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BOVIN LAIT

La digestion : clé pour un bon démarrage de lactation

L’automne dernier, plusieurs éleveurs bovins ont noté un mauvais démarrage en lactation. Face à ce constat, Katleen Petit, conseillère technique à Adice, émet plusieurs hypothèses et apporte des conseils pour les prochaines saisons.

La digestion : clé pour un bon démarrage de lactation
La digestion va avoir un rôle crucial dans le démarrage en lactation. ©AD26

Le début d’automne n’est jamais une période propice à un bon démarrage en lactation. Toutefois, en 2023, les résultats semblent avoir été plus bas que les années précédentes. En cause, différents facteurs, liés notamment aux chaleurs de l’été. Le stress thermique des animaux est l’une des explications soulevées par Katleen Petit, conseillère technique à Adice, mais pas seulement. Cette baisse de la production est aussi intimement liée à la qualité des fourrages.

Une qualité de fourrage moyenne

La conseillère pointe d’abord la mauvaise digestibilité du maïs. « La quantité de fibres (NDF) est faible et bien inférieure à celle de 2022 du fait d’une proportion de grains/tiges-feuilles plus élevée à la récolte. Quant à la digestibilité des fibres (dNDF), elle est assez faible cette année », avertissait d’ailleurs Arvalis fin novembre. Katleen Petit souligne aussi que la qualité n’était pas toujours au rendez-vous sur les ensilages d’herbe du fait de températures élevées au printemps, du déficit de pluviométrie et de récoltes tardives. 
« Avec un ensilage d’herbe moyen et un silo de maïs moyen, on ne peut pas faire des miracles », résume la conseillère. Et si l’éleveur n’a pas de prise sur ces conditions météorologiques, d’autres éléments peuvent aussi influer sur le démarrage en lactation des bovins. En l’occurrence, c’est surtout la digestion qui va avoir un rôle crucial pour la production du lait, la préparation des vaches ne doit donc pas être négligée.

Trois semaines de réadaptation

« Les papilles ruminales mettent trois semaines pour se réadapter à un aliment qu’elles avaient perdu l’habitude de digérer, précise la conseillère. Donc si les bêtes démarrent leur lactation sans avoir été nourries en amont avec une ration proche de celle des vaches laitières, le temps de s’habituer elles auront passé le pic de lactation. C’est dommage ! » Pour la préparation, Katleen Petit préconise de rapprocher les vaches taries des laitières (si possible en bâtiment, dans une case spécifique «préparation au vêlage») au minimum trois semaines avant la date de vêlage pour commencer à leur apporter des concentrés. « Il faut compter un tiers de la ration habituelle des vaches laitières pour une tarie », explique encore la conseillère.

Un maïs suffisamment fermenté

Enfin, Katleen Petit rappelle que la fermentation du maïs a aussi un effet important sur les quantités de lait produites. « Pour que les vaches puissent valoriser complètement l’ensilage, il faut compter au minimum deux mois de fermentation dans un silo », souligne-t-elle. En pratique, cela n’est pas simple à mettre en place pour les exploitations. « Les éleveurs n’ont pas toujours beaucoup de stocks, car avec ces problèmes de météo, on récolte peu. Et du coup, on arrive sur des ensilages de maïs pas très fermentés », résume la conseillère.

Jouer sur le type de concentré

Si la solution la plus économique reste souvent de «faire avec» malgré le manque à gagner entre septembre et novembre, d’autres stratégies peuvent aussi être adoptées. « On peut essayer de jouer sur la quantité et le type de concentré », préconise Katleen Petit. Les concentrés qui se dégradent rapidement dans le rumen des animaux seront à privilégier, tels que l’orge voire le blé. Des céréales comme le triticale peuvent également être utilisées en attendant une bonne fermentation du maïs. Dernier conseil : ne pas hésiter à faire évoluer la ration au cours de l’hiver. « Au fur et à mesure de la fermentation du maïs, il faudra réadapter le complément à côté », précise la conseillère Adice.

Pauline De Deus