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Diversification

Le pari audacieux des hydrolats

Installée à Châbons (38), Aude Wack cultive une douzaine de plantes aromatiques et médicinales, dont elle transforme une grande partie en eaux florales. Un projet modeste mais bien maîtrisé.

Le pari audacieux des hydrolats
La chambre d’agriculture de l’Isère a organisé une visite d’exploitation à Châbons, chez Aude Wack, qui produit des Ppam sur 600 m2 de planches.

Installée en 2016, Aude Wack regarde son parcours avec humilité. On la sent pragmatique, déterminée et surtout heureuse. « Je fais ce que j’aime et c’est passionnant », explique en souriant cette jeune double-active, productrice de Ppam bio à la belle saison et chimiste dans un laboratoire de recherche l’hiver. Une forme de sécurité professionnelle qui lui a permis de créer son Jardin des malices à Châbons, sur une petite surface, sans trop se mettre la pression : pas de DJA ni d’emprunts à rembourser, pas d’investissement en matériel en dehors de quelques outils et d’un équipement pour la distillation.
Equipée d’une serre et de 600 m2 de planches séparées par des rangs enherbés, Aude Wack cultive une douzaine de plantes (géranium rosat, verveine, camomille matricaire, menthe, hysope, bleuet, mélisse, calendula…). En complément de ses cultures, elle pratique la cueillette sauvage (ortie, sureau, ail des ours, arnica en montagne…) et s’est mis d’accord avec un pépiniériste qui cultive de grandes surfaces de romarin, de sauge et de lavande et l’autorise à venir récolter une à deux fois dans l’année.

Travail à la main

La majorité des plantes récoltées est transformée « par défaut » en huiles essentielles (en très petite quantité) mais surtout en hydrolats (eaux aromatiques, essentiellement florales). Aude Wack complète sa gamme avec quelques macérats huileux à base de plantes alimentaires. Un choix dicté par un tropisme personnel et un calcul économique simple. « Pour produire des huiles essentielles, il faudrait plus de surface et aussi plus de mécanisation, indique la jeune femme. Ce n’est pas le même métier. Il aurait aussi fallu que j’investisse dans un plus gros alambic. Celui que j’ai devient trop petit mais il ne m’a coûté que 1 200 euros, frais de port compris. » Fabriqué au Portugal, l’alambic en cuivre lui permet de produire 60 litres d’hydrolat à chaque distillation. Un produit qu’elle défend avec conviction : « L’hydrolat est un produit peu connu qui possède des vertus aussi  intéressantes que l’huile essentielle, si l’on sait s’en servir. Il est également intéressant sur le plan écologique car, avec une même quantité de plantes, on obtient beaucoup plus de produit. »

 

Mélanges maison

A côté de ses hydrolats purs, Aude Wack, chimiste de formation, a créé quelques mélanges maison, comme Jouvenc’Eau, Ad’Eau ou Gros Dod’Eau, qui connaissent un joli succès. « Il faut faire attention aux allégations, prévient-elle. On doit trouver un nom évocateur, sans donner d’indications. »  Vendues pour partie en direct, les eaux du Jardin des malices sont également commercialisées dans des réseaux spécialisés (Biocoop, boutiques bio…) et auprès de quelques restaurateurs.  
Marianne Boilève