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Viticulture

La pulvérisation, clef de réussite de la protection sanitaire en bio

En agriculture bio, pour protéger le vignoble, on utilise principalement des produits de contact, il est donc primordial que la cible soit bien atteinte et bien couverte. Comparaison de plusieurs pulvérisateurs.

La pulvérisation, clef de réussite  de la protection sanitaire en bio

Cet été, le groupe des conseillers techniques en viticulture biologique des chambres d'agriculture et de l'ADABio a organisé une série de démonstrations dans les vignobles de Rhône-Alpes coordonnée par Amandine Fauriat(1), de la chambre d'agriculture de l'Ardèche. Cette série de démonstrations s'est terminée par le Bugey. Co-animée par l'ADABio et le syndicat des vins du Bugey, au Domaine Trichon, à Lhuis (Ain, la démonstration portait sur trois pulvérisateurs pneumatiques proposés par les constructeurs : Calvet, Ideal et Berthoud et le pulvérisateur de Stéphane Trichon, un Wanner K1500 à jet porté de type ventilateur hélicoïdal- aéroconvecteur. Au test des papiers hydrosensibles, à quelques finesses de réglages près, tous les pulvérisateurs assurent une protection homogène ainsi qu'une bonne couverture du feuillage et des grappes dans les conditions d'essais (passage tous les deux rangs).

Pulvérisateur pneumatique du constructeur Berthoud. Pulvérisateur pneumatique du constructeur Calvet. Pulvérisateur pneumatique du constructeur Ideal.
Les gouttes du Wanner sont plus grossières mais, utilisées avec un plus gros volume d'eau, la couverture est équivalente. Car si en théorie, avec une plus grande finesse de gouttes, les systèmes pneumatiques doivent assurer une meilleure couverture, les vignerons se posent la question du devenir de ce fin brouillard par temps chaud. N'est-il pas partiellement évaporé avant d'atteindre sa cible ? En cas de léger vent, n'y a-t-il pas plus de chance de dérive ? Par ailleurs, le système des jets portés provoque une turbulence qui facilite un brassage du végétal et permet ainsi au produit d'atteindre feuilles et grappes sur toutes leurs faces. D'autre part, quoiqu'en disent les constructeurs, le volume d'eau utilisé semble important dans une année à forte pression mildiou comme l'est 2016.

Stéphane Trichon, viticulteur à Lhuis dans le Bugey.

Stéphane Trichon en témoigne : « Depuis mon passage en bio, le mildiou était mon souci numéro un et je n'étais pas satisfait des résultats de protection avec mon pneumatique. J'avais des bouchages réguliers des buses et donc une perte d'efficacité de protection. Depuis deux ans que j'ai celui-ci, en aéro, j'ai des vignes impeccables. En revanche, je traite avec 200 l/ha de bouillie et je passe tous les 2 rangs à 6 km/h. » Dans d'autres vignobles, des vignerons, tels Patrick Thomas (Anjou), témoignent que d'avoir rehaussé leur volume de bouillie a permis de mieux protéger leurs vignes par rapport à leurs voisins qui ne l'auraient pas fait. Si on veut utiliser du pendillard en jet projeté, cela ne sera possible qu'à condition d'avoir les rampes proches des rangs de vignes (vignes étroites) et de l'associer à un gros travail de prophylaxie (ébourgeonnage entre-cœurs, effeuillage afin de bien atteindre les grappes) en pleine saison. Pour une utilisation efficace des panneaux récupérateurs, les vignes doivent aussi être configurées de façon à ce qu'on ait de longues treilles linéaires sans trop de dévers. Ce type de pulvérisation en viticulture biologique aurait surtout un intérêt pour les traitements précoces, notamment contre l'excoriose. Avec le pneumatique, l'inconvénient va surtout venir des bouillies qui peuvent être épaisses avec les produits utilisés en viticulture biologique, donc des risques de bouchage et, au final, une mauvaise protection malgré un outil performant à la base.
Pour la viticulture bio, le brassage du feuillage est un plus non négligeable. Le jet porté semble donc le meilleur compromis pour notre type de production et dans nos vignobles accidentés. n

Arnaud Furet (ADABio) en collaboration avec Amandine Fauriat (chambre d'agriculture de l'Ardèche) - Pôle conversion bio


(1) Amandine Fauriat est la référente technique régionale en viticulture biologique pour la chambre régionale d'agriculture.


 Sachez-le : une fiche récapitulative de cette semaine de démonstrations avec un focus sur la problématique de dérive et les moyens de contrôles d'une bonne pulvérisation est en préparation et sera disponible auprès d'Amandine Fauriat : [email protected] ou sur le site rhone-alpes.synagri.com.

 

Rappel / les trois grands modes de pulvérisation
• Le jet projeté : la bouillie est mise sous pression et c’est la pression qui crée la goutte et lui permet d’atteindre sa cible.
• Le jet porté : une turbine forme un grand flux d’air qui va porter les gouttelettes de produit, créées par une mise sous pression à travers des buses, jusqu’à la cible. Il existe différents moyens de créer le flux d’air : par ventilateur hélicoïdal, par flux tangentiel, par technique Turbocoll, par buses centrifuges.
• Le pneumatique : le flux d’air crée la gouttelette et la porte jusqu’à la cible. Les gouttelettes sont beaucoup plus fines.