La nouvelle ministre de l'Agriculture veut « agir vite et juste »
La passation de pouvoir au ministère de l'Agriculture entre Marc Fesneau, Agnès Pannier-Runacher et la nouvelle ministre Annie Genevard s’est déroulée le 23 septembre à l’Hôtel de Villeroy, à Paris. En dehors des amabilités d’usages, la nouvelle ministre veut inscrire ses pas dans ceux de ses prédécesseurs.

C’est avec un bon quart d’heure de retard que la nouvelle ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, Annie Genevard, est arrivée rue de Varenne, au siège du ministère pour la passation de pouvoir. Elle avait fait voiture commune avec la nouvelle ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, Agnès Pannier-Runacher, qui revenait de sa passation avec Christophe Béchu.
Après un entretien d’environ trois quarts d’heure dans le bureau du ministre, les trois personnalités ont rejoint le perron de l’Hôtel de Villeroy, Marc Fesneau prenant le premier la parole. « Je vous attendais », a-t-il commencé comme s’il était, « après 2 169 jours » passés au Gouvernement*, soulagé de retrouver les bancs de l’Assemblée nationale. Même s’il a concédé avoir dû gérer de nombreuses crises (qui sont loin d’être éteintes), « ce n’est pas qu’un ministère de crises », a-t-il précisé. Pour lui c’est un secteur auquel il faut redonner « du temps, du sens et du bon sens (…) il faut que la parole claire soit tenue », a-t-il livré à une nouvelle ministre très au fait des questions rurales malgré son prisme éducatif et culturel. Parce qu’il a trouvé en Annie Genevard un soutien exigeant du Pacte et du Projet de loi d’orientation agricole (PLOA), il voit en elle « une sorte de continuité républicaine (…) Vous pouvez compter sur moi comme président de groupe », attendant d’elle qu’elle impulse la suite de cette future loi. Avec une voix empreinte d’émotion, le président du groupe MoDem au Palais-Bourbon a tenu à remercier tous ses « dévoués » collaborateurs sans qui « rien n’aurait pu être fait ».
« Immense admiration pour cette profession »
Faisant part de sa « fierté » de prendre la responsabilité de ce « grand ministère », Annie Genevard, a d’emblée annoncé son envie de se mettre tout de suite au travail : « Je dois et je veux avancer vite », a-t-elle affirmé, remerciant au passage Marc Fesneau d’avoir été « attentif à la députée de l’opposition que j’étais ». Elle entend « ajuster les réponses concrètes, rapides et opérationnelles que nous construirons ensemble », consciente des enjeux du secteur : « l’inquiétude domine et les attentes sont immenses, l’impatience est grande depuis des mois (…) Je veux que dans les semaines qui viennent les résultats se voient dans les cours de ferme », a-t-elle poursuivi.
Témoignant son soutien indéfectible « à tous les agriculteurs », elle reprend à son compte quelques idées maîtresses des syndicats majoritaires sur la nécessaire simplification (« réduire les interdits et la paperasse, je vais m’y atteler »), la lutte contre sur les surtranspositions, ou encore « pas d’interdiction sans solution ». Et de citer à ce propos, l’impact de l’interdiction des néonicotinoïdes sur la filière sucrière. « J’ai une immense admiration pour cette profession qui subit trop souvent des procès trop injustes exprimés parfois violemment ». Elle dit ainsi comprendre la révolte de certains « face à des activistes qui détruisent les moyens de production et l’outil de travail ». Autrement dit, Les Soulèvements de la Terre, Extinction Rébellion et autres groupuscules ultra-écologistes sont avertis.
Parce que l’agriculteur est un chef d’entreprise, elle s’est fixée pour objectifs de lutter « contre la décroissance et le déclinisme » et aussi de favoriser le renouvellement des générations dans lequel les agricultrices « sont des pièces capitales ». Annie Genevard a annoncé qu’elle recevrait rapidement des syndicats. Elle se rendra au Sommet de l’Élevage à Cournon, après la rentrée parlementaire programmée le 1er octobre. « Je veux agir vite et juste », a-t-elle conclu avant de rejoindre son nouveau bureau.
Christophe Soulard
(*) Marc Fesneau a été ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement (2018-2022) avant de prendre la succession de Julien Denormandie le 20 mai 2022 en tant que ministre de l'Agriculture.