La précision du pilotage RTK démontrée

« Pilotez avec précision vos cultures : le guidage RTK », tel était le thème du rendez-vous Innov'action du 28 mai, au Gaec Bel air à Montmeyran. L'objectif était d'en montrer les intérêts en agriculture biologique mais aussi conventionnelle, comme le précise Jean Champion, conseiller en grandes cultures biologiques à la chambre d'agriculture de la Drôme. Ce système de guidage est adapté à différents matériels (tracteurs et autres engins) et travaux (préparation du sol, semis, épandage, désherbage mécanique, pulvérisation, récolte...). Il augmente la précision et le confort de travail, limite les recouvrements et manques. Il est source de gains de temps, d'économies de carburant et d'intrants. La démonstration de binage sur maïs réalisée à l'occasion de cette rencontre a mis en évidence la performance du guidage RTK.
Un autopilote et un volant
Au Gaec Bel air, Paul Thésier, son fils Quentin et Philippe Grangeon cultivent 200 hectares en bio : des céréales plus 4 hectares d'ail consommation et de persil porte-graine. Ils sont aussi prestataires de services en travaux agricoles. L'an passé, ils se sont équipés en guidage RTK (réception sur 10 kilomètres de rayon). « Une démonstration nous a amenés à franchir le pas, pour le binage mais pas seulement », a expliqué Quentin. Ils ont acquis un autopilote et un kit supplémentaire : un volant électrique pouvant être déplacé sur les autres tracteurs et la moissonneuse-batteuse de l'exploitation. Ainsi, le système peut-il être mieux rentabilisé.
« Pour nous, le désherbage de l'ail est un gros enjeu, a indiqué le jeune agriculteur. L'autoguidage nous permet de tenir la culture propre, sans abîmer les plantes. Nous avons choisi un autopilote hydraulique, pour les semis de printemps et le binage de précision. » Le volant électrique, lui, est utilisé pour les interventions en demandant moins. Le premier est plus réactif que le second. Et il permet des corrections en marche avant et arrière, le volant seulement en marche avant.
Etre rigoureux
Parmi les enseignements tirés d'une année d'autopilotage par Quentin : être rigoureux dans le réglage du matériel attelé, ne pas rater les départs de ligne au semis, éviter les semis de printemps sur les dévers importants si l'on n'a pas un deuxième récepteur GPS sur l'outil... « On apprend par la pratique, a-t-il observé. Et quand on maîtrise l'outil, c'est chouette. »
Lucas Santerre, technico-commercial de la société Géo-Pro agriculture, a souligné la précision du guidage RTK. Avec un asservissement hydraulique, il est possible de revenir au même endroit entre deux passages à plus ou moins 2 cm près. Avec un moteur électrique, la précision est de plus ou moins 3,5 cm. La différence est liée, entre autres, au paramétrage de ce moteur et à son temps de réaction.
Pas envie de faire marche arrière
Deux récepteurs GPS, un sur la cabine du tracteur et l'autre sur l'outil attelé, « c'est un gain de confort, a noté Albin Rey, commercial de la société Tranchard (Pont-de-l'Isère). Cela permet à l'outil de suivre exactement la ligne. Le signal est fiable, précis. » En trois ans, 32 équipements ont été vendus en Drôme et Isère. « Il faut bien déterminer ses besoins, a recommandé Albin Rey. Aujourd'hui, on a du recul sur le seuil de rentabilité : une exploitation de 150 hectares en cultures générales peut largement justifier l'investissement dans l'autoguidage RTK. » Il a donné une fourchette de prix de 15 000 à 25 000 euros, selon la nature de l'équipement. S'ajoutent, pour le système RTK, un droit d'entrée (ce concessionnaire a investi dans des antennes) et un abonnement annuel.
L'autoguidage RTK, le Gaec Bel air l'a adopté et n'a pas l'intention de faire marche arrière. « Nous en sommes tout à fait satisfaits, confie Paul Thésier. Je pense que l'investissement vaut le coup et se paie dans le temps. Nous envisageons d'acquérir un deuxième équipement pour avoir plus de polyvalence. »
Annie Laurie
L'autoguidage
Comment ça marche ?
L'agriculteur enregistre un point de référence à chaque bout du champ. Le GPS trace une ligne virtuelle entre les deux. L'agriculteur saisit ensuite la largeur de travail de l'outil. Le système trace alors les parallèles de la ligne de référence. Avec l'autoguidage, le tracteur suit cette ligne en fonction des informations données par le GPS. La trajectoire du tracteur est gérée via le circuit hydraulique ou un moteur électrique. La performance de travail dépend de la précision de la correction utilisée à l'antenne (dGPS gratuite ou sous abonnement, RTK) et du type d'asservissement sur la direction (hydraulique ou électrique).
Si l'asservissement est directement pris sur l'hydraulique, le dispositif n'est plus déplaçable. Avec un moteur électrique, il peut être déplacé. Celui-ci se présente sous trois formes : molette venant agripper le volant, ensemble du volant existant remplacé par un autre, crémaillère venant emprisonner le volant existant.
Source : AGPM-Info.