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Crise lavandicole

L'urgence d'aider les producteurs de lavande

Le 16 juillet, de nombreux acteurs ont pris l’engagement d’apporter leur aide aux exploitations lavandicoles les plus en difficulté.

L'urgence d'aider les producteurs de lavande
Autour de Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme, et Lucien Stanzione, sénateur de Vaucluse, les participants à la réunion du 16 juillet à Sault (84). Pour la Drôme, ont participé Pierre Combes (conseiller départemental et maire de Nyons), Pascale Rochas (conseillère départementale), Jean-Jacques Monpeyssen (vice-président de la communauté de communes des Baronnies en Drôme provençale), Alain Aubanel (président de PPAM de France et élu de la chambre d’agriculture de la Drôme) ainsi qu'Aurélie Antonioli (directrice CPPARM/CIHEF) et Éliane Bres (présidente de la coopérative France Lavande).

C’est à Sault (84) que Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme, et Lucien Stanzione, sénateur de Vaucluse, ont organisé le 16 juillet une réunion pour élaborer un plan d'action en faveur de la filière lavandicole. Ont participé des représentants des services de l’État, de la Région Sud et des conseils départementaux de la Drôme, du Vaucluse et des Alpes-de-Hautes-Provence ainsi que des élus locaux et représentants de la filière lavande. Objectif : s'engager à apporter une aide aux exploitations lavandicoles les plus en difficulté. Selon Marie-Pierre Monier et Lucien Stanzione, « tous ont convenu de l’urgence d’une réponse collective face aux difficultés systémiques de cette production en zone de montagne sèche, et se sont engagés à les soutenir concrètement ».

Identifier et soutenir les plus fragiles

« La précarité économique des exploitations dans les zones traditionnelles de lavande (Baronnies et Diois pour la Drôme) est une urgence absolue, explique Alain Aubanel, président de PPAM de France et membre de la chambre d'agriculture de la Drôme. Avec l’effondrement des cours de la lavande, beaucoup d'exploitants n'ont plus de revenu car leurs autres productions (noix, clairette de Die, petit épeautre) sont également en crise ou, dans le cas de l'abricot avec une récolte trop faible. L'urgence absolue consiste à aider les exploitants les plus en difficulté sur des lignes financières déjà existantes comme les aides sociales de la MSA et le RSA (revenu de solidarité active) versé par le conseil départemental », précise Alain Aubanel.

Ainsi, chaque sénateur prendra l’initiative de réunir dans son département, à la rentrée de septembre, d’une part le préfet, la DDT, la DDFip, la MSA, les syndicats et la chambre d’agriculture pour poser le problème et envisager tout ce qu’il est possible de faire pour identifier et soutenir les lavandiculteurs les plus fragiles. « Cela peut aller très vite car ce sont des aides déjà existantes mais les agriculteurs n'osent pas les demander. Il faut donc tout mettre en œuvre pour inciter et accompagner les demandes », souligne Alain Aubanel.

Calibrer les besoins structurels de la filière

Lucien Stanzione et Marie-Pierre Monier précisent qu'ils rencontreront rapidement les banques afin qu’elles renégocient les emprunts en cours (reports d’annuité, limitation des frais…). La Banque des territoires et la Caisse des dépôts et consignations seront également contactées pour envisager leur appui.

Par ailleurs, pour les producteurs de lavande ayant arraché massivement ces dernières années, une des idées consiste à prendre en charge des audits (via la Région par exemple) pour étudier les possibilités de reconversions totales, partielles ou provisoires. « Cela consisterait à déterminer quels types de cultures peuvent être envisagés avant de replanter des lavandes, indique Alain Aubanel. Ou de regarder précisément comment aider le financement des investissements nécessaires à une reconversion ainsi que l'appui technique. Ou encore comment optimiser les systèmes de culture en place pour faire des économies de charges. Le tout dans une démarche volontaire des producteurs. »

Enfin, les deux sénateurs annoncent qu'ils veilleront au transfert du reliquat de quatre millions d’euros sur les dix millions d'euros d'aides obtenues par le Sénat vers la filière lavandicole pour financer des mesures collectives (recherches sur la cécidomyies et la noctuelle, études de marché, soutien face aux évolutions réglementaires des huiles essentielles…) « Ce que nous souhaitons, explique Alain Aubanel, c'est une ligne clairement identifiée “lavande” à FranceAgriMer afin que ces 4 M€ restent bien dans la filière. » Cela pourrait permettre de piloter une étude de marché sur la lavande, les fragilités et les besoins des producteurs, afin de calibrer des aides publiques pour le devenir de la filière.

Christophe Ledoux

Une petite récolte en 2024

Une petite récolte en 2024
©AD26

« Cette année, avec du gel au printemps, un manque de chaleur et des attaques de chenilles qui commencent, je pense que l'on aura une petite récolte, indique Alain Aubanel, producteur à Chamaloc. Cela veut dire que l'on va déstocker un petit peu. Comme le marché semble bouger un peu, potentiellement les ventes pourraient repartir. Mais le prix a été tellement tiré vers le bas qu'aujourd'hui beaucoup d'acheteurs se sont mis dans l'idée que le kilo d'huile essentielle de lavandin payé au producteur c'est 12 €, alors que le prix de revient, lui, est de 20 € en moyenne. »