Denis et Virginie Florès sont installés sur onze hectares à Vézénobres dans le Gard en agriculture biologique depuis 2010. Ils cultivent des céréales, des oléagineux, de l'ail, du safran et des légumes de plein champ sur 1,8 ha, le tout en agroforesterie. Concrètement, cela signifie que leurs parcelles maraîchères font dix mètres de large entre des rangées de noyers de cinq mètres de haut et que les céréales sont cultivées sur 4 ha entre des rangés de peupliers espacés de 40 mètres. Sur ces parcelles, le couple n'apporte aucun intrant, ni engrais en dehors du tourteau de ricin qui a un effet répulsif contre les taupins et autres insectes du sol. « Sur les légumes, je n'utilise ni cuivre ni soufre même si c'est autorisé en agriculture bio, je n'en ai pas besoin », explique Denis Florès.

Peu de ravageurs et de maladies

L'agriculteur a été accompagné par l'Inra au moment de son installation car il ne connaissait pas l'agroforesterie. Depuis, il constate l'intérêt de mélanger les arbres et les cultures agricoles. Les ravageurs des cultures sont bien moins présents grâce à la grande biodiversité du milieu. Les rangées d'arbres accueillent des auxiliaires et une faune bienfaitrice (oiseaux, serpents, hérissons, etc.) qui régulent le milieu. En cas d'accident climatique comme un coup de gel ou une sécheresse, les arbres apportent une vraie protection aux cultures. Par exemple, cet hiver, le gel n'a pas fait de dégâts dans les carottes car elles étaient couvertes d'un tapis de feuilles mortes. L'irrigation nécessaire dans ce département du Sud de la France est limitée. « L'important réseau de racines des arbres qui descend jusqu'à plus de cinq mètres permet à l'eau de remonter par capillarité même pendant des épisodes de sécheresse », souligne le producteur. La consommation en eau d'irrigation de la ferme est ainsi fortement réduite. Autre avantage, les arbres alimentent la fertilité du sol par la chute des feuilles et la part importante de racines qui meurt dans le sol. Les conditions de travail sont également plus confortables notamment l'été où les parcelles maraîchères sont ombragées. Après différentes expériences, le couple de producteurs a constaté que tous les légumes de plein champ poussaient sous les arbres, en dehors du poireau et des fenouils. « Les rendements sont différents en agroforesterie par rapport à un champ ouvert à cause de l'ombre portée par les arbres sur la culture, indique l'agriculteur. Si l'on prend en compte la production agricole et sylvicole, le rendement est supérieur aux deux productions séparées avec d'un côté la forêt et l'agriculture de l'autre. L'arbre est un revenu que l'on va récolter sur le temps long. » Et contrairement à une crainte souvent répandue, les essences d'arbres sélectionnées ne font pas vraiment concurrence aux cultures. Ils exploitent des horizons du sol très différents, beaucoup plus profonds. 
C. P.