La MSA entend renforcer « ses valeurs de solidarité, démocratie sociale et responsabilité »
Dans un contexte de crises agricoles systémiques et de coupures budgétaires, l’équipe dirigeante de la MSA Ardèche-Drôme-Loire (ADL) s’est réunie, le 10 octobre à Privas, pour faire le point sur ses actions.

«On ne compte plus les crises qui touchent le monde agricole et après un hiver très revendicatif, on sent qu’il y a de l’électricité dans l’air, des interrogations et malheureusement du désarroi. » C’est en ces termes que le président de la MSA Ardèche-Drôme-Loire (ADL), Henry Jouve, a ouvert la conférence de presse organisée le 10 octobre. Il a évoqué les difficultés liées à la fièvre catarrhale ovine (FCO) rencontrées par près de « 4 000 élevages sur nos trois départements ». Une estimation réalisée grâce aux divers services (courriels, ligne téléphonique directe, campagne d’appels ciblés, dispositif Agri’écoute, réseau des Sentinelles) déployés pour accompagner les éleveurs en difficulté. Face à cette crise sanitaire, la MSA ADL a demandé une enveloppe de 4 millions d’euros pour les trois départements, destinée à l’allégement des cotisations des ressortissants les plus en difficultés. Par souci d’anticipation, elle propose également des échéanciers de paiements et d’étalement de la dette, tout en apportant une attention particulière aux éleveurs en situation de mal-être. « Tout cela demande beaucoup d’actions, d’appels, de personnel », a expliqué le premier vice-président de la MSA ADL, Jean-Clément Mucchielli. Dans un contexte de crises agricoles systémiques, « les enveloppes d’aide demandées par les caisses MSA en France sont colossales et les attributions insuffisantes, mais malheureusement les problèmes de demain seront plus importants que ceux d’aujourd’hui. Dans nos négociations futures avec l’État et notre plan stratégique, nous devrons faire remonter et revaloriser nos actions. On touche à l’os, nous avons besoin de personnel », a-t-il prévenu.
Proximité
Cette conférence de presse a permis à la MSA ADL de faire le point sur ses accompagnements et actions. Ces dernières années, la caisse a renforcé sa présence dans les trois départements, en rouvrant des points d’accueil. Elle a aussi développé ses services liés aux actions de prévention et offre de santé, d’aide au répit, d’anticipation de la retraite et du bien vieillir. Dans ce domaine, le réseau des Maisons d’accueil et de résidence pour l’autonomie (Marpa) compte désormais dix établissements ouverts et quatre en construction. La MSA ADL envisage également de créer « une fédération des Marpa, chargée de leur gestion, afin de soulager les administrateurs des associations qui les gèrent, en leur laissant le volet qualité de vie de la résidence », a expliqué le directeur général, François Donnay. Du côté de l’emploi saisonnier agricole, l’ambition est de « faciliter » la vie des employeurs de main-d’œuvre. « Cela passe par de la proximité, de l’information sur les démarches à effectuer, l’offre de services, la sécurité au travail... » La plateforme téléphonique qui leur est dédiée affiche un bon taux de décrochage (96 %) bien qu’elle sature sur certaines périodes de l’année. Un autre axe de développement a été évoqué : le comité des territoires Loire Nord et Forez, qui mobilise des élus et délégués pour identifier les besoins des adhérents et améliorer les services qui leur sont proposés. Ce type de comité, unique en son genre, a valeur d’expérimentation à l’échelle nationale et pourrait être créé sur d’autres secteurs géographiques à l’avenir.
Les ambitions du plan stratégique MSA 2030
Alors que la Mutualité sociale agricole entend renforcer ses fondamentaux, à savoir « ses valeurs de solidarité, de démocratie sociale et de responsabilité », son plan stratégique MSA 2030 définit cinq axes d’orientation pour la période 2026-2030. Le premier vise à soutenir et définir les transformations des agricultures dans une approche de bien-être au travail. Le second entend proposer une offre de sécurité sociale simplifiée. Le troisième est centré sur l’accompagnement et la contribution du régime agricole à l’attractivité des territoires ruraux et ses circuits économiques. L’ambition de participer au développement de l’innovation sociale est fixée également, « pour construire l’action sociale de demain ». Enfin, un cinquième axe cible une logique d’engagement social durable, « mobiliser les savoir-faire humains pour être proactifs pour les agriculteurs en difficulté ».
A.L.
Henry Jouve ne sera pas candidat à sa succession
Dans un esprit de « démocratie sociale et complète » cher à la caisse du régime agricole, 488 délégués cantonaux seront élus lors des prochaines élections de la MSA Ardèche-Drôme-Loire (ADL). « Dans ce dispositif cantonal, départemental, régional, national, il y a une vraie volonté d’appropriation du régime agricole par ses cotisants. C’est un long chemin qui fait appel à toutes les forces du territoire », a décrit le président de la MSA ADL, Henry Jouve. Alors que 39 % des adhérents MSA ne savent pas qu’ils sont appelés à élire leurs délégués cantonaux, « notre objectif est d’en mobiliser un maximum, afin d’avoir des élus reconnus, car derrière ils prendront des positions qui auront un impact sur la vie des territoires ».
À l’issue de cette élection, la MSA ADL tiendra son assemblée générale élective le 19 juin 2025 afin d’élire les membres de son conseil d’administration. Après l’avoir présidé pendant plus de vingt ans, « avoir œuvré avec beaucoup d’énergie, de bonheur et de conviction », Henry Jouve a annoncé qu’il ne sera pas candidat à sa succession. Soulignant le succès de la fusion des trois départements, il a illustré sa décision par une citation d’Aristote : « Dans toute action, tout choix, le bien, c’est la fin. Car c’est en vue de cette fin qu’on accomplit toujours le reste ». A. L.
« Femmes en agriculture, nos 15 propositions »
Les droits des femmes sont au centre d’un livre blanc intitulé « Femmes en agriculture, nos 15 propositions », présenté au Sénat le 15 octobre. Il a été réalisé avec la contribution de six administratrices de la caisse centrale de la MSA, qui livrent leurs témoignages et leurs analyses sur l’inégalité femmes-hommes face aux métiers du monde agricole, ainsi que 15 propositions de réflexion.
Cet enjeu d’égalité a été mis en avant par la MSA durant le Salon international de l’agriculture, puis à travers une journée dédiée à la santé des femmes, organisée début juin par la MSA ADL à Nyons avec la sénatrice Marie-Pierre-Monier, qui s’est engagée notamment dans l’élaboration de deux rapports sénatoriaux sur le sujet.
A. L.