bulletins de paie des salariés, alors que certains d’entre nous fonctionnent avec des groupements d’employeurs et ne disposent pas du bulletin ou du contrat de travail du salarié. Le référentiel prévoit aussi l’élection obligatoire d’un représentant du personnel… Comment mettre en place cette obligation quand on fonctionne avec de la main-d’œuvre familiale et des saisonniers, étudiants pour la plupart ? », énumèrent les producteurs.
Respecter le référentiel Grasp représenterait pour eux une surcharge administrative et financière. « Appliquer Grasp, c’est multiplier les points de contrôle et donc générer un surcoût. C’est une facture de 1 000 euros supplémentaires pour nos exploitations, juste pour un droit à commercialiser », résume Stéphane Boutarin. Et l’Apad de préciser dans son communiqué : « Les producteurs comprennent le souhait de l’enseigne [Aldi] de garantir des produits respectueux des normes sociales mais le droit du travail français et son système de contrôle par l’inspection du travail répond déjà à ces demandes. »
Silence radio de l’enseigne
Le vice-président de l’Apad et de l’Aniail rappelle que c’est justement contre ce cumul de normes, de certifications et de contrôles que les agriculteurs se sont mobilisés partout en France en début d’année. Six mois plus tard, l’enseigne Aldi semble ne rien vouloir entendre. « Après deux mails, le 17 mai et le 18 juillet de l’Aniail pour rencontrer les responsables d’Aldi France, afin d’échanger et trouver un accord pour la commercialisation de l’ail français, ceux-ci restent toujours sans réponse », informent les responsables de l’Apad. À Crest, Adrien Martel et Stéphane Boutarin ont tenté dès le mois de juillet, sans succès, de rencontrer le responsable régional. Le 7 août, alors que les producteurs ont pu constater dans les rayons que l’enseigne ne proposait que deux catégories d’ail « origine Espagne », ils ont été informés de « l’absence du responsable du magasin ». Aucun échange n’a une nouvelle fois été possible. « Ce qu’on veut aujourd’hui c’est simplement discuter, insiste Stéphane Boutarin Qu’il y ait de l’ail français, on ne peut pas l’exiger mais que, au moins, on puisse expliquer que sur le volet social, les producteurs sont déjà en conformité avec la loi française, qui est bien supérieure à celle d’autres pays européens. » Discuter et aussi promouvoir l’ail français et drômois, qui répond déjà à de nombreux cahiers des charges, HVE ou IGP notamment.