Les candidats veulent réformer la Pac

Pour les candidats aux primaires de la droite et du centre, la politique agricole commune reste un élément très important pour l'agriculture française. Ils partagent la motivation de la faire évoluer pour s'adapter à l'agriculture d'aujourd'hui confrontée aux crises et à la volatilité. « Je n'accepterai pas le démantèlement de la Pac, indique Nicolas Sarkozy, ancien président de la République. Nous avons besoin d'une Pac organisée autour de deux piliers, la compétitivité des entreprises agricoles et l'aide des régions à fort handicap, notamment les régions de montagne. » Son ancienne ministre de l'Environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet plaide pour la suppression du « contrôle des structures en 2020, en défendant simultanément des aides de la Pac concentrées sur les 150 premiers hectares et totalement uniformes, donc avec une valeur unique à l'hectare. » La réforme du contrôle des structures figure également au menu d'Alain Juppé. Le maire de Bordeaux et ancien Premier ministre estime que « la Pac reste absolument essentielle pour l'agriculture européenne. Elle doit protéger les entreprises agricoles contre les risques climatiques et sanitaires ou les fluctuations excessives des marchés. L'Europe doit se doter d'une réglementation encadrant l'intervention financière sur les marchés à terme des produits agricoles, en vue de prévenir la volatilité des cours. Enfin, il s'agit de développer des mécanismes d'assurance permettant d'assurer un revenu minimum en cas d'aléas climatiques ou liés à l'évolution des prix. » L'ancien ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire est à peu près sur la même ligne, tout en faisant de l'agriculture et de la ruralité l'une de ses priorités. « La politique agricole commune est un socle fondamental pour la vitalité de la filière agricole française. Il y a une nécessité de modifier les orientations de cette politique européenne. Et particulièrement en ce qui concerne la régulation des marchés et l'assurance climatique. » Il souhaite faire de la Pac un véritable outil d'accompagnement des producteurs, avec notamment un mécanisme de garantie des prix. L'ancien Premier ministre, François Fillon insiste, quant à lui, sur la réactivité de la Pac. « Je veux créer une Pac souple pour réagir avec efficacité aux aléas et marchés afin de soutenir l'investissement et les marges des exploitations. Il faudra avoir une ligne budgétaire maintenue, et une capacité de réaction ultra rapide pour répondre aux agricultures européennes. » Enfin, le centriste président du parti chrétien-démocrate (PCD), Jean-Frédéric Poisson, estime qu'il est « impératif de recentrer la Pac sur la production. Les entreprises agricoles sont là pour faire manger notre peuple. » Souvent lié à la Pac, la volonté de réduire les contraintes des normes réglementaires, du travail ou environnementales est quasi unanime chez les candidats. Nicolas Sarkozy explique ainsi qu'il veut que « les normes qui pèsent sur les épaules des agriculteurs français ne soient pas plus importantes que celles qui pèsent sur les épaules de leurs concurrents européens. Je souhaite préparer un nouveau projet de réforme de la Pac pour 2020, avec l'objectif d'une véritable simplification des contraintes réglementaires. » François Fillon entend « supprimer toutes les normes ajoutées par la France aux normes européennes ». L'ancien ministre, Jean- François Copé s'engage même « à détransposer toutes les directives contraires aux intérêts des agriculteurs français et à les retransposer à la moyenne allemande. » Seule Nathalie Kosciusko-Morizet défend l'existence des normes. « Nous ne devons pas avoir peur de nos normes environnementales et sanitaires. Nous devons au contraire les défendre hors des frontières européennes : si nous n'imposons pas nos normes aux Chinois, aux Indiens, aux Américains, ils risquent de nous imposer les leurs. Ce n'est pas ce que je souhaite. »
C. P.
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CAMPAGNE / Près d’un Français sur trois vit en milieu rural. Pourtant la ruralité est souvent reléguée au second plan dans les débats politiques. Regard sur les propositions des candidats de la primaire de la droite et du centre pour les territoires ruraux.
Des idées pour la ruralité
« Faciliter la vie des ruraux »
En s’appuyant sur les acteurs locaux, Alain Juppé dit vouloir structurer sa politique pour la ruralité autour de quatre axes principaux : « une couverture effective de tout le territoire en numérique haut débit et téléphonie mobile ; une politique volontariste de réhabilitation de l’habitat dégradé et de dynamisation des commerces ; un droit à l’expérimentation sur le plan réglementaire ou fiscal, en créant des zones franches rurales qui seront issues de projets de territoire et non créées depuis Paris ; des services publics maintenus – il faut arrêter de faire de minuscules économies en la matière, qui déstabilisent les territoires – et renouvelés, notamment dans le secteur de la santé. » Pour François Fillon, son projet pour les territoires ruraux s’articule aussi autour de plusieurs volets dont, entre autres : « la multiplication des maisons de service public, des maisons de santé ; la simplification des procédures imposées par l’État aux collectivités locales et la révision des normes, l’ouverture à la concurrence de certains services, pour leur permettre de faire des économies de fonctionnement et d’accroître l’investissement ». Il préconise aussi « le déploiement du très haut débit sur le territoire national », « la fin des zones blanches de téléphonie mobile » pour proposer une "qualité de vie connectée" et accompagner le retour des populations.» Jean-François Copé souhaite avant tout adresser « un message de considération », aux agriculteurs et aux ruraux. « Ensuite, poursuit-il, il faut des actions pour leur faciliter la vie. C’est pour cela que j’exigerai du ministre de l’Agriculture - qui aura le pas sur le ministre de l’Écologie, je le dis tout de suite - un dispositif pour détransposer les normes, excessives. » De son côté, l’ancien président Nicolas Sarkozy a annoncé lors d’un entretien Au Point, la veille du Salon de l’agriculture, l’idée d’un plan Marshall « pour sortir la ruralité de cette situation d’abandon et revitaliser la France rurale ». Un plan qu’il a chiffré aux alentours de 10 milliards d’euros et bâti sur un principe de parité : « un euro investi dans la ville doit correspondre à un euro investi dans nos campagnes.»
C. D. avec Actuagri