« J’ai pu concrétiser mon installation sans prendre trop de risques »
Le 14 mai à Granges-les-Beaumont, a été inaugurée l’installation de Nicolas Faurie. Ce jeune maraîcher a pu s’installer grâce au dispositif Ceinture Verte.

Mettre à l’honneur l’installation en agriculture au travers d’inaugurations chez des jeunes récemment installés, c’est l’un des objectifs que se sont fixés la chambre d’agriculture et le syndicat Jeunes Agriculteurs en Drôme. Le 14 mai à Granges-les-Beaumont, c’était au tour de Nicolas Faurie, jeune maraîcher installé en janvier 2023. Il a présenté son parcours d’installation dans le cadre du dispositif Ceinture Verte* porté par Valence Romans Agglo et la chambre d’agriculture de la Drôme, auquel se sont associés l’association drômoise d’agroforesterie et les jardins de Cocagne pour créer en novembre 2020 une société coopérative d’intérêt collectif** (Scic). Quatre maraîchers sont ainsi installés sur ce site Ceinture Verte. Chacun dispose de deux hectares de terres, dont 1 500 m² sous tunnel (trois tunnels d’environ 500 m²), d’un système d’irrigation complet, d’un accès à des chambres froides et à un tunnel de stockage du matériel. Tous sont certifiés agriculture biologique.
Cotisation mensuelle
Pour Nicolas Faurie, rejoindre Ceinture Verte, « c’était la possibilité de s’installer sans trop s’endetter, de se faire la main en maraîchage sans prendre trop de risques ». Après son bac, il s’était d’abord orienté vers un DUT puis une licence pro dans le domaine du génie mécanique et de la productique. Après deux années en entreprise, il a jeté l’éponge. « Ça ne m’a pas plu », résume-t-il. Il se lance dans un BPREA en alternance chez deux maraîchers près de Chambéry puis entre en contact avec la chambre d’agriculture de la Drôme, département où il dispose d’attaches familiales.
C’est ainsi qu’il va pouvoir concrétiser son projet sur le site Ceinture Verte de Granges-les-Beaumont. Une aubaine puisque, moyennant une cotisation mensuelle de 300 euros en première année, 450 € en deuxième année, 600 € en troisième année puis 750 € à partir de la quatrième année [dont 150 € qui donnent accès à autant de parts sociales dans la SCIC, récupérables si le maraîcher cesse son activité], Nicolas Faurie va avoir accès à un outil de production opérationnel dès son installation.
40 000 euros pour démarrer
« J’ai investi au démarrage 40 000 € notamment pour les plants, une camionnette, du matériel pour le marché, un tracteur car la Ceinture Verte en mettait un à disposition mais à quatre c’est parfois compliqué », précise Nicolas Faurie. Quelques outils ont été dans un premier temps prêtés par Ceinture Verte. « Nous nous échangeons aussi du matériel entre nous mais nous envisageons la création d’une Cuma pour formaliser cette utilisation commune », indique le jeune exploitant. Il a aussi été accompagné par la chambre d’agriculture pour son parcours à l’installation et sa demande de dotation jeune agriculteur (DJA) dont, à l’heure de l’inauguration, il ne connaissait pas précisément le montant. Durant trois ans, il bénéficie également d’un accompagnement technique assuré par un maraîcher référent et par Dominique Berry, directeur technique régional Ceinture Verte.
Nicolas Faurie pratique un maraîchage diversifié, soit une quarantaine de productions différentes, pour proposer une gamme la plus large possible. En 2023, il a mis en culture 6 500 m². Son plan de culture est réalisé via le logiciel Qrop, logiciel libre de planification et de suivi des cultures en maraîchage conçu par un groupe de travail de l’Atelier paysan. Le jeune homme achète ses plants mais se questionne sur la possibilité de les produire lui même à l’avenir, ce qui nécessiterait d’augmenter suffisamment la production pour embaucher.
Pour l’instant, il dispose d’un débouché unique : le marché de Romans chaque dimanche matin. « Je travaille mes cultures en début de semaine, sauf le lundi qui est mon jour de repos, je récolte le samedi et fais le marché le dimanche. Je suis seul sur l’exploitation mais nous échangeons des services entre maraîchers de la ceinture verte », explique-t-il. Parmi ses projets : trouver rapidement un deuxième débouché pour ses produits car les ventes sont parfois en « dents de scie » sur le marché. Il a été contacté récemment par une Amap.
Bail de carrière
À terme, Nicolas Faurie s’interroge sur la possibilité d’installer un tunnel supplémentaire et de planter quelques haies sur les parcelles qu’il exploite. « La vraie décision sur l’avenir de mon exploitation sera à prendre en quatrième année, lorsqu’il me faudra dégager 9 000 € par an pour la cotisation annuelle Ceinture Verte. Il me faudra trouver mon rythme de croisière pour assumer cette charge », souligne-t-il. Il dispose sur les terrains d’un bail de carrière. « À tout moment, il peut sortir, avec un préavis de six mois », indique Anne-Solenne Henry, directrice développement de la Ceinture Verte en Auvergne-Rhône-Alpes.
Jean-Michel Cotte, pépiniériste à Peyrins, élu à la chambre d’agriculture de la Drôme et membre du conseil d’administration de la Scic Ceinture Verte de la Drôme, a salué le dispositif. « C’est un système vertueux, a-t-il déclaré. Aujourd’hui, un jeune qui veut s’installer a besoin de compétences mais aussi d’un réseau, d’un entourage, d’outils... » Exactement ce dont a pu disposer Nicolas Faurie pour concrétiser son installation.
Sophie Sabot
* La Ceinture Verte fournit des fermes maraîchères équipées et un appui technique à la production et à la vente en contrepartie d’une cotisation mensuelle. Les maraîchers restent indépendants tout en étant intégrés à l’actionnariat et à la gouvernance des sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) de leur territoire. Onze sites sont créés ou en cours de création en France.
** La Scic Ceinture verte de la Drôme est soutenue par le Crédit Agricole, la Caisse des dépôts, la Région Aura et le fonds européen Leader.
Nicolas Faurie (à droite) a présenté son parcours aux jeunes en BTS production horticole à la MFR d’Anneyron. ©SS_AD26