Le port de Lyon, poumon économique de la Métropole lyonnaise

C'est sous un grand chapiteau blanc dressé au milieu des conteneurs du port Édouard Herriot de Lyon qu'étaient réunis les convives en cette journée anniversaire. Un événement organisé par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), gestionnaire du port Édouard Herriot depuis ses débuts. Invitée de marque, la ministre des Transports Élisabeth Borne a tenu à rappeler l'importance du transport fluvial sur le Rhône : « Le gouvernement a une ambition maritime, mais il ne peut exister d'ambition maritime sans ambition portuaire et fluviale. Pour l'axe Méditerranée-Rhône-Saône, nous avons donc confié une mission au délégué interministériel Jean-Christophe Baudouin. Cet axe, nous en sommes convaincus, a tous les moyens pour devenir un acteur mondial de premier plan ».
Une collaboration fructueuse entre Lyon et son port
Si la ville de Lyon bénéficie aujourd'hui d'un port industriel de cette dimension, elle le doit à un seul homme : Édouard Herriot. Mesurant le potentiel qu'un port pourrait représenter pour sa ville, il entreprend dès 1918 l'aménagement du port Rambaud dans le quartier de la Confluence. Un port qui montre rapidement ses limites, poussant finalement la mairie à se replier sur le secteur de Gerland. En 1935 est créée la CNR (Compagnie nationale du Rhône) pour administrer le futur port, et les premiers travaux sont lancés dans la foulée. Inauguré le 31 mars 1938, le nouveau port de Lyon accueille ses premiers bateaux dès le mois d'août. Premier port industriel sur le Rhône, il bénéficie aujourd'hui d'infrastructures fluviales, ferroviaires et routières de premier plan, ainsi que d'un pipeline qui le relie directement au site de Fos-sur-Mer. Le port de Lyon représente un pôle logistique trimodal stratégique, avec un transit annuel de 12 millions de tonnes sur l'année 2017. Ce sont plus de 70 entreprises et quelque 1 500 personnes qui y travaillent au quotidien.
Le Rhône, lien indéfectible entre Lyon et la Méditerranée
Au cœur des échanges commerciaux vers l'Est de la France et le Nord de l'Europe, le port de Lyon bénéficie d'une position stratégique qui le met en prise directe avec la Méditerranée, porte d'entrée vers le reste du monde. Par le biais du Rhône, Lyon est directement reliée au premier port hexagonal, le Grand port maritime de Marseille. Christine Cabau-Woehrel, sa directrice, était d'ailleurs invitée à s'exprimer ce vendredi 12 octobre : « Le Rhône nous unit immanquablement, c'est un lien naturel incontournable entre nous », a-t-elle d'abord tenu à rappeler. Avant d'esquisser des pistes pour l'avenir, soulignant que le fleuve est encore loin de fournir la pleine mesure de ses capacités en matière de transport de marchandises :
« 60 % des conteneurs qui se trouvent dans le port de Lyon passent par Marseille. C'est bien, mais par où passent les 40 % restants ? » Revenue comme un leitmotiv durant les débats, la synergie entre Lyon et Marseille représentera à coup sûr l'un des futurs enjeux prioritaires pour le développement du transport fluvial sur le Rhône.
Pierre Garcia
Perspectives / L’évènement organisé par la CNR pour célébrer les 80 ans du port Édouard Herriot a aussi été l’occasion de parler du futur. Ouverture sur le monde, diversification et développement durable ont rythmé les discussions, esquissant les contours du port de demain.
Créer le port du XXIe siècle
Depuis 1938, le port de Lyon n’a cessé de s’agrandir et de se moderniser pour s’adapter aux évolutions du monde et à la globalisation des échanges. Jusqu’à représenter aujourd’hui un véritable poumon économique pour la Métropole lyonnaise, accueillant tous les jours près de 3 500 camions, et chaque année quelque 700 bateaux et 1 680 trains. Toujours en mouvement, le port Édouard Herriot se trouve aujourd’hui à un tournant, contraint de renouveler ses usages en développant de nouvelles structures et services. Défis à moyen et long terme ont donc centralisé une grande partie des échanges, le 12 octobre dernier.Une modernisation déjà en marche
Face à une concurrence accrue, les dirigeants de la CNR souhaitent accélérer le développement du port de Lyon pour le faire entrer pleinement dans le XXIe siècle. Cela passe d’abord par un renouvellement des infrastructures pour répondre aux enjeux de demain. Depuis 2016, le port Édouard Herriot s’est par exemple doté d’un simulateur de navigation, un outil de formation ultramoderne qui reproduit virtuellement les comportements d’un bateau sur le fleuve en fonction de la météo. Autre projet d’envergure évoqué par la ministre des Transports Élisabeth Borne, River’tri, une déchetterie fluviale inaugurée en 2016. Équipée d’un propulseur à hydrogène, cette déchetterie unique en Europe permet aux piétons comme aux voitures d’y déverser leurs déchets avant qu’ils ne soient conditionnés puis acheminés par voie fluviale vers les filières de valorisation.
Un hôtel de logistique et un quai des énergies dès 2019
Troisième port intérieur français, le port Édouard Herriot entend bien confirmer sa place centrale dans les échanges fluviaux en France et en Europe. Dans l’immédiat, il s’agit d’abord de répondre à la hausse constante du trafic de conteneurs sur le Rhône. En ce sens, la construction d’un second portique au terminal 2 devrait permettre de maîtriser l’augmentation des flux. Dès 2019, c’est un hôtel de logistique urbaine de 40 000 m2 qui permettra de mutualiser la manutention des marchandises en optimisant les flux de distribution par le recours à des véhicules propres (électrique, gaz naturel, hydrogène). Dans la même optique, un quai des énergies sera construit l’an prochain, proposant une station multi-énergies vertes aux poids lourds comme aux voitures, qui pourront ici se fournir en carburants alternatifs.
Le port centenaire
Le schéma directeur à horizon 2030-2050 qui a été dévoilé a permis de définir trois objectifs prioritaires pour les années à venir : faire du port de Lyon un port de toutes les énergies, un port de services connecté à la Métropole et un port qui soit à la fois un pôle économique et un hub intermodal au cœur de l’axe Méditerranée-Rhône-Saône. Autre volonté affichée par la Métropole, parvenir à mieux intégrer ce port dans la ville, lui qui reste encore méconnu de nombreux Lyonnais. Pour autant, il ne s’agit pas de renier le caractère industriel du quartier, de plus en plus mis à mal par la construction de logements. « Le quartier de Gerland n’a pas vocation à devenir résidentiel.
Il doit rester économique, et proche de son port », a ainsi martelé Alain Marguerit, urbaniste lyonnais. Trouver sa place dans la cité tout en gardant son identité, c’est en parvenant à cet équilibre que le port Édouard Herriot pourra se projeter sereinement vers l’avenir.
Pierre Garcia
