Labaronne-Citaf : l’inventeur de la citerne souple

La citerne souple autoportante, une fois remplie, ressemble à une grosse taie d'oreiller. Pour le transport à vide, elle se plie comme une grande couverture. L'image est parlante et son invention remonte à 1959. André Labaronne, ancien viticulteur installé à l'époque en Algérie, a inventé ces citernes bien étanches pour stocker de l'eau de pluie, éviter toute évaporation et autres problèmes dus aux moustiques, poussières, pollutions, etc. Suite aux événements en Algérie, André Labaronne a rejoint la France où il s'est alors consacré à la vente de ces citernes. Initialement, il a implanté sa société vers Tours sous le nom de Labaronne-Citaf signifiant citerne pour l'agriculture française. En 1966, le brevet d'invention a été déposé, ce qui a révolutionné le système de stockage liquide : cette citerne souple, appelée aussi réservoir, bâche, poche ou cuve souple, est devenue un moyen de stockage de référence, plus pratique et plus économique qu'une structure en dur. En 1972, l'entreprise a déménagé à Vienne (Isère). Par la suite, elle a quitté le giron familial. En 2012, le siège de la société a été déplacé de quelques kilomètres à Pont-Evêque (Isère) où un bâtiment de 8 000 m2 a été construit : soit 1 000 m2 de bureaux et 7 000 m2 d'ateliers où sont fabriquées plus de 7 000 m2 citernes souples chaque année. Depuis sa création, l'entreprise Labaronne-Citaf a toujours été ouverte sur l'exportation y compris en agriculture, sachant que son fondateur était originaire du Maghreb. Par nature, les citernes souples se prêtent bien à l'export, en particulier vers les zones tropicales où il manque de l'eau.
De nouvelles citernes de 2 000 m3
Jusqu'à la fin des années 1990, l'agriculture a été le fer de lance de l'entreprise avec ses citernes utilisées pour le stockage, la rétention ou le transport d'eau (irrigation, abreuvoir, défense incendie, récupération d'eau de pluie, aires de lavage), mais aussi d'engrais liquides, de lisiers et autres effluents fermiers et vinicoles. En parallèle, les débouchés dans le domaine humanitaire ont vu le jour dès les années 1975-1980. À partir des années 2000, l'activité s'est davantage diversifiée avec une gamme de produits très spécifiques. L'entreprise ayant comme savoir-faire l'étanchéité, est passée de l'artisanat à une dimension industrielle : « fabricant de citernes » à l'origine, elle est devenue « un commerçant de solutions, toujours sur mesure pour les clients, et en répondant aux normes », explique Benoît Balandras, directeur général de Labaronne-Citaf. « Nous apportons notre expertise en fonction des liquides stockés et de leurs caractéristiques. Nous avons conçu des citernes adaptées aux remorques de tracteurs, aux pick-up, aux péniches, etc ». La mise aux normes des bâtiments d'élevage et le stockage des boues d'épuration avant épandage ont considérablement généré de l'activité à Labaronne-Citaf dans les années 2000. Les volumes des citernes n'ont cessé d'augmenter. À l'automne 2016, pour fêter les cinquante ans du brevet d'invention, Labaronne-Citaf a lancé la commercialisation de citernes de 2 000 m3, soit une prouesse technique jusque-là inégalée. L'entreprise, historiquement plus connue dans le milieu agricole qu'ailleurs, réalise environ 40 % de son chiffre d'affaires dans l'agriculture.
Au fil des années, que ce soit en France ou à l'étranger, elle a gagné des parts de marchés dans d'autres domaines comme la sécurité civile, l'industrie, le BTP, les Armées, les collectivités et l'environnement. Les usages des citernes peuvent être multiples : stocker du carburant, des effluents industriels, des huiles minérales, du gaz, de l'eau potable ou de pluie ou bien constituer une réserve incendie. Aujourd'hui, Labaronne-Citaf s'intéresse au marché de la méthanisation en partenariat avec des Hollandais. Forte de sa démarche pionnière, l'entreprise a toujours su être à la pointe de l'innovation technique tout en garantissant une fabrication 100 % française.
Colette Boucher