La filière brassicole bio en pleine ébullition
Le Cluster bio Auvergne-Rhône-Alpes et la chambre régionale d’agriculture organisaient le 16 octobre dernier un webinaire consacré à l’état de la production et du marché de la filière brassicole biologique, aux niveaux régional et national. Tour d’horizon d’une jeune filière qui a tout pour devenir une grande.

Produit ancré dans nos vies, la bière se conjugue aujourd’hui avec des enjeux contemporains comme la préservation de la santé et de l’environnement grâce au développement d’une filière brassicole française bio. D’après les chiffres du Cluster bio Auvergne-Rhône-Alpes, 11 929 tonnes d’orge brassicole bio ont été collectées en France l’an dernier. Cela représente une hausse de près de 18 % par rapport à 2019, année durant laquelle 10 132 tonnes d’orge brassicole bio avaient été collectées. Avec 2 603 tonnes d’orge bio produites en 2019, la région Auvergne-Rhône-Alpes compte pour 22 % de la production hexagonale. Autre élément essentiel dans la confection de la bière : le houblon. Environ 50 ha sont cultivés en France dont 10 ha par les producteurs de notre région. En 2016, le Cluster bio Auvergne-Rhône-Alpes et Biera & Houblon de France ont mené une enquête pour cerner les besoins des brasseries de la région produisant de la bière bio. En moyenne, les 26 brasseries participantes ont affirmé utiliser 14 tonnes de houblon bio par an. En extrapolant aux 75 brasseries de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le besoin en houblon serait compris entre 605 et 1 156 tonnes soit une surface de production comprise entre 40 et 75 ha, loin des 10 ha aujourd’hui cultivés dans notre région. La demande est donc bien là, tout l’enjeu pour les années à venir sera de parvenir à développer une production à la hauteur.
Un marché jeune mais dynamique
L’an dernier, les Français ont consommé en moyenne 32 litres de bière par habitant. C’est 4 % de plus par rapport à 2009. La progression est notamment visible sur le marché de la consommation hors domicile qui est en hausse de 2,2 % sur la même période, même si la crise du coronavirus devrait faire chuter ces chiffres en 2020. La France se classe aujourd’hui en Europe au huitième rang des pays producteurs de bière. Premier pays européen en nombre de brasseries, la France peut notamment s’appuyer sur 560 brasseries certifiées agriculture biologique dont 7 % de brasseries artisanales. En Auvergne-Rhône-Alpes, le nombre de brasseries bio a notamment bondi de 25 % en à peine un an. Si le bio ne représente aujourd’hui que 1,1 % de l’ensemble du marché en valeur et 0,7 % en volume, il pèse pour 36,7 % de la hausse des ventes en valeur en 2019 et 37,4 % en volume. En dehors des brasseries artisanales bio, les magasins bio revendiquent d’ailleurs une croissance de 9,8 % sur l’année 2020. Les trois premières références nationales représentent à elles seules 10 % du marché.
Accompagner les nouvelles habitudes de consommation
Véritablement ancrée dans son époque, la bière bio répond aux attentes d’une clientèle jeune. Les moins de 35 ans, dont la consommation est en hausse de 3 % en dix ans, sont en passe de devenir les principaux consommateurs de bière bio. Ils représentent 30 % de l’ensemble des consommateurs et sont aujourd’hui à égalité avec les 50-64 ans pour lesquels la dynamique est inversement proportionnelle sur les dix dernières années. Très prisées de ces nouveaux consommateurs, les bières sans alcool bio et les bières aromatisées bio voient leurs ventes progresser de respectivement 10,7 et 3,9 % sur l’année 2019. Avec 33 millions d’euros de ventes en 2019, la grande distribution représente le premier débouché pour les bières mais aussi les cidres et autres boissons alcoolisées bio. On retrouve ensuite la vente directe (15 millions d’euros), la distribution spécialisée bio (7 millions d’euros) et la vente par des artisans et commerçants (2 millions d’euros). Ce nouveau marché peut notamment s’appuyer sur des pionniers comme Jade mais aussi sur des leaders comme 1664 ou Heineken qui ont bien compris l’importance d’investir aujourd’hui le terrain du bio.
Pierre Garcia
Infographie
