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Aviculture

Itavi : des outils pour mesurer les performances des élevages de volailles de chair

Lors de sa journée technique « volailles de chair » fin novembre à Upie dans la Drôme, l’Itavi1 a présenté plusieurs outils pour mesurer les performances des élevages de volailles de chair, comme le calcul automatisé des performances environnementales des exploitations (CAP’2ER® version aviculture) ou encore une base de données des coûts des bâtiments avicoles. 

Itavi : des outils pour mesurer les performances des élevages de volailles de chair
L’Itavi s’est engagé à remettre à jour une base de données des coûts des bâ­timents et des équipements des filières avicoles et cunicoles. © Apasec

Les bâtiments d’élevage sont pour les aviculteurs des leviers importants de compétitivité, mais aussi des investissements importants modulés par le respect des normes environnementales et de biosécurité, la volonté de répondre aux attentes sociétales et aux normes pour le bien-être animal. Alors que les coûts des matières premières connaissent de fortes hausses, il est de plus en plus compliqué d’analyser objectivement les critères de conséquentes modernisations engagées ces dernières années et de mesurer les incidences des choix des éleveurs sur les coûts. Aussi, le ministère de l’Agriculture a souhaité obtenir des données statistiques fiables sur les coûts des bâtiments avicoles afin de faciliter la mise en œuvre des programmes d’aides à la modernisation des exploitations comme le PCAE2. L’Itavi s’est engagé en 2020, avec l’appui des chambres d’agriculture, de professionnels du bâtiment et du cluster Ellinove, à remettre à jour une base de données des coûts des bâtiments et des équipements des filières avicoles et cunicoles. 

Une valeur médiane

La base de données a été construite sur deux matrices à partir de 1 100 devis de construction ou rénovation de 350 bâtiments d’une part, et d’autre part sur des données de prix unitaires de 750 références issues de consultations fournisseurs. La méthode utilisée a défini trois catégories de coûts : la coque avec ses équipements standards et optionnels ; les coûts supplémentaires comme les études, permis, terrassements… et enfin les coûts de références unitaires (matériaux, postes de construction équipements). L’équipe de l’Itavi a souhaité clarifier et apporter des précisions sur les équipements standards comme les coûts de l’abreuvement, alimentation, électricité, éclairage, de l’alimentation, de l’électricité chauffage-ventilation etc. Les résultats des calculs sont présentés avec un coût médian le plus fréquemment rencontré accompagné d’une fourchette de coûts minimum et maximum observés sur les devis. Ainsi, en 2021, pour la typologie des volailles de chair standards, le coût médian au m² du bâtiment (ventilation dynamique latérale - 1 500 m²) est établi à 237 €. En 2015, le prix minimum était de 158,60 € et au maximum de 308,70 €.

En 2021, les techniciens ont constaté une croissance des coûts sur les devis des bâtiments avicoles de l’ordre de 20 % comparés à 2020, liée à l’augmentation conjoncturelle des prix des matériaux.

Une précédente étude dans la Drôme

Le travail entrepris par l’Itavi avait été précédé par une étude de la chambre d’agriculture de la Drôme, en 2018-2019, qui voulait mieux comprendre les augmentations de prix des bâtiments volailles de chair entre 2014 et 2018. Une méthode a été mise au point afin de saisir de façon fiable les données de 18 devis étudiés. Il a été difficile de trouver un facteur déterminant à la hausse des coûts ; les bâtiments étaient plus grands, passés de 1300 à 1500  m² ; les coûts de conception ont augmenté et il y avait davantage d’équipements comme le pilotage de la ventilation. Le coût moyen calculé était alors de 233 euros/m². La chambre d’agriculture de la Drôme va continuer à travailler avec l’Itavi espérant que la base de données nationale puisse devenir un observatoire des coûts. En 2021, les techniciens ont constaté localement une croissance des coûts sur les devis de l’ordre de 20 % comparés à 2020, liée à l’augmentation conjoncturelle des prix des matériaux.

Coûts des bâtiments en volailles de chair standards

Louisette Gouverne

1 Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole.
2 PCAE : plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations.

