Accès au contenu
IRRIGATION

L’Adarii, porte-voix des irrigants individuels en Drôme

L’association drômoise des agriculteurs en réseaux d’irrigation individuels (Adarii) a tenu son assemblée générale début mars. Le point avec son président, Philippe Breynat.

L’Adarii, porte-voix des irrigants individuels en Drôme
Philippe Breynat insiste sur l'importance de représenter et défendre les irrigants individuels dans toutes les instances sur l'eau. ©S.S.-AD26

L’Adarii est ouverte à tous les irrigants individuels. Pouvez-vous rappeler les objectifs de l’association ? 

Philippe Breynat : « On compte sur le département de la Drôme environ 900 exploitants en réseaux d’irrigation individuels. L’association réunit environ la moitié d’entre eux. Mais toute nouvelle cotisation est la bienvenue. Notre rôle est de défendre l’irrigation individuelle en partenariat avec l’OUGC [organisme unique de gestion collective des prélèvements d’eau à usage d’irrigation agricole, ndlr], la chambre d’agriculture, la préfecture, la DDT… On ne travaille pas tout seul car qui dit défense dit aussi discussion, organisation et proposition.

L’Adarii est aujourd’hui reconnue comme représentant les irrigants individuels, ainsi elle est invitée dans les différentes instances concernant l’eau et ses utilisateurs, notamment dans l’élaboration des schémas d’aménagement et de gestion des eaux (Sage), les comités sécheresse ou dernièrement les Assises de l’eau organisées par le préfet de la Drôme. Plus nous aurons d’adhérents, plus nous aurons de poids dans ces instances. À savoir également, nous fonctionnons avec deux délégués par bassin versant qui représentent leur territoire dans les réunions locales, sachant que les extrêmes nord et sud du département sont gérés par l’Isère et le Vaucluse. »

Dans l’ordre du jour de votre assemblée générale, il était question d’inquiétudes sur les volumes prélevables en 2024. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

P.B. : « Compte tenu des dernières précipitations, sur la moitié sud du département (hors secteur géré par le Vaucluse), vallée de la Drôme comprise, les nappes ont tout juste été remises à niveau. Côté Isère, même s’il reste des inquiétudes car il y a eu peu de neige cet hiver, les nappes continuent de se recharger, donc sur la partie Nord-Drôme concernée, on devrait être assez serein pour l’instant. Mais tout dépendra des précipitations printanières.

Par ailleurs, le plan de répartition des volumes prélevables pour 2024, élaboré par l’OUGC et soumis au service de l’État, n’est pas encore validé. La gestion des assolements est donc très compliquée pour les exploitants puisqu’on ne connaît pas les autorisations de volumes avant les semis. Tout comme on ne peut pas anticiper au mètre cube près les besoins de nos cultures qui seront fonction des conditions climatiques de l’été.

Nous savons aussi que les autorisations de volumes auront encore tendance à baisser. C’est pourquoi l’Adarii travaille aux côtés de la chambre d’agriculture et de l’OUGC sur des scénarios de substitution pour limiter, dans les années à venir, les baisses imposées aux irrigants, notamment sur les territoires Drôme des collines et Galaure. »

Vous avez également abordé en assemblée générale le sujet du stockage de l’eau dans le département. C’est d’ailleurs une question que vous posez régulièrement : “va-t-on continuer de regarder passer l’eau sans rien faire ?”

P.B. : « Le stockage de l’eau semble aujourd’hui bénéficier d’un regard politique favorable. Mais comment le mettre en place, sachant que la réalisation technique d’ouvrages de stockage peut varier de 10 à 20 euros/m³ stocké. Par ailleurs, les nombreuses contraintes qui s’appliquent (zones humides, biodiversité, interdiction de faire une réserve sur un cours d’eau…) nous laissent peu d’autres options que de réaliser des réserves d’eau dans des champs plats, destinés théoriquement à la production agricole.

En Drôme, chaque année deux à trois petites réserves sont réalisées dans le sud du département. Dans le nord, 17 sites potentiels avaient été identifiés avant d’être retoqués par les services de l’État. Suite aux mobilisations récentes des agriculteurs, deux d’entre eux devraient finalement être autorisés et deux seraient potentiellement acceptables à condition d’aménagements.

Une autre piste à explorer est celle de la réinfiltration dans les nappes. Aujourd’hui il existe des bassins de rétention, par exemple le long du trajet du TGV, dont les sorties d’eau sont calibrées plus grosses que les entrées, donc l’eau ne reste pas dans ces bassins et ne s’infiltre pas. Avec l’OUGC et la chambre d’agriculture, nous souhaitons explorer les différentes solutions pour ralentir l’eau, améliorer sa réinfiltration et mieux remplir les nappes en intersaison. La question de la désimperméabilisation des parkings se pose aussi. Ces sujets vont notamment se discuter dans le cadre des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE). C’est pourquoi, il est important qu’une structure comme l’Adarii soit reconnue et représentée dans l’élaboration de ces projets. »

Propos recueillis par Sophie Sabot