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Pulvérisation

L’injection directe reste une affaire de spécialistes

Technologie / Technique prometteuse restée confidentielle, l’injection directe continue de faire ses preuves sans réel enthousiasme chez les constructeurs de pulvérisateurs.
L’injection directe reste une affaire de spécialistes

Apparue il y a une vingtaine d'années, la technique de l'injection directe ne s'est jamais réellement développée, faute de solutions offertes par les constructeurs de pulvérisateurs. Elle est restée l'affaire d'agriculteurs pionniers qui font appel aux rares fournisseurs spécialisés dans cette technologie. Les exigences croissantes en termes d'environnement, de sécurité de l'utilisateur et d'optimisation des chantiers semblent toutefois redonner de l'intérêt à cette technique. « Nous avons de plus en plus de demandes dans les secteurs de polyculture où les traitements sont variés et dans les régions où les fenêtres de traitement sont étroites. Quant aux ETA et Cuma, elles sont toujours autant intéressées par ce dispositif qui leur simplifie la gestion des chantiers », assure René Proharam, directeur de la société Spray Concept, principal fournisseur de système d'injection directe sur le territoire. Pour rappel, le principe de l'injection directe consiste à incorporer le ou les produits phytosanitaires entre la cuve d'eau claire et la rampe du pulvérisateur. L'absence de mélange en cuve offre de nombreux avantages : suppression du fond de cuve, de son rinçage et des risques de pollution par débordement, possibilité d'arrêter un chantier à tout moment et de changer facilement de dosage ou de produit d'une parcelle à l'autre.

Une solution pour la modulation de dose

L'injection directe était la seule solution assurant la modulation de dose sans modification du débit et de la taille des gouttelettes, jusqu'à l'apparition récente des buses à débit variable et des porte-buses à sélection automatique. Arvalis-Institut du végétal l'a confirmé en menant des essais avec les deux principaux dispositifs du marché : le SP-ID2 de Spray Concept et le SideKick Pro de Raven. « Les deux systèmes ont réussi à respecter les changements de doses intraparcellaires. Les délais d'amorçage conséquents imposent toutefois un nombre réduit de doses et des tailles de zones importantes. Les cartes de modulation ont ainsi été décalées pour tenir compte du délai d'amorçage », argumente Benjamin Perriot, ingénieur techniques de pulvérisation chez Arvalis. Spray Concept a tenu compte de ces essais dans la mise au point de la dernière version de son système, le SP-ID3. « Cette troisième génération évolue au niveau de la gestion électronique qui intègre la modulation de dose par GPS et la traçabilité avec un boîtier équipé d'un lecteur de carte SD. Nous avons aussi amélioré les temps de rinçage », détaille René Proharam. L'équipementier va même plus loin en proposant un pulvérisateur porté complet permettant d'optimiser l'intégration du système d'injection directe. « On propose cette solution complète sur un appareil porté car les contraintes d'encombrement sont plus fortes que sur un traîné ou un automoteur. Comparativement à une adaptation sur un appareil existant, nous simplifions le circuit de pulvérisation en supprimant notamment l'incorporateur et en réduisant les longueurs de tuyaux. » L'appareil de 1 300 ou 1 600 litres avec rampe de 24 ou 28 mètres (cuve avant de 11 000 l en option) s'équipe d'une régulation DPAE directement associée à la gestion du SP-ID3.
Compatible avec la circulation continue
Elle peut recevoir un dispositif de coupure de tronçons automatique fonctionnant avec une circulation continue. « Contrairement aux idées reçues, notre système d'injection directe n'est pas incompatible avec la circulation continue. Il suffit d'avoir un retour en entrée de pompe et non en cuve. »
L'injection directe continue de s'améliorer, mais elle reste handicapée par la gestion des produits. Les deux dispositifs proposés en grandes cultures ne fonctionnent qu'avec des produits liquides. L'agriculteur est contraint de préparer une bouillie mère très concentrée s'il souhaite incorporer un produit solide ou pâteux. Le système SP-ID est ainsi équipé d'une cuve de pré-mélange. C'est dans l'optique de réduire les contraintes de l'injection directe que Berthoud a développé il y a deux ans son concept Clean Sprayer en partenariat avec Bayer. Celui-ci se différencie par son mélangeur à cyclone et des tuyaux courts assurant un dosage précis et une modulation rapide, ainsi qu'un dispositif permettant d'accueillir trois bidons, supprimant les risques lors des transferts de matière active. Le constructeur n'a pas pour l'instant donné de suite à ce concept.

Michel Portier

 

Deux systèmes d’injection directe 
Le SP-ID de Spray Concept injecte le produit avant l’aspiration de la pompe du pulvérisateur, cette dernière assurant l’homogénéisation de la bouillie. Il dispose d’une à quatre micro-cuves accueillant les produits purs. Une cuve de pré-mélange permet de préparer une bouillie mère à partir de produits solides ou pâteux. Le SideKick Pro de Raven injecte le produit après le refoulement de la pompe du pulvérisateur. Une pompe à piston volumétrique prélève le produit dans la micro-cuve pour l’injecter dans le circuit de refoulement. Le système peut être associé jusqu’à quatre pompes, chacune ayant leur propre cuve. Un homogénéisateur est rajouté sur le circuit après le point d’injection.