Performances environnementales : adapter CAP’2ER® aux filières volailles

Le CAP’2ER® ou calcul automatisé des performances environnementales pour des exploitations responsables existe déjà pour les élevages bovins, caprins et ovins. L’Itavi avec les interprofessions, des chambres d’agriculture et une dizaine de groupements de producteurs ont commencé à adapter cette méthode, développée en Europe, pour les volailles. Elle doit être opérationnelle en mars 2024. L’objectif est de fournir un outil d’accès aisé synthétisant une vision globale des externalités environnementales négatives et des contributions positives à l’échelle de l’atelier ou de l’exploitation selon l’analyse de cycle de vie (ACV), et permettant d’orienter chaque éleveur vers un plan de progrès personnalisé. La collecte des données se fera selon deux niveaux. Le premier concerne un atelier avec la collecte d’une trentaine de données d’entrées qui nécessite une heure de travail, quant au second niveau valable pour l’exploitation, il représente 150 données pour près d’une journée de saisie. L’intérêt de la base de données grandira avec le nombre de contributeurs, permettant de positionner l’exploitation ou un groupe d’exploitations par rapport à d’autres références. CAP’2ER® fournira trois types d’indicateurs : les impacts environnementaux (émissions de GES, qualité de l’air, consommation d’énergies fossiles, qualité de l’eau), les contributions positives (maintien de la biodiversité, stockage de carbone, performance nourricière) et la durabilité (performances économiques et conditions de travail).
Objectifs globaux
La conception d’un tel outil vise à répondre aux attentes sociétales par rapport au bien-être animal, et aussi contribuer aux objectifs du Green Deal européen. L’utilisation de CAP’2ER® doit permettre de mettre en évidence le lien entre les pratiques d’élevage, les impacts environnementaux et les indicateurs économiques et sociaux. Elle affiche également des objectifs économiques comme la montée en gamme de produits avicoles français, la facilitation de l’attribution des aides publiques (nouvelle Pac), ou l’accessibilité plus aisée à terme d’une certification HVE (en évitant les doubles saisies) afin d’entrer sur le marché RHD. Quant à la méthode de bilan carbone propre à la volaille élaborée en parallèle de CAP’2ER®, elle doit permettre aux éleveurs de vendre des crédits carbones seuls ou de façon groupée.  
L. G.

BRS volailles : estimer les rejets d’élevage

Pour aider les éleveurs soumis à la réglementation IED (directive sur les émissions industrielles), qui doivent procéder à une estimation des rejets en nutriments de leur installation, l’Itavi propose un outil de calcul : le BRS volailles (bilan réel simplifié). Il permet de calculer les rejets azote (N) et phosphore (P) de chaque élevage en se basant sur ses propres performances zootechniques, afin de rendre compte des efforts réalisés en termes de nutrition et de productivité, ce que ne permettent pas les valeurs forfaitaires de rejets. La première version de 2017 vient d’être révisée d’un point de vue méthodologique. Ce BRS est validé par l’administration sauf pour les volailles sur parcours. Les travaux à venir en 2022 tiendront compte également de nouvelles références zootechniques (IC et durée d’élevage) et d’aliments (teneur en P) qui entraîneront des baisses mécaniques sur l’excrétion. La finalisation du BRS sous la forme d’une application web devrait être atteinte fin 2022 - début 2023. Pour tester le nouvel outil prendre contact avec : [email protected] ou  [email protected] 

Litières de choix contre pododermatites

Litières de choix contre pododermatites

Les pododermatites, indicateur de mal-être animal, sont très présentes en volaille de chair standard. Ces lésions peuvent induire un malus sur la rémunération des éleveurs. Pour lutter contre les pododermatites, on peut agir sur le chauffage, la ventilation, l’abreuvement et l’alimentation, mais surtout en apportant une litière de qualité, sèche, friable et homogène. Dans le cadre du projet Libecq Pepit (Région Aura), des essais ont été réalisés en comparant un lot d’un bâtiment avec litière « témoin » de paille broyée à un lot d’un bâtiment avec une litière « innovante ». Résultats : le miscanthus, le bouchon de paille et la balle de riz testés réduisent la gravité des pododermatites par rapport à la paille broyée. S’ils n’influencent pas les performances (poids, mortalité, GMQ), ils favorisent le bien-être global. Le bouchon de paille et la balle de riz améliorent les comportements d’exploration, le miscanthus et la balle de riz améliorent le confort au repos. Toutefois, ces litières innovantes sont plus chères à l’achat. Pour comparaison, voici le coût moyen (€/m²) : 0,26 paille broyée ; 0,45 à 0,90 pour le miscanthus ; 0,46 à 0,92  pour le bouchon de paille ; 0,48 à 0,88  pour la balle de riz. 
L. G.