Le pâturage tournant, un choix gagnant
Pratiqué par beaucoup d’éleveurs, le pâturage tournant présente de nombreux avantages. Mais il reste encore quelques irréductibles à convaincre sur ses bienfaits.

en paddocks facilite la conduite au pâturage.
Le pâturage tournant permet de réaliser de nombreuses économies. Les éleveurs qui le pratiquent disent avoir noté : un gain en nombre de jours de pâturage et une diminution des besoins en stock ; une offre soutenue d’herbe de qualité ; une diminution des consommations d’aliment broutard ; une croissance des veaux similaire ; une meilleure répartition de la fertilisation par les bouses et une diminution des apports d’engrais ; une diminution des refus et des fauches de nettoyage ; une diminution des besoins de surface au pâturage ; une docilité accrue des animaux et une sérénité retrouvée par la planification du pâturage. Pour bénéficier de tous ces avantages, les éleveurs disposent d’un moyen qui ne demande que de la technicité : la gestion du pâturage qui évite le gaspillage et qui libère donc des surfaces pour la fauche. En effet, en augmentant le chargement sur la surface uniquement pâturée (la surface de base), la surface en herbe ainsi libérée peut se faucher pour conforter la reconstitution des stocks mis à mal par la sécheresse de 2020.
Eviter le gaspillage d’herbe lors du premier cycle de pâturage
Les animaux gaspillent l’herbe à partir du moment où les épis mesurent 20 cm, ceux-ci sont encore cachés dans leur gaine, mais les herbivores les détectent et évitent soigneusement de les pâturer. En conséquence, l’herbe non consommée se transforme en refus que l’éleveur est alors obligé d’éliminer en gyrobroyant ou en fauchant.
Sortir tôt pour finir le 1er cycle à 750 °C
Le gaspillage de fourrage peut être évité si le premier cycle de pâturage se termine à un cumul de 750 °C (base 1er février). C’est en sortant les lots à partir de 300 °C (base 1er février) que l’éleveur dispose de 35 jours pour faire pâturer tous les paddocks avant le stade fatidique des épis à 20 cm.
Adapter un chargement cohérent
Le premier cycle de pâturage est réussi à condition que le chargement ne soit ni trop élevé ni trop faible. Un chargement de 30 à 50 ares par UGB est une fourchette cohérente. Pour exemple, un lot de 30 vaches suitées peut se satisfaire de 12 ha (soit 40 ares par UGB). Pour un chargement élevé autour de 30-35 ares/UGB, l’apport de fertilisation azotée peut être est souvent nécessaire (10 à 30 unités d’azote par ha pâturé).
Mettre en place un pâturage tournant sur au moins 8 paddocks
Le premier cycle de pâturage se réalise en 30 à 35 jours. Il est indispensable de respecter un temps de séjour de moins de cinq jours pour assurer une bonne repousse pour le deuxième cycle de pâturage et aussi pour éviter tout surpâturage. La taille de chaque paddock ne doit pas dépasser huit ares par UGB. Dans l’ordre de passage des animaux sur les paddocks, le ou les deux derniers doivent être fauchables car, en cas de forte pousse d’herbe, celui-ci peut être fauché. C’est le niveau de repousse du premier paddock pâturé qui va déterminer s’il faut faucher le dernier paddock ; dès que les 15 cm de repousse sont atteints, on ne prend aucun risque à faucher le dernier paddock plutôt qu’à le faire pâturer.
Pâturer l’herbe aux bonnes hauteurs
La mise à l’herbe se réalise alors que l’herbe fait à peine 7 cm ; en fait le signal est donné lorsque le paddock numéro 1 présente une couleur « vert pomme » qui prouve que la prairie s’est réveillée. Cette couleur peut aussi se traduire par une somme de température de 300 °C. Les entrées des animaux sur les paddocks suivants se réalisent sur des hauteurs d’herbe qui vont s’accroître régulièrement jusqu’à atteindre 20 cm sur les derniers paddocks. La hauteur d’herbe à la sortie des animaux est alors fonction de la hauteur entrée : on peut donc retenir le chiffre de 1/3. Pour exemple, une hauteur entrée paddock de 10 cm correspond à une hauteur sortie de 3 à 4 cm. L’indicateur visuel est la couleur du couvert végétal qui doit rester encore vert à la sortie des animaux. Une couleur trop pâle est le signe d’un pâturage trop ras, la prairie a alors du mal à repartir rapidement. A partir du deuxième cycle de pâturage, l’idéal consiste à rentrer dans un paddock entre 10 et 15 cm et d’en sortir à 5 cm.
Des enrouleurs, du fil et des piquets
Le découpage des grandes parcelles en paddocks facilite la conduite au pâturage. La technique la plus adaptée pour les grandes parcelles consiste à réaliser de grands couloirs larges de 20 à 30 mètres (multiple de la largeur de la faucheuse) et d’une longueur de plusieurs centaines de mètres de long. Les paddocks sont alors réalisés en posant deux fils déplacés quotidiennement qui permettent d’adapter la surface, un enrouleur à chaque extrémité. Cette technique a aussi l’avantage d’avoir de grandes parcelles fauchables en cas de forte pousse.
Stéphane Martignac, CDA 